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Les contemplations dissertation: « Le propre de la mémoire est qu’à chaque pas l’on s’y blesse. » Olivier Barbarant

Publié le 29/05/2022

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« DISSERTATION « Le propre de la mémoire est qu’à chaque pas l’on s’y blesse.

» Olivier Barbarant « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire », a dit le philosophe Wittgenstein.

Or, la poésie se charge de dire ce qui est impossible à dire, de mettre des mots sur des impressions ineffables.

C’est ce que tente de faire Victor Hugo qui alors qu’il est déjà un géant de la littérature romantique théâtrale (Hernani), argumentative (Le Dernier jour d’un condamné), poétique (Odes et ballades ; Les Feuilles d’automne, Les Chants du crépuscule, Les Rayons et les ombres) politique (Les Châtiments) et romanesque (Notre-Dame de Paris), le plus célèbre exilé du Second Empire se réinvente pour dire l’indicible, la mort de sa fille Léopoldine.

Dans sa Préface au recueil des Contemplations publié en 1856, Hugo décrit ainsi ses « Mémoires d’une âme » : « Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre.

» Cependant, Olivier Barbarant, poète contemporain, a écrit : « Le propre de la mémoire est qu’à chaque pas l’on s’y blesse.

» La citation d’Olivier Barbarant, auteur d’Elégies étranglées qui parle de la mort du père et de l’incapacité à dire, exprime une vérité générale.

L’auteur essaie de cerner « le propre de la mémoire », c’est-à-dire son essence.

La mémoire est la capacité à se souvenir de soi, des autres, de temps, d’espaces, de faits, de phrases, anciens.

La mémoire, c’est le retour sur le passé.

Sans doute, l’auteur joue sur les mots grâce à la métaphore spatiale « à chaque pas » : la mémoire du passé, c’est revenir sur ses pas, ou peut-être marcher vers quelque chose qui n’est pas inconnu.

Cependant, Olivier Barbarant associe cette démarche à de la souffrance, métaphorisée par l’expression « on s’y blesse ».

Il n’y a pas que des expériences douloureuses, s’en souvenir l’est tout autant, voire peut-être plus.

Néanmoins, le poète va plus loin en affirmant que c’est « à chaque pas ».

Il n’y aurait pas de souvenir heureux.

La question est également de savoir qui se blesse : l’individu qui se remémore, le poète puisqu’on est ici dans un contexte d’écriture, le lecteur d’un texte, tout le monde… Cependant face à cette vision tragique de l’écriture du souvenir, n’y a-t-il pas au contraire des moments d’apaisement, de catharsis, de résilience ? Ne peut-on pas également mêler au passé malheureux, d’autres souvenirs heureux ? A moins que peut-être le passé, par son essence d’être ce qui a été, est tragique car il ne peut revenir.

Il est l’essence même de la perte. On comprend pourquoi cette citation a été choisie pour nous permettre de dialoguer avec l’œuvre de Victor Hugo, Les Contemplations, recueil publié en 1856.

On sait qu’elle est une œuvre-tombeau en l’honneur de Léopoldine, sa fille noyée dans la Seine quelques mois après son mariage avec Charles Vacquerie le 4 septembre 1843.

On sait que cette disparition est le centre de « Pauca meae » qui permet d’opposer l’ « Autrefois » et l’ « Aujourd’hui ».

Cependant, l’écriture hugolienne n’est-elle que réminiscence douloureuse, les « mémoires d’une âme », ou bien ne tente-t-elle pas aussi de mêler souvenirs joyeux et douleur de se remémorer ? Par ailleurs, le recueil est un mirage autobiographique.

Certains poèmes jouent avec leur datation, donnent l’impression d’êtres des pas du passé, alors qu’ils appartiennent au présent de la rédaction et de la publication.

Hugo est-il plus tourné du côté du passé, du présent ou de l’avenir ? Les Contemplations sont-elles seulement un recueil tragique de la douleur et du deuil, ou bien ne tentent-elles pas de dépasser ces sentiments ? Pour répondre à ce faisceau de questionnement, nous verrons tout d’abord comment plusieurs formes de passé peuvent être chez Hugo des raisons de souffrir.

Puis, nous verrons comment l’écriture permet de retrouver la joie de certains souvenirs et pour les plus douloureux de cicatriser.

Enfin, nous verrons comment Hugo reconstruit le passé grâce à la contemplation. I/ LES BLESSURES DU PASSE « Tout est douleur » (VI, « Ce que dit la bouche d’ombre ») Hugo l’écrit très clairement dans « A celle qui est restée en France » : « Puisque j’ai, dans ce livre,/ enregistré mes jours,/ Mes maux,. »

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