LES CONFESSIONS DE ROUSSEAU Le temps et la mémoire
Publié le 02/08/2014
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LES CONFESSIONS DE ROUSSEAU
Le temps et la mémoire
Le récit autobiographique est rétrospectif. Rousseau, narrateur de sa propre histoire, se tourne vers son passé ; il le regarde, s'efforce de le recomposer. Pour cela, il suit l'ordre de la chronologie tout en l'aména¬geant pour donner plus de sens, de cohérence et de séduction à son récit.
«
Rousseau isole un événement mémorable, digne d'éveiller la curiosité du
lecteur, avec des indications simples ("Un jour que ...
»/ «Un jour entre
autres ...
»/ «L'aurore un matin ...
», etc.).
D'autres fois, il organise une scène à
épisodes suivant des articulations temporelles tout aussi simples: «Un jour
[ ...
].
!~es deux jours suivants" (l'aventure avec Mme Basile, livre II ) /«Un
jour [ ...
] Quelques jours après,, (la scène d'exhibitionnisme, début du
livre III ; voir aussi, même livre, le récit du« roman» d'amour avec Mlle de
Breil).
Des dates rares mais marquantes.
Les dates sont précisées pour des évé
nements marquants: la naissance («je suis né à Genève en 1712 »);et surtout
la rencontre de Mme de Warens, où l'insistance sur les datations («j'étais
au milieu de ma seizième année,,; «C'était le jour des Rameaux de l'année 1728 »)
est consciente, revendiquée ("Cette époque a décidé de mon caractère;je ne puis
me résoudre
à ln, passer f,égèrement ").
Il arrive que le repère ne soit pas marqué dans le temps, mais que le sou
venir fasse date; le récit en souligne l'importance et le situe dans la chro
nologie comme un moment de rupture, de bouleversement:
Là fut le terme de ma sérénité enfantine.
Dès ce moment je cessai de jouir d'un
bonheur pur, et je sens aujourd'hui même que le souvenir des charmes de
1non enfance s'arrête l.à.
(p.
51)
E] _Les accrocs dans la chronologie
Dans un récit qui épouse la chronologie de l'histoire personnelle, on
remarque des éléments de perturbation, qui font mesurer ou, au
contraire, réduisent la distance entre le temps du souvenir et le temps de
l'écriture.
L'émotion toujours présente.
Dans l'écriture du souvenir, Rousseau est
parfois surpris par une émotion qui, joyeuse ou douloureuse, est si vive
qu'elle est ressentie comme si elle se produisait pour la première fois.
La
persistance de l'émotion comble la distance entre le passé et le présent.
Signe concret d'une vitalité durable, elle est aussi comme un défi lancé au
temps et à la mort.
L'exemple le plus spectaculaire: au livre l, Rousseau
raconte comment, en apprentissage chez un graveur, il essayait de chiper
des pommes; la tentative va aboutir quand soudain le graveur surgit, et
l'écrivain retrouve instantanément sa peur d'enfant au point qu'il inter
rompt son texte sous le coup de l'émotion:
126
Je monte sur mes tréteaux, j'allonge la broche, je l'ajuste; j'étais prêt à
piquer ...
Malheureusement Je dragon ne dormait pas; tout à coup la porte de
la dépense s'ouvre: mon maître sort, croise les bras, me regarde et me dit:«
Courage! ...
».
La plume me tombe des mains.
(p.
67)
.
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