« 2 – T R A V A I L D E L A F O R M E E T E M O T I O N On a vu que le poème pouvait être conçu (au sens étymologie) comme un objet fabriqué, destiné donc à plaire à son lecteur.

En effet le travail de la forme, caractéristique de la poésie, suscite en nous des émotions.

D’abord, la mise en page du poème bref au mieux de sa page capte notre attention et nous isole de notre environnement ; c’est par exemple le cas du sonnet ou, plus encore des Calligrammes (1918) de Guillaume Apollinaire qui donnent au poème une forme figurative (c œur, couronne et miroir). Le poème est aussi « avant tout, écrit Verlaine, musique ; les sonorités (allitérations, assonances, rimes) et les rythmes (la métriques et la syntaxe) contribuent à rapprocher la poésie de la musique.

Le poète, comme Orphée s’accompagnant de sa lyre, est aussi un musicien. Le poèmes peut aussi nous émouvoir grâce à ses images.

Etonnantes chez les poètes surréalistes, elles sont plus simples mais tout aussi émouvantes dans la poésie traditionnelle.

Le célèbre sonnet XXXI Heureux qui comme Ulysse des Regrets de Joachim du Bellay (1558) en est un bel exemple : « Quand reverrai-je hélas de mon petit village Fumer la cheminée ? Et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison Qui un province et beaucoup davantage ? » L’élargissement du dernier vers contraste avec rétrécissement qui précède : le village n’a qu’une cheminé, le manoir n’est qu’une pauvre maison.

Le vocabulaire est plus affectif que descriptif afin de mieux exprimer la nostalgie du pays natal, la région d’Angers C - P O E S I E E T S E N T I M E N T S Amoureux ou inconsolable, Orphée inaugure, avec sa lyre, la poésie lyrique : les vers sont destinés à exprimer, mieux que ne peux le faire notre langage ordinaire, les sentiments et les émotions.

Avec ses mots, le poète nous fait partagé ce qu’il ressent et nous pouvons reconnaître en lui.

Les poèmes d’amour d’Eluard ou Aragon (les Yeux d’Elsa, 1942° sont aussi les héritiers de cette tradition lyrique. D - P O E S I E E T C O N N A I S S A N C E Si Orphée incarne la poésie lyrique, il représente aussi, comme nous l’avions vu plus haut, le pouvoir du poètes et l’expression de la vérité.

Le poète est un artiste inspiré, qu’il se tourne vers les Muses ou vers Dieu.

Ainsi Victor Hugo, le chef de file du romantisme, le définit comme un prophète chargé de comprendre la parole de Dieu (« Dieu parle à voir basse à son âme ») et de guider l’humanité (« Peuple ! Ecoutez le poète »).

La perspective chrétienne en moins, Baudelaire s’inscrit dans cette tradition du poète supérieur en quêtes d’un sens et d’un idéal. Dans son célèbre sonnet des Correspondances, il compare le monde à « une foret de symbole » que le poète doit déchiffrer.

Etre supérieur comparé un à albatros (« le poète est semblable au prince des nuées » dans L’Albatros [sortie au bac blanc de 2011]) le poète aspire à l’idéel.

Mais comme pour Orphée qui perd Eurydice, cette quête d’absolu est vouée à l’échec et le poète reste prisonnier du Spleen, cet ennui profond qui l’étouffe comme un « cachot humide ».. »