Les droits des animaux et la mise en accusation des hommes

« porte vers une conception animiste 1 du monde : tout ·ce qui existe possède une parcelle (plus ou moins grande) ·ét•esprit.

Le Discours à Madame de La Sablière (fin du Livre IX) s'oppose vigoureusement à la thèse développée par Descartes des " animaux-machines2 "• selon laquelle ceux-ci ne .seraient qu'un assemblage de rouages.

La Fontaine les dote d'une " âme ..

, certes " imparfaite et grossière "• mais d'une âme tout de même, qui les fait participer à la vie uniyerselle.

Le fabuliste leur accorde en· conséquence une sensibili té et une certaine forme d'intelligence.

S'ils n'en possédaient pas, comment compr endre en effet leurs cris de souffrance ou de joie, leurs capa­ cités d'adaptation ou leurs ruses pour se défendre ? Comme les humains, les animaux font partie du Vivant et, à ce titre •.

ils ont droit au respect et à des égards.

L'homme devrait d'au­ tant plus les considérer qu'il est lui-même un " animal ..

(VI, 20).

jus tification morale L es droits des animaux trouvent par ailleurs leur fondement dans l' observation comparée des bêtes et des homme s.

Ces derniers n'appar aissent pas toujour s à leur avantage.

Les hommes se com­ portent souvent plu� mal que les animau� ; et les animaux agissent souvent mieux que les hommes.

D'un côté, en effet, La Fontaine observe.

que : De tous les animaux l'homme a le plus de pente À se porter dedans l'excès.

(Rien de trop, IX, i 1.) D'un autre côté, il admire " le bon sens et l'expérience3 » des bêtes.

Ici un mouvement de dépr éciation des hommes, là un effet de réhabil itation des animaux conduisent à suggér er l'idée d'une égalité entre les uns et les autres.

1.

L'animisme est une doctrine philosophique, qui attribue aux choses et aux animaux une âme analogue à l'âme humaine ; voir aussi p.

103.

2.

Sur Descartes et sa théorie des • animaux machines "• voir p.

102 103.

3.

Discours à Mad ame de La Sablière (fln du Livre IX, v.

135).. »