Les « essais » de Montaigne - I,31 et III, 6: Des Cannibales - Des Coches.
Publié le 17/01/2022
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Le titre de l'oeuvre met en avant une pluralité de textes, marqués généralement par la forme brève,reflétant, à travers le vécu de l'individu nommé Michel de Montaigne, le caractère imprévu, inconstant etouvert de la vie humaine : «Si mon âme pouvait prendre pied, je ne m'essaierais pas, je me résoudrais ;elle est toujours en apprentissage et en épreuve » (III, 2).
Mais, d'un autre côté, un titre suffisammentabstrait et général rassemble tous ces textes en traduisant un projet unique : « c'est moi que je peins »,ou encore « je suis moi-même la matière de mon livre » (« Au lecteur »).
D'où trois sens du mot « essai »qui peuvent être dégagés : expérience informant authentiquement l'auteur sur lui-même et le monde ;série d'efforts pour parvenir à diriger sa vie ; tentative de dire le vrai par l'écriture.
I - L'« ESSAI » COMME EXPÉRIENCE RÉVÉLATRICE L'expérience personnelle
L'essai prend en effet appui sur l'expérience personnelle et intime (« soulèvement d'estomac », III, p.
156) ;expérience qui permet à Montaigne de démentir une remarque d'un auteur ancien (Plutarque), lequel liait la nausée àla crainte, sous prétexte que « la crainte peut produire un tel effet ».
Le jugement personnel
Montaigne s'oppose, en outre, aux savants et « cosmographes » qu'il soupçonne de manquer d'objectivité ; sesrenseignements sur le Nouveau Monde lui viennent d'un homme qu'il connaît personnellement (I, p.
300).
Cetteproximité, jointe à la naïveté de cet homme, lui permet de fonder la source de ses informations (I, p.
303).
Montaigne et Socrate
Une autre expérience, vécue par Montaigne, face au danger cette fois, le rapproche du philosophe grec Socrate,figure du sage à la Renaissance, qui fuit avec « braverie » ses adversaires (III, p.
157).
Montaigne, dans cet « essai» de la peur, ne s'oppose plus aux Anciens ni aux savants, mais à l'opinion, aux préjugés.
II - L'« ESSAI » COMME RECHERCHE DE LA SAGESSE Le stoïcisme
Par sa volonté de gouverner sa vie, Montaigne se rapprochè de cette école philosophique : contre ses nausées, ilévite les recommandations des médecins, « ayant accoutumé de lutter [contre] les défauts qui sont en moi, dit-il,et les dompter par moi-même » (III, p.
159).
L'épicurisme
Pourtant, la sagesse ne consiste pas à se fermer au monde ; au contraire, il s'agit de suivre au plus près la nature :d'où la fascination de Montaigne pour le Nouveau Monde (III, p.
169) et pour la recherche naturelle du bien et de lavertu dont font preuve les sauvages (I, p.
305).
Le scepticisme
Montaigne jette sur l'homme un regard critique et sceptique ; on l'a vu récuser le discours des Anciens, celui dessavants, la coutume ; comme rien n'est stable — ni le monde ni l'homme — il s'agit de s'essayer à cette constantemobilité et d'y établir le plus de conscience possible sans prétendre arriver à une ferme connaissance.
Montaigne a donc fait l'essai de plusieurs vérités philosophiques mais sans les faire totalement siennes, sinon commeun moment ou une composante de sa propre recherche.
III - LA TENTATIVE DE NOMMER CETTE RÉVÉLATION ET CETTE RECHERCHE
L'inauthenticité de l'écriture
Ceux qui se mêlent d'écrire ne rendent pas vraiment compte de leur expérience mais veulent briller : « ils ne sepeuvent garder d'altérer un peu l'Histoire » (I, p.
303 ; voir aussi III, p.
156).
Mettre à l'épreuve nos connaissances
Devant l'horreur du cannibalisme des Indiens, Montaigne, pour tenter de relativiser ce phénomène, pourra rappelerque la philosophie, la science médicale et l'histoire (I, p.
309) nous ont déjà appris à l'envisager.
L'homme occidental en question
Pour dépasser les présomptions de l'écriture et le cadre étroit de la coutume et des moeurs, c'est finalementl'homme occidental qu'il faut constituer en objet d'étude ; il s'agit de renverser sa prééminence et de dénoncer sabarbarie lorsque, sous couvert de religion, il torture « un corps encore plein de sentiment, le [fait] rôtir par le menu(...) comme nous l'avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entredes voisins et concitoyens » (I, p.
308).
Essais donc, au sens où l'expérience personnelle fonde le jugement moral ; où la recherche de la vérité a été.
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