Les Femmes Savantes de Molière (Dossier)
Publié le 08/05/2011
Extrait du document
1 Distribution et mise en scène des Femmes savantes en 1672
Nous la connaissons par le Mémoire de plusieurs décorations qui servent aux pièces contenues en ce présent livre laissé par Mahelot, le « machiniste « de la troupe de Molière : • Le décor : «Pour Trissotin ou Les Femmes savantes, le théâtre est une, chambre «. On sait qu'au XVIIe siècle, sauf dans les palais princiers, il n'y avait pas de pièces de réception au rez-de-chaussée; la maîtresse de maison recevait dans sa chambre, au premier étage. • Les accessoires : « Il faut deux livres, quatre chaises, et du papier «. Les deux livres sont pour Trissotin et Vadius (III, 3); les quatre chaises pour Trissotin et ses auditrices (III, 2), Henriette restant alors debout; le papier pour Ariste (V, 4). • Les costumes : L'inventaire fait après la mort de Molière décrit l'habit qu'il portait dans le rôle de Chrysale « à la représentation des Femmes savantes, composé de juste-au-corps et haut-de-chausses de velours noir et ramage à fond aurore, la veste de gaze violette et or, garnie de boutons, un cordon d'or, jarretières, aiguillettes et gants. «
«
rappelle, il ressuscite Gorgibus et si Arnolphe avait fini par épouser Agnès, soyons assurés qu'il eût tenu, devant safemme et ses nombreux enfants, le même discours que tient Chrysale.
»A.
ADAM, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, 1952.• Ariste« Dans la série des sages de Molière, comme le Cléante du Tartuffe ou le Béralde du Malade imaginaire, Ariste a unephysionomie bien distincte.
Il est assez rarement « raisonneur » : presque tout son rôle est en action; sadestination est d'être pour Chrysale comme un réservoir d'énergie, de soutenir ainsi pendant trois actes l'actiondramatique et d'assurer à la fin un heureux dénouement par son stratagème.
»GUSTAVE REYNIER, Les Femmes savantes, 1937.• Philaminte« Il faut reconnaître en elle de l'intelligence, un généreux désir de s'élever au-dessus de l'existence banalegénéralement imposée aux personnes de son sexe, une confiance absolue dans la vertu des sciences qu'elles'efforce d'atteindre...
Mais Molière l'a chargée de ridicules assez forts, il l'a montrée en extase devant Trissotin,exaltant ses vers, résolue à le prendre pour gendre, révélant ainsi une absence totale de jugement et de goût.
»GUSTAVE REYNIER, op.
cit.• Bélise« Ce rôle m'a toujours paru, dans les bonnes pièces de Molière, le seul qui soit réellement ce qu'on appelle chargé.
»BussY-RABUTIN, Correspondance (1673).• Martine« La Martine des Femmes savantes n'est plus qu'une pauvre fille qui n'est sans doute pas sotte, qui est dévouée,qui fait fort bien son métier de servante, mais que les exigences grammaticales et linguistiques de Philaminte ontréduite à l'ahurissement et à la stupidité.
»DANIEL MORNET, Molière, 1943.• Clitandre« Ce jeune homme de vingt ans est un bavard.
Il a toujours à la bouche le mot de sincérité.
Il met la main sur lecoeur, il se frappe la poitrine, il étale les preuves de sa vertu.
Il n'est jamais las d'affirmer que ses intentions sontpures.
Il a toujours vingt raisons à donner.
»A.
ADAM, op.
Cit.• Henriette[Elle est] « redoutablement spirituelle [...] Dans certains propos qu'elletient à Trissotin, elle est peuple avec de l'esprit et de l'élégance bourgeoise [...] C'est la fille de Molière, encore plus que celle de Chrysale.
»ÉMILE FAGUET, En lisant Molière, 1914.• Armande« Cette refoulée, comme disent les freudiens, n'a vécu, sans le vouloir, que dans l'attente angoissée de l'amour.
»ÉMILE FABRE, Notre Molière, 1951.
5 La portée de la pièce
« Molière, ce législateur dans la morale et dans les bienséances du monde, n'a pas assurément prétendu, enattaquant les femmes savantes, se moquer de la science et de l'esprit.
Il n'en a joué que l'abus et l'affectation.
»VOLTAIRE, Dédicace d'Alzire à Mme du Châtelet, 1736.« Quelle clarté une telle oeuvre peut-elle apporter sur la pensée de Molière? et faut-il croire qu'il a confié àChrysale, à Clitandre, à Henriette, la mission de nous instruire? Ce qui plutôt trahit le fond de sa pensée, c'est lerôle d'Armande.
On devine l'exaspération de Molière, l'antipathie instinctive, l'horreur.
Ce faux idéalisme n'est à sesyeux que mensonge [...].
Il n'est de santé et de vérité que dans l'obéissance aux lois de la nature.
A cette maximese ramène toute la pensée de Molière quand il écrit Les Femmes savantes.
»A.
ADAM, Histoire de la littérature française au xvile siècle, t.
III, 1952.
MOLIÈRE : Les Femmes savantes (Dossier pédagogique)
1.
L'auteur et l'oeuvre dans leurs contextes
1.
Les Femmes savantes dans l'oeuvre de MolièreLes Femmes savantes figurent parmi les dernières pièces de Molière.
Terminée à la fin de 1670, l'oeuvre ne serareprésentée qu'en 1672, avant que la mort ne vienne interrompre la carrière de l'auteur en 1673 avec Le Maladeimaginaire.
Pièce de la maturité, pièce longuement méditée, Les Femmes savantes donnent une impressiond'achèvement, de perfection formelle que ne confèrent pas toujours les autres oeuvres, fruits du travail plus rapided'un homme pressé par le temps et obligé de proposer le résultat d'un premier jet de la plume.
Ce caractère élaboréfait des Femmes savantes une pièce très lisible en ce sens que la primauté accordée au texte par rapport à la mise.
»
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