LES MAZARINADES (Histoire de la littérature)
Publié le 24/11/2018
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«
commandait
Condé (printemps 1649).
Suit une période
de tractations, au terme de laquelle Mazarin fait arrêter
les princes (Condé, Conti et Longueville), dont les pré
tentions devenaient extrêmes.
S'engage alors une
seconde période de combats ( 165 1-1652), durant
laquelle Mazarin doit s'exiler tandis que Condé, libéré,
contrôle Bordeaux et Paris, mais est finalement défait
par l'armée royale, aux ordres de Turenne.
La floraison des pamphlets et libelles qui constituent
les mazarioades suit ces diverses phases.
Elle débute, à
proprement parler, en octobre 1648, quand Gondi engage
une guerre de pamphlets contre Mazarin.
Ses temps forts
coïncident avec les deux sièges de Paris.
Pour en situer
l'importance quantitative, un chiffre suffit : on a pu
recenser plus de six mille mazarinades pour ces quatre
années, soit une moyenne de cinq par jour avec des
pointes de plus de trente par jour.
Ces libelles offrent peu de ressemblance avec nos
tracts modernes.
Leur texte est, en règle générale, beau
coup plus long, certains libelles ont jusqu'à 16 pages.
Le
plus souvent, ils adoptent des formes proprement littérai
res et/ou oratoires : de nombreux poèmes, à côté de
harangues, discours.
lettres, remontrances ...
Très fré
quentes y sont les chansons, qui, par leur diffusion orale,
se prêtaient bien à l'effort pour atteindre le plus large
public dans une population en très grande majorité illet
trée.
Enfin il y figure nombre de périodiques : gazettes
et courriers, tous plus ou moins éphémères, que l'on
pourrait considérer comme les ancêtres de la presse
moderne d'opinion.
Les historiens et bibliographes ont
pris l'habitude de ranger aussi parmi les mazarinades
toutes sortes de factums qui n'appartiennent pas directe
ment à la littérature (extraits de délibérations de parle
ments, par ex.
1 : il est vrai que, par le seul fait de leur
publication, ces textes se trouvaient inclus dans le débat
général.
Ainsi.
une approche qualitative confirme les
données brutes de l'approche quantitative : il s'agit bien
d'une « explosion de polémique >>.
Elle atteignit souvent une extrême violence de ton.
Ainsi la Mazarinade présente Mazarin en des termes tels
que:
Ce faquin es.t gras comme suif;
Il n'est ni fourbu ni poussif,
Et, sur le point géné rat if,
Il aime le copu la tif ..
.
pour aboutir à un appel au meurtre, le ministre
représentant
( ...
) la ruine :lu royaume,
Si quelque rnaître Jean Guillaume
Ne nous en débarrasse à la fin.
Ce texte n'est pas le prototype du genre, mais, venant
assez tard lui donner son nom de baptême, il en résume
des traits essentiels quant à la thématique et à l'orienta
tion d'ensemble.
Deux nuanœs sïmposent cependant.
La première
concerne les thèmes développés dans ces libelles.
Malgré
le nom générique, malgré la tendance dominante, tous
ne sont pas hostiles à Mazarin : le ministre et la Cour
avaient leurs propres pamphlétaires affidés; de fait, cha
que parti ou faction avait les siens, et, dans l'écheveau
des alliances er revirements, on peut voir se dessiner de
nombreux changements de thèmes et de cibles.
La
seconde nuance concerne la forme de ces écrits : si la
polémique y e'it de règle, leur diversité fait que le ton
peut varier beaucoup, et l'on trouve autant d'exposés
sentencieux, savants, ampoulés que de textes allégre
ment satiriques, paillards ou gaiement orduriers.
Les mazarinades ne forment donc pas un genre au
sens rigoureusement formel du terme, mais un ensemble
hétérogène, dont l'unité repose sur trois traits : la dimen- sion
polémique, bien sûr.
mais aussi la visée populaire
et la liberté de parole.
Une littérature à visée populaire
Le caractère «populaire» d'une production textuelle
se définissant à partir de la combinaison de trois critères :
la situation sociale de 1 'auteur, les sujets traités, le public
visé, il apparaît que les mazarinades semblent plus popu
laires par leur fonctionnement et leurs intentions que par
leur nature et leur source.
Les auteurs de mazarinades ne semblent pas être à
proprement parler des représentants du peuple.
La pru
dence s'impose sur ce point : en effet, l'anonymat ou au
moins le recours au pseudonyme sont la règle en ce
domaine, et il est très difficile d'identifier les libellistes.
Très peu nombreux sont ceux qui ont publié leurs pam
phlets à visage découvert : seul, en fait, un Gondi pouvait
signer certaines de ses proclamations en forme de plai
doyers.
Parmi les autres figurent quelques écrivains célè
bres : Scarron, déjà mentionryé, Cyrano de Bergerac,
auteur d'un féroce Ministre d'Etat flambé (majs qui, par
la suite, se rallia à Mazarin), 1' historien Mézeray; ou
encore, à la solde des princes, Marigny er Dubosc
Montandré, qui fut sans doute le plus redouté des libellis
tes du moment: à la solde de la Cour, Naudé et Renaudot.
Peu de gens du peuple identifiables : le cas le plus
notable est celui de Charlotte Hénault, sœur d'un impri
meur.
Le plus souvent, on trouve force signatures telles
que : « Un bourgeois de Paris >> (ou de quelque autre
ville), « Un curé», ...
ou encore nombre de signatures
collectives, par exemple dans le Manifeste des Bordelais.
En revanche, le peuple est omniprésent dans les thè
mes développés, et les formes adoptées visent le plus
souvent à obtenir une audience populaire.
Tous les partis
se réclament de l'intérêt public et du désir de soulager
les petites gens.
11 est vrai que la Fronde eut pour cause
la plus immédiate un surcroît d'impôts, dû en partie aux
charges de la guerre que menait alors la France contre
l'Espagne et en partie à la gabegie financière qu'entrete
nait Mazarin.
Le soutien des masses populaires était,
d'autre part, indispensable aux manœuvres des factions;
il fut d'ailleurs question (sans que l'exécution suivît) de
réunir les états généraux.
Mais le peuple auquel s'adres
sent ou dont parlent la plupart des mazarinades est avant
tout le peuple des villes.
Les références fréquentes, dans
les titres ou les signatures, aux.
»
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