Les Grands Écrivains du XVIIIe siècle et l'Encyclopédie. Il semble que, dans l'armée encyclopédique, chacun des grands écrivains du siècle eut un rôle particulier, réservé à son genre ou à son talent. Pouvez-vous essayer une classification ?
Publié le 17/02/2012
Extrait du document
L’ « armée encyclopédique «, plus nombreuse que disciplinée, fut conduite à l'assaut des doctrines et des institutions du passé par des chefs qui ne s’entendirent pas toujours et ne marchèrent pas jusqu’au bout la main dans la main. Ils triomphèrent, néanmoins, grâce au fonds d’idées communes qu’ils défendaient ou préconisaient : restituer à l’humanité ses titres de gloire; grâce à l’entente tacite qui existait entre eux : guerre, tantôt sournoise, tantôt ouverte, aux traditions qu’ils disaient périmées; grâce au but qu’ils se proposent tous : dénoncer les abus, proposer des réformes. Et c’est ainsi que, par dessein prémédité ou par la force des choses, tout, au XVIIIe siècle, aboutit à l’Encyclopédie, et tout en dérive. C’est ainsi qu’elle enrôle, parfois malgré eux, un précurseur tel que Montesquieu, un Voltaire plutôt conservateur, un Rousseau très souvent adversaire déterminé, à côté des chefs avoués : d’Alembert et surtout Diderot....
«
l'Eloge de Montesquieu le montre comme un collaborateur de la premiere
heure.
Il compose les articles : Elegance, Eloquence, Esprit.
En 1756, it
ecrit : « J'envoie au bureau qui instruit le genre huniain les articles Gazette,
Genereux, Genre de style, Gens de Lettres, Gloire et Glorieux, Grandeur et
Grand, Goat, Grdce et Grave...
Je ne vous presente ces essais que comme
des materiaux que vous arrangerez a votre gre dans l'edifice immortel que
vous elevez...
Je vous donne mes cailloux pour fourrer dans quelque coin
du mur...
) En realite ce sont pierres solides et bien taillees.
Mais it ne collabora guere qu'avec d'Alembert.
Quand celui-ci se retira,
en 1758, it jura de ne plus fournir une seule ligne...
puis ne put s'empecher
de vider ses tiroirs.
Diderot recevait avec enthousiasme la prose du
4i maitre ).
u Si je veux de vos articles?...
Est-ce ne faudrait pas faire
le voyage de Geneve et aller vous les demander a genoux, si on ne pouvait
les obtenir qu'a ce prix?...
) S'il cesse d'envoyer de la copie, it s'interesse
toujours a l'entreprise.
En qualite de e Suisse ) it lit ce que l'on refuse
aux Parisiens.
Il s'etonne des interdictions officielles.
Quel mal peuvent
faire vingt in-folio qui cofitent cent ecus?...
ce sont les petits livres por-
tatifs a trente sous qui sont It craindre vante « ce célèbre depOt des
connaissances humaines ), cet « ouvrage admirable ofi l'on trouve tout ce que l'on cherche...
Voltaire ne serait plus Voltaire si, apres avoir lone, it ne griffait, it ne
donnait le coup de poignard dans le dos.
Sa correspondance est remplie
de recriminations, de critiques perfides.
« On se plaint de la longueur des
dissertations...
on vent de la methode, des verites, des definitions, des
exemples...
II y a de mauvais soldats dans Parolee d'un grand general...
La
rage du bel esprit est absolument incompatible avec un bon dictionnaire-
les exclamations a la Jean-Jacques sont d'un prodigieux ridicule...
Lais-
sera-t-on subsister cent articles qui ne sont que des declamations insipides?
Et n'etes-vous pas honteux de voir tant de fange It cote de votre or pur?...
Ce qui l'attache It l'Encyclopedie, c'est rhostilite fonciere contre tout
ce qui entrave le pouvoir de l'esprit : magistrats, pretres, hommes de fi-
nance; c'est sa rage d'opposition a tout ce qui est autorite et tradition;
c'est sa haine du catholicisme (ecrasons l'infAme!) poussee aux plus
extremes limites; c'est encore un rationalisme etroit, qui ne s'inquiete ni
de la metaphysique, ni des grands problemes moraux; c'est enfin sa
croyance au progres, sa foi en l'avenir de l'humanite, son zele pour les
reformes judiciaires, economiques et sociales.
Ce qui l'en eloigne, c'est le decousu du plan, consequence fatale de l'ordre
alphabetique, la disproportion des articles une demi-colonne pour
Athenes et, Itcote, presque une colonne sur la falcon d'accommoder les
Artichauts; six lignes sur les Alpes, et une colonne sur l'armand, bouillie
pour chevaux malades.
- C'est la mediocrite d'une foule d'articles bficles
par des plumitifs mal payes.
C'est peut-titre la circonspection excessive
des Encyclopedistes en matiere de religion.
« Ce qu'on m'a dit des articles
de theologie...
me serre le emir >>, ecrit-il It d'Alembert.
11 procedera d'autre
maniere dans son Dictionnaire Philosophique! C'est, au fond, le depit de
n'etre pas le vrai chef.
Mais consenti a travailler pendant vingt ans,
douze cents francs par an, pour enrichir les libraires?...
It**
Rousseau figure, lui, dans la liste des auteurs.
Il en fut, effectivement,
mais peu de temps.
Il accepta de traiter la partie musicale; it l'executa, dit-il, dans les trois mois qu'on lui avait donnes, mais « tres a la hate et
tres mal ».
Diderot aurait « oublie ) de le payer.
Ses articles musicaux
sont anterieurs a son premier Discours (1750); quand eclata ce petard,
d'Alembert tressauta.
Comment? le meme homme, en si peu de temps, etait
capable d'une telle volte-face? Et it le lui reprocha sur le ton d'un amical
etonnement.
L'article Geneve, compose par d'Alembert a l'instigation de
Voltaire, fut le pretexte de la rupture definitive.
La Lettre sur les Specta-
cles (1758), reponse a cet article, est aux antipodes de l'esprit encyclo-
pedique.
A dater de son manifeste contre les Arts et les Sciences, Rous-,
seau ne pouvait déjà plus se dire encyclopediste; neanmoins, meme dans
sa Lettre it ménage Diderot : J'avais un Aristarque severe et judicieux:
je ne Pat plus, je n'en veux plus; mais je le regretterai sans cesse...
» C'est
qu'il se sent tres loin et tres proche de ses anciens amis.
>/& \b ,
\b \b\b &\b\b
\b$ & \b 5 / & / / $ 4 C\ ( ' \b) \b M ! \b ! \b$$$( 1 \b \b & 1\b &\b \b )\b
& &)\b $ 3 \b\b& \b &
\b\b \b &\b$ ' - & )\b
\b$$$ \b
0&$$$ / C! \b ! )\b )\b$$$ +
\b) &\b & \b$$$
0 " L2L ! &\b)0 \b$$$ + * \b22 \b \b &7
4 ! ,2 & 0 \b ) " > \b \b &\b7$$$ (
0 " !4/& ! ! \b \b
\b &\b ! &\b 5 )\b &\b,\b \b *
! \b) ! && " \b \b
: G\b !F @I & 0 &0\b, ! \b \b \b !
&/ )\b &\b \b0 !
\b/ &\b)\b !\b ! &\b
\b\b \b $ 0 & ! & ! \b\b
& &\b&\b \b B 2 &\b
2 " > &\b \b # ! \b
0 ) \b \b \b
&\b 0 $ B %! \b ! ! \b F &\b & &/$ %! &2,\b \b& 0
4/& \b \b)$ ' % ! ! \b
)$$$ \b\b ?\b( \b2 " ! \b$ &\b\b ! \b
\b 6 4 = %! &
! ,\b & \b $ 82 " \b\b & )
" \b &\b &\b \b\b \b\b7$$$
H )\b \b$
& &$ & \b\b &\b ! 0
2 \b ! ' \b " F
\b ( $ 9\b \b ' ( &/\b$ 3 \b 0
\b\b " &\b\b 6 GC\.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Dans l'article "Philosophe" de l'Encyclopédie, DUMARSAIS propose cette définition: L'esprit philosophique est donc un esprit d'observation et de justesse, qui rapporte tout à ses véritables principes; mais ce n'est pas l'esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention et ses soins... C'est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile. Vous appliquerez cette définition aux grands philosophes du XVIIIe siècle.
- Par quelques exemples précis, vous montrerez comment de grands écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle ont enrichi la littérature, en mettant à la portée des « honnêtes gens » certaines connaissances réservées jusque-là aux érudits et aux savants telles que la théologie, la philosophie, l'histoire, les sciences de la nature, de l'éducation, etc...
- caprice (art) 1 PRÉSENTATION caprice (art), genre pictural qui a connu son apogée au 2 XVIIIe siècle.
- Bertolt Brecht par Vladimir Pozner A la fin du siècle dernier, quelques hommes sont nés que leur talent, leur date de naissance et l'histoire de leurs contemporains plus que leur propre biographie devaient ranger parmi les meilleurs écrivains de notre siècle.
- Un critique contemporain, M. André Thérive, écrit : « La littérature dans son ensemble sert à faire mieux connaître l'homme. Au temps des classiques, la vérité générale, l'homme abstrait, suffisait encore. L'homme concret est une conquête de l'époque moderne ». Vous montrerez comment cette « conquête » a été préparée par les écrivains du XVIIIe siècle. ?