« Les hommes ont été amenés [...] à émanciper partiellement les femmes : elles n'ont plus qu'à poursuivre leur ascension, et les succès qu'elles obtiennent les y encouragent ; il semble à peu près certain qu'elles accéderont d'ici un temps plus ou moins long à la parfaite égalité économique et sociale... » Explication et discussion.

« □ Elle réclame: mêmes privilèges, mêmes prérogatives, même autorité. □ Elle conduit sa voiture. □ Elle se défend de cet ancien « respect » à l'égard de l'homme, puisque ses soucis, son travail, ses luttes sont lesmêmes. □ Elle obtient même une certaine liberté en amour. Mais l'Homme résiste et tente de défendre ses privilèges (même : « Mouvement de Protection des Hommes » créécette année en opposition au M.L.F.). □ Il ne veut pas croire, souvent, que cette évolution est — selon l'expression de De Beauvoir « dans son propreintérêt ». □ Les uns veulent maintenir l'état de « maître/esclave » envers leurs épouses, compensation fréquente dans la vieprivée de déceptions professionnelles.

D'où : c'est beaucoup plus fréquent chez les petites gens. □ D'autres regrettent le mystère, la grâce, le « fugitif miracle » des « Femmes-objets » ou « Femmes-sylphides ».Cette « figure mythique » faisait partie d'un rêve bien masculin, qui élevait la Femme Idéale à l'état de Déesse, horsréel. Un tel état de fait a été, est trop souvent, entretenu par les femmes elles-mêmes, par veulerie, ou paresse, outradition (soigneusement cultivée par les familles, la civilisation judéo-chrétienne; et ne parlons pas de la civilisationmusulmane : une des plus dures pour les femmes !) ou par vanité, cupidité, joie aussi d'être ainsi déifiées. Dans les faits mêmes, 25 ans après le 2e Sexe, les gains sont encore minimes : □ salaires inégaux pour travail égal dans encore beaucoup d'entreprises, usines, bureaux. □ très peu de femmes dans la Haute Administration, les postes de direction, et surtout en politique, augouvernement... □ Certains métiers (pilote de ligne, par ex.) continuent à être exclusivement réservés aux hommes. Les statistiques indiquent pourtant : femmes = bien moins d'accidents d'auto, à chiffre égal, que les hommes... femmes = 4 à 15 fois moins dans les prisons... Surtout l'opinion publique n'est pas encore adaptée à l'égalité des sexes (malgré une grande rapidité d'évolutiondepuis 1968).

Elle conditionne dès la petite enfance chaque sexe dans une spécificité affirmée dans les moindresépisodes. Ce ne sont pas les pays socialistes qui soutiennent cette libération.

Bien au contraire ! Après les premièrestentatives égalitaires des débuts de la Révolution de 17, on est retombé dans les traditions les plus réactionnaires.De Beauvoir l'a constaté une fois de plus dans l'émission télévisée de 75 qu'elle a consacrée au problème de lafemme. Conclusion Contrairement à ce qu'affirment les détracteurs de cette libération, ce n'est pas l'égalité des femmes qui peut tuerl'amour ni même les rapports de couples. La Femme conserve sa grâce, sa tendresse, son élégance, son culte de la beauté. L'Homme est capable de s'adapter aux travaux ménagers et nécessités familiales et de les partager équitablement(fréquent chez les jeunes). Respect de chacun, équilibre des rapports seront possibles quand l'esprit de l'homme, de la femme, de leurentourage, seront débarrassés des terribles préjugés qui déforment et poussent vite aux disputes. — Conscients de l'égalité de talents et de moyens, Hommes et Femmes sont pourtant encore loin (en 1975) decette Egalité des sexes au niveau familial, social, général.. »