Les grands personnages de roman (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
Publié le 19/05/2016
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Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)
tour à tour reine de la cour des Miracles et de Versailles, passant d'une galère à un harem, d'un palais à une chocolaterie et, de gré ou de force, entre mille bras, fascine par son improbable capacité de résistance.
Elle est un avatar de toutes les grandes amoureuses des romans historiques et autres femmes fatales.
Il est des héroïnes moins flamboyantes, mais touchantes, lane Eyre (Charlotte Brontë, 1847), pas jolie et néanmoins charmante, conquiert le cœur du ténébreux M. Rochester. Le fantôme de Rébecca (Daphné Du Maurier, 1938) hante le château de Manderley, l'âme haineuse et jalouse de la gouvernante Mrs. Danvers et, croit l'humble héroïne, dont on ignore presque le nom, le cœur de Maxime de Winter.
Tout en demi-teintes, si convenable et tranquille en sa maturité,
Mrs. Dalloway (Virginia Woolf, 1925) redevient l'espace d'une soirée la Clarissa de sa jeunesse. Un vertige la saisit, l'aile de ia mort la frôle, puis elle réintègre le monde, son monde, et rejoue la comédie des apparences.
Eugénie Grandet (H de Balzac, 1834), victime de l'avarice de son père et de l'inconstance de son amant, ou le personnage anonyme de La Femme de trente ans (id„ 1830) qui se heurte à la réalité médiocre du mariage.
Les secondes, dont l'ancêtre secret pourrait être la Juliette de Sade, tout à son désir de pouvoir, trouvent leur plus belle incarnation chez Hester, l'héroïne scarifiée de La Lettre écarlate (1850) de Nathaniel Hawthorne : marquée au fer rouge pour adultère, poursuivie par la rancune de son mari et harcelée par toute une communauté, elle tente pourtant de vivre ses amours et finit par voir reconnaître sa liberté.
• Les hommes aussi se révoltent : on trouve chez Dostoïevski le superbe personnage de Raskolnikov, l'étudiant meurtrier de Crime et Châtiment (1866), qui comme Ivan dans Les Frères Karamazov (id„ 1879) est une figure nihiliste faisant l'expérience vertigineuse d'un monde où, «puisque Dieu est mort, tout est possible».
Mais ces révoltés absolus, disciples à leur façon de Don Juan, se montrent longtemps plus souvent sur les scènes de théâtre que dans les romans. C’est aussi qu'on ne les voit guère que de l'extérieur, et que dans leur vertige le lecteur de roman ne peut guère les suivre. Sauf à le faire, comme Mister Kurtz dans Au cœur des ténèbres (Joseph Conrad, 1902), par l'intermédiaire d'un narrateur. Meursault, L'Étranger (1942) impénétrable de Camus, est de tous ces révoltés celui qui nous est le plus proche, sans doute grâce à la focalisation interne dont use l'écrivain, son point de vue s'effaçant derrière la conscience de son personnage. Révolté sans espoir, Meursault est un héros de l'absurde, de ceux qui brisent les lois par indifférence plus que par révolte. Meursault, comme avant lui certains personnages flaubertiens, apparaît ainsi très proche de ce néant, celui de l'incroyance absolue ou de la médiocrité absolue, qui est depuis les origines l’horizon inévitable de tous les héros de roman. Puisqu'ils se définissent par leur doute, puisque leur vie, dans ses tiraillements et ses hésitations, ressemble si fort à la nôtre, les grands personnages romanesques ont une tendance profonde à se fondre dans l'indifférence, à se perdre dans la foule anonyme. Les grands personnages romanesques sont aussi Monsieur Tout-le-monde.
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