Les épidémies dans la littérature
Publié le 10/06/2012
Extrait du document
Defoe, au même titre que Poe et Camus, raconte en détail la fermeture des maisons où des contaminés devaient rester jusqu’à nouvel ordre, les tentatives de fuites des membres de la famille non infectés, les précautions de tous les jours au marché, l’évitement des autres le plus possible. Malgré ces mesures de précaution, l’épidémie sévit de façon implacable et semble, dès lors, inévitable. L’auteur souligne également que l’impréparation du peuple et des autorités quant aux comportements à adopter et aux mesures à prendre en cas d’épidémie a certainement été la cause de nombreux décès qu’il aurait été possible d’éviter. En outre, selon Defoe, les écrits d’historiens ou de style documentaire sont très utiles et riches d’enseignements pour repérer, par exemple, les éléments constants dans le déroulement d’une épidémie.
«
peste ravage cette province mystérieuse et pleine de souillures.
En réalité, la peste n'est une fatalité pour ramenerà l'ordre ce peuple qui a choisi, sous l'égide de son chef, à mener une vie s'inscrivant aux antipodes desenseignements religieux.
C'est un peuple qui privilégie les plaisirs terrestres tout en foulant aux pieds lesrecommandations de Dieu telles que la chasteté, la pudeur, la dévotion.
D'ailleurs, c'est pourquoi, le malheur n'aépargné personne.
Le peuple n'étant pas le principal fautif, est châtié au même titre que son chef car la faute,quelle qu'elle soit, est puni collectivement : « On reconnut alors la présence de la Mort Rouge.
Elle était venuecomme un voleur de nuit.
Et tous les convives tombèrent un à un dans les salles de l'orgie inondées d'une roséesanglante, et chacun mourut dans la posture désespérée de sa chute.
» (p.
21)Par ailleurs, Camus dans La Peste, bien que sceptique, semble avoir la même vision que Defoe et Poe sur ladimension providentielle de l'épidémie de Peste.
Devant l'impuissance de la science et de la volonté des hommes quise sont unis contre la peste, le jeune Othan mourut.
Face à cette mort tragique, même le religieux Paneloux restehagard et sans justification.
En effet, si la peste est une sanction divine, pourquoi avoir frappé un vulnérable petitenfant qui « lui au moins était innocent » (p.
198) Cependant, l'incohérence de la cause divine finit par avoir raisonsur les derniers espoirs des hommes, qui n'ayant pu trouver une justification à leur condition, s'en remettent à unDieu qui récompenserait les âmes pures, et ne punirait que les pêcheurs.
La souffrance est omniprésente dans laPeste.
Elle occupe une place prépondérante dans l'existence humaine car chaque vie est ponctuée par desvicissitudes couronnées surtout par la mort.
En outre, Camus s'attache moins à montrer la peste comme punitiondivine.
Il entend dévoiler la dimension fatale de la mort.
En effet, si l'on déchire le voile de l'allégorie dans le romande Camus, il s'affiche sans ambages que l'épidémie est synonyme de fatalité qui pèse sur l'individu.
D'ailleurs, c'estce que traduisent les propos du veilleur de nuit dans son entretien avec Tarrou : « cette cochonnerie de maladie !même ceux qui ne l'ont pas la porte au cœur.
» (p.
109)En somme, tandis que Camus est sceptique, Defoe et Poe, dans leurs textes semblent accorder à l'épidémie depeste une dimension providentielle.
Une société qui refuse de se soumettre aux recommandations de Dieu mérite unepunition sévère.
Un châtiment dont la portée est de purifier l'homme et le projeter dans un avenir dépourvu desouillures.
Cette idéologie est fortement présente dans le texte de Poe et surtout dans celui de Defoe.
Cependant,le texte de Camus met surtout l'accent sur la fatalité qui gangrène l'humanité.
Associée à une pure malédiction,l'épidémie de peste est perçue comme un malheur inévitable.2°) L'idée du caractère inévitable de l'épidémieL'idée du caractère inévitable de l'épidémie se retrouve dans plusieurs textes qui traitent de l'épidémie.
Camusmontre ce phénomène dans la Peste.
Son récit se situe en Algérie une ville nommée Oran ravagée par la peste.
Lapeur est omniprésente dans le roman de Camus.
Pour la population, le mot Peste est synonyme de mort et produitune terreur difficilement maîtrisable.
D'ailleurs, c'est pourquoi le docteur Rieux se détourne catégoriquement de lasainteté et de l'héroïsme pour lutter contre le Mal de la création et contre la mort en la retardant le plus possiblepuisqu'elle est inévitable : « puisque l'ordre du monde est réglé par la mort, peut être vaut il pour Dieu qu'on ne croitpas en lui et qu'on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers le ciel où il se tait ».Camus montre l'inévitabilité de la maladie à travers l'enfermement de toute une ville pour empêcher la propagationde l'épidémie : si on se trouve au mauvais moment au mauvais endroit, uniquement la chance peut nous sauver.La nouvelle d'Edgar Allan Poe est peut-être l'exemple le plus parlant en ce qui concerne le caractère absurde de lapeste qui atteste de sa dimension inévitable.
Une épidémie de peste ravage une province mystérieuse.
La peste-avec des symptômes rares- laisse présager l'inertie de l'homme face à un malheur incompréhensible.
D'ailleurs,l'incipit de la nouvelle dévoile l'absurdité de cette maladie dont les contrecoups- transcendant largementl'imagination de l'homme- relèvent d'une destinée inévitable : « La Mort Rouge avait pendant longtemps dépeuplé lacontrée.
Jamais peste ne fut si fatale, si horrible.
Son avatar, c'était le sang, – la rougeur et la hideur du sang.C'étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution del'être.»Le prince Prospero vit heureux et ne se préoccupe que da sa vie hédoniste.
Pour être sûr de ne pas être frappé parla peste, il s'enferme dans son château avec un millier de personnes et continue de mener une vie de fêtes et deplaisirs.
Malgré toutes les précautions qu'il a prises pour n'avoir aucun lien avec l'extérieur où sévit l'épidémie, laMort Rouge apparaît pendant une fête dans la forme d'un masque : « le masque qui cachait le visage représentait sibien la physionomie d'un cadavre raidi » (p.
18).Le prince Prospero n'apprécie pas du tout la plaisanterie et ordonne de capturer celui qui a osé se déguiser ainsimais « par suite d'une certaine terreur indéfinissable que l'audace insensée du masque avait inspirée à toute lasociété, il ne se trouva personne pour lui mettre la main dessus ; si bien que, ne trouvant aucun obstacle, il passa àdeux pas de la personne du prince » (p.
20).
Quelques secondes plus tard, le prince Prospero tombe mort poignardé.La foule tente alors de saisir l'inconnu mais « sous le linceul et le masque cadavéreux … ne logeait aucune formepalpable » (p.
21) Poe s'escrime à démontrer qu'en temps d'épidémie les risques de transmission sont fortes.
Eneffet le prince, malgré les mesures entreprises afin de « jeter le défi à la contagion » finit par en être victime.
Poe etCamus semblent s'accorder sur l'idée selon laquelle que l'enfermement n'est pas la solution pour enrayer uneépidémie dont la contagion se passe d'une façon extrêmement rapide.Par ailleurs, selon Defoe, en temps d'épidémie tout évènement fait l'objet d'interprétations.
Quand une circonstanced'une telle ampleur se produit, la position des étoiles, l'apparition de fantômes, la forme des nuages sont soumises àdes explications absurdes et surnaturelles.
Les gens étaient vraiment dominés par les hallucinations.
Comme ils étaient hantés par l'idée d'une afflictionprochaine, toutes leurs prédictions roulaient sur une peste épouvantable qui ravagerait la cité entière, voire leroyaume, et qui détruirait presque totalement le pays, hommes et bêtes » (Defoe, p.61).
Defoe, au même titre que Poe et Camus, raconte en détail la fermeture des maisons où des contaminés devaientrester jusqu'à nouvel ordre, les tentatives de fuites des membres de la famille non infectés, les précautions de tousles jours au marché, l'évitement des autres le plus possible.
Malgré ces mesures de précaution, l'épidémie sévit de.
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