Les fausses confidences, acte II, scène 13, Marivaux
Publié le 08/02/2012
Extrait du document

Introduction
En 1737, Marivaux fait représenter pour la première fois une comédie intitulée Les Fausses Confidences. Le titre est programmatique : après un ballet tourbillonnant de faux-semblants et de fausses déclarations, les personnages de cette pièce finissent par s’avouer leur amour et acceptent de s'engager dans les noeuds du mariage. Dans la scène 13 de l’acte II, Araminte met à l'épreuve son jeune intendant, dont elle sait qu’il l’aime, mais qui ne lui a rien révélé sur les conseils de Dubois en lui faisant rédiger une fausse lettre d'amour au comte, également épris d’elle. L’écriture de la lettre est donc au cœur de ce dialogue qui multiplie fausses confidences et déceptions. Cet accessoire permet ainsi la mise en place d’un dispositif efficace, qui joue des illusions pour qu’éclate mieux la vérité. Tout d'abord il conviendra de montrer comment Marivaux dote, en dramaturge habile, la lettre d'un rôle dramatique important, pour ensuite s'interroger sur la portée comique de la scène : derrière le masque des postures et des poses, n'est-ce pas la vérité du cœur qui cherche à éclater ?

«
Je suis perdu ») tandis qu'Araminte qui les attend - ne les attend ne les entend pas et se trouve
condamnée à susciter de manière pressante l'aveu sans l'obtenir.
Les impératifs (« Hâtez-
vous») ainsi que la modalité interrogative (« Qu'est-ce que cela signifie ? »), soulignent
l'impatience et l'impuissance d'Araminte.
Doté d’une place de choix, le spectateur jouit de sa
supériorité.
C.
Un dispositif spectaculaire
Enfin ,le dispositif de la lettre est spectaculaire.
La scène repose en son centre sur des
dires, retenus de surcroît, non sur des gestes.
Le silence pourrait menacer d’envahir l'espace
scénique.
Or Marivaux parvient parfaitement à conjurer ce jeu par le jeu de la lettre.
Cette
dernière permet d'exprimer les sentiments des personnages.
Ainsi, le corps de Dorante le
trahit : le « tremblement » de sa main signifie son dépit, son écriture exprime son trouble.
De
même Araminte, en multipliant questions et ordres à propos de détails matériels (« Vous
n'allez pas à la table ? » ; « En voilà devant vous ») ne fait que manifester l'impatience de son
coeur.
Le dispositif de la lettre permet donc à des sentiments qui veulent encore rester cachés de se
dévoiler.
III) Une scène de comédie ?
L’inscription générique des Fausses Confidences ne fait aucun doute : Marivaux a
entrepris de rédiger une comédie pour divertir le spectateur : cependant, il faut s'interroger
ce rire afin de mettre en évidence que Marivaux invite plus profondément à une réflexion
profonde sur le masque social et son contraire, la sincérité.
A.
Une scène comique
Aucun doute : la scène prête à rire.
Tout d’abord, le dramaturge a choisi de faire
s'affronter un couple socialement déséquilibré, schéma topique des comédies classiques.
Traditionnellement en conflit, le maître et le serviteur s'affrontent ici aussi.
Les rapports
entre Dorante et Araminte sont hiérarchiques et conflictuels.
Araminte est la maîtresse de
maison, qui garantit à Dorante un emploi (« Je vous garantis que vous resterez ici ») et a
tout le temps l'initiative de l'action : les verbes de volonté (« Je suis déterminé ») ainsi que
les impératifs montrent le caractère autoritaire d’ Araminte.
A Dorante le rôle de
l'employé docile et soumis.
Si les répliques d’ Araminte sont longues et développées, celles de
Dorante sont brèves, composées souvent de monosyllabes (« Oui » ) et de marques de
déférence (« Madame ») ; il ne peut agir et se contente de répondre aux sollicitations de
Madame (« Vous trouvez-vous mal ? / Je ne me trouve pas bien, Madame »).
Ce dialogue
conventionnel et poli, que le spectateur sait faussé, prête à s ouri re.
Le comique naît
aussi de la situation.
En effet , les apart és sont nombreux et exhibent une discordance
entre parole et c œur.
Araminte affiche une indifférence (« Qu'importe ») et une
détermination extérieures sans faille, marquée par la gradation de « Je suis déterminée » à
« tout à fait résolue » tandis que son c œur bout d’impatience (« Est-ce qu’il ne parlera
pas? »).
De m êm e, Dorant e t ent e de m aî tris er s on dépit en répondant aux injonctions
de sa maîtresse par des brefs acquiescements (« Il est vrai ») tandis que son c œur
n'aspire qu’à laisser éclater sa colère contre Dubois.
La ponctuation expressive vient la
souligner dans les apartés (« Ah ! Dubois m'a trompé ! »).
Le spectateur rit donc du
décalage entre dires et pensées. Enfin, le comique naît des mots.
En effet, le dispositif de l a
l ett re perm et à M arivaux de j ouer s ur des ambiguïtés sémantiques.
L’ambiguïté.
»
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