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LES IDÉES POLITIQUES DE BALZAC

Publié le 29/06/2011

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Balzac place sur le même plan de l'évolution historique « le Catholicisme et la Royauté, deux principes jumeaux «, dit-il dans l'Avant-Propos. Il était pour la Légitimité, c'est-à-dire pour l'absolutisme, et pas du tout pour une royauté constitutionnelle. Sa carrière d'homme et d'écrivain — 1830-1850 — s'écoula sous le règne de Louis- Philippe, et il ne cessa de mépriser la Monarchie de Juillet : « Si je ne puis vivre sous une monarchie absolue, je préfère la République à ces ignobles gouvernements bâtards sans action, sans bases, sans principes, qui déchaînent toutes les passions sans tirer parti d'aucune et rendent faute de pouvoir, une nation stationnaire «. Il voyait dans le roi, la permanence d'un pouvoir fort, énergique, moteur des progrès, arbitre des classes dans leurs intérêts divergents ou contraires, et seul capable de brider les exactions et les concussions, défenseur de la justice. « Qui dit pouvoir dit force «.

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« l'instauration d'une classe nouvelle, bouleversant les formes anciennes de vie, apportant les siennes dans tous lesdomaines ».

Ainsi parle Mme Marie Bor, dans Balzac contre Balzac (Les Cahiers de l'Eglantine).

Dans Le Père Goriot,nous entendons le violent réquisitoire du forçat Vautrin contre l'éthique sociale.

Il enseigne au jeune Eugène deRastignac « la révolte contre les conventions humaines ».

Pour réussir, il faut se mettre au-dessus des lois dont «pas un article n'arrive à l'absurde » ; il faut mépriser les hommes, se servir d'eux comme des moyens de parvenir.

Ilfaut « voir les mailles par où l'on peut passer à travers les réseaux du Code ».

Blondet dira de même : « Les lois sontles toiles d'araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites » (La MaisonNucingen).

Il s'agit des affairistes comme du Tillet et Finot, des banquiers comme Nucingen, des usuriers commeGobseck.

Toutes les convenances, toutes les règles s'anéantirent quand Rastignac eût compris la leçon de Vautrin :« Il vit le monde comme il est, les lois et la morale impuissantes chez les riches, et vit dans la fortune l'ultima ratiomundi ».

Il convertira l'amour en instrument de fortune.

Ses scrupules d'honneur et d'honnêteté ne tiendront pasdevant les miroitements de l'or et du luxe qu'elle procure.

Oui, « de l'or à tout prix ! » s'écrie Lucien de Rubempré.éduqué par Carlos Herrera, l'émule de Vautrin (Jacques Collin).

Les premiers tourments de sa consciences'évanouissent vite, comme ceux de Rastignac, devant le veau d'or, l'idole tentatrice qu'adorent éperdus tous lesambitieux, tous les jouisseurs (Illusions perdues).

Us sont légion dans La Comédie Humaine.

L'Argent étend sonsceptre sur une foule qui s'épuise dans la course à la fortune.

Que de drames de famille à cause des héritagescaptés, des héritières convoitées, des rivalités d'intérêts pécuniaires, des corruptions, concussions ! Il n'est pas unroman qui ne reflète, et dans tous les milieux, la passion vénale, la fureur de posséder au mépris du droit et de lavertu, pour jouir, jouir encore : « L'argent donne tout, même des filles », s'écrie le père Goriot dans son agonie.

Cedernier découvre que l'amour de ses deux filles n'a jamais eu d'autre mobile que le désir de s'approprier les millions deleur père : elles ont monnayé leur sentiment ; l'argent oppose Delphine à Anastasie comme deux hyènes.L'omnipotence de l'argent régit les passions ; elle pervertit les traditions d'honneur ; remplace la raison dans laSociété : « L'intelligence est le levier avec lequel on remue le monde.

Mais le point d'appui de l'intelligence estl'argent ».Si nous voulons être renseignés sur le rôle des banques et des usuriers sous la Restauration et le règne de Louis-Philippe, Eugénie Grandet, La Maison Nucingen, César Birotteau, nous montreront les collusions des Nucingen, desKeller, des du Tillet, avec la politique.

Gobseck et le père Grandet représentent la passion de l'or : elle obnubile lesens moral, éteint tous les grands sentiments.

Balzac y consacrera une comédie, Mercadet.

C'est, le nom du hérosprincipal, un coupe-bourse, autour duquel évolue toute une bande de fripons, d'aigrefins, escompteurs, joueurs,usuriers, naufrageurs de la société : c'est la basse finance.De ce qu'il ait tracé l'envers de la civilisation et de la politique, les excès ruineux pour les honnêtes gens auxquels selivrent de puissants banquiers, personnages d'importance, pirates favorisés souvent par la protection légale, peut-on conclure que Balzac soit un démolisseur de l'Ordre et de la Société ? Peintre des mœurs, historien de sagénération, il décrit toutes les formes d'abus.

Justicier, il les dénonce et les condamne.

Clinicien social, il leur opposedes remèdes.

Quel que fût, quel que soit le régime en cause, les loups-cerviers de la Finance ont les dents troplongues pour ne pas forcer leur gibier.

Le romancier n'a point tort de décrire leurs criminelles méthodes dedétroussement.

Il fait œuvre d'assainissement politique et social.

Qui n'accepterait d'être révolutionnaire à la façonde Balzac ? Dévoiler les abus, dans tous les domaines, c'est la première condition de les réformer.

La ploutocratieavait un insigne représentant en la personne de l'aventurier du Tillet.

C'est sa femme, Eugénie de Granville, fille d'unhaut magistrat et pair de France, que Balzac a chargé de caractériser les faits et gestes de son mari.

« Lesassassinats sur la grande route me semblent des actes de charité comparés à certaines combinaisons financières »(Une Fille d Eve).

Ce dernier était convaincu qu'un monarque absolu était seul capable de protéger le peuple,considéré comme une proie facile, une pâture abondante, par les profiteurs des deniers publics et privés.Telle est la conclusion de La Maison Nucingen.

Deux banqueroutes frauduleuses permettent au banquier Nucingen defonder une immense fortune.

Il ruine une foule de gens ayant amassé des économies par un dur travail.

Il accumuledes capitaux par des spéculations malhonnêtes, mais trouve le moyen de déjouer les lois* Aussi, Blondet dit qu'ilfaut en venir « au pouvoir absolu* le seul où les entreprises de l'Esprit contre la Loi puissent être réprimées.

Ouil'arbitraire sauve les peuples en venant au secours de la justice, car le droit de grâce n'a pas d'envers.

Le roi[constitutionnel] qui peut gracier le banqueroutier frauduleux ne rend rien à la victime dépouillée.

La légalité tue lasociété moderne ».

Et André Bellessort d'alléguer ici le dénouement de Tartuffe.

La légalité mettrait Orgon hors dechez lui.

Mais le monarque absolu, « d'un souverain pouvoir », brise le contrat qui dépouillait la victime, de tous sesbiens, en faveur de L'imposteur.

Il rend toute sa fortune à Orgon et fait emprisonner le traître.Balzac persévéra-t-il jusqu'au bout dans ses opinions monarchiques ? Alexandre Weill raconte dans ses Souvenirs,une conversation qui eut lieu à sa table, entre Balzac, Eugène Sue et Henri Heine, dans l'été de 1847.

« Ladiscussion est très vive ».

Balzac expose en termes énergiques aux convives, ses principes anti-républicains, anti-socialistes, anti-communistes.

N'empêche que le 20 avril 1848, il écrit aux Débats, une lettre qui sera sa professionde foi politique.

C'est une réponse aux clubs qui l'avaient sommé de venir s'expliquer.

« Depuis 1789 jusqu'en 1848,la France, ou Paris, si vous voulez, a changé tous les quinze ans la constitution de son gouvernement ; n'est-il pastemps, pour l'honneur de notre pays, de trouver, de fonder une forme, un empire, une domination durables, afin quenotre propriété, notre commerce, le crédit, la gloire, enfin toutes les fortunes de la France, ne soient pas misespériodiquement en question ?...

Que la nouvelle République soit puissante et sage, car il nous faut un gouvernementqui signe un bail plus long que quinze ou dix-huit ans, au seul gré du bailleur ! Voilà mon désir, et il équivaut à toutesles professions de foi ».Les élections ont lieu le 29 avril pour l'Assemblée constituante, Balzac n'obtient qu'une vingtaine de voix.

« Mesopinions sur le pouvoir, que je veux fort jusqu'à l'absolutisme, (souligné par nous) m'éloignait de toute chance pourl'Assemblée, écrivait-il à Mme Hanska, le 30 avril, et ma lettre devait me concilier peu de suffrages, par labourgeoisie inhabile qui court.

Ainsi je savais que je ne serais pas de l'Assemblée où ils ont mis un chansonnier,Béranger, et cinq ouvriers ! Non, c'est à pleurer ».

En somme, Balzac n'a pas varié dans ses opinions politiques.

Sonralliement à la forme républicaine du gouvernement n'était que provisoire: il eût été de l'opposition, en espérant des. »

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