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Les comtemplations sont-elles une oeuvre autobiographique ?

Publié le 17/04/2021

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Cléo Larrieu-Gassiot-Talabot Dissertation D'après vous, peut-on dire que les Contemplations sont une œuvre autobiographique ? Selon la définition donnée par Philippe Lejeune de l'autobiographie : « récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité », la forme poétique semble, en elle-même, rendre impossible le récit autobiographique. Or si l'on prend le cas d'un recueil de poésie majeur écrit par Victor Hugo, qui n'est autre que les Contemplations, on s’aperçoit que la limite entre poésie et autobiographie n'est pas aussi évidente qu'elle n'y paraît. En effet, en écrivant dans sa préface : « Qu'est ce que les Contemplations ? C'est ce qu'on pourrait appeler, si le mot n'avait quelque prétention, les Mémoires d'une âme », Hugo paraît revendiquer la dimension autobiographique de son œuvre. Il semble vouloir lier le lyrisme romantique au genre de l'autobiographie. Compte tenu de ces différents éléments, peut-on dire que les Contemplations sont une œuvre autobiographique ? Si certains éléments montre que les Contemplations peuvent bien être qualifiées d'autobiographie, nous verrons que cette œuvre à une dimension plus large. Les Contemplations constituent l’œuvre lyrique par excellence de Victor Hugo. Or le lyrisme, caractéristique de la poésie romantique, met le «moi» au centre de l'écriture. C'est le recueil Les Méditat...

« autobiographique, l'identité entre le «je» qui s'exprime et le «je» de l'écrivain sont confondues.

Le projet autobiographique d'Hugo a donc manifestement des aspects communs avec la définition donnée par Lejeune : Les Contemplations sont un récit rétrospectif d’événements réels faisant partie de la vie de Victor Hugo.

Certains aspects des Contemplations font donc bien penser à une autobiographie cependant certains éléments donnent aussi une autre dimension au recueil. Au regard de la définition de Lejeune, un premier obstacle surgit pour qualifier les Contemplations d'autobiographie : c'est une œuvre en vers, non en prose.

Peut-on vraiment associer un recueil de poésie à un récit autobiographique alors que chaque poème constitue une forme brève, vaut pour lui-même et que la continuité du récit n'existe donc pas vraiment ? Dans Les Contemplations, on trouve bon nombre d'ellipses entre les poèmes, ce qui contribue à la fragmentation du récit. De plus si la trame générale du recueil est chronologique, on s’aperçoit qu'un désordre s'installe.

Les dates ne se suivent pas rigoureusement, par exemple le poème «Vers 1820» est placé après le poème «A Granville, en 1836».

Certaines dates sont aussi incomplètes, elles ne portent que la mention du mois et du siècle, où alors elles sont fictives, choisies par Hugo.

Les Contemplations ne retracent donc pas seulement la vie de l'auteur mais aussi son itinéraire spirituel et moral.

Le recueil est bien une création poétique. Par ailleurs, quand Victor Hugo revient sur ses engagements politiques, par exemple contre la misère avec «Melancholia », il ne retrace pas sa propre histoire mais aussi celle de la société de son temps.

Il ne met pas seulement l'accent sur sa vie individuelle mais aussi sur le monde qu'il contemple.

On trouve cette notion d'universalité dans la préface des Contemplations , dans laquelle Hugo écrit « Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis; la destinée est une».

Il ne considère donc pas que son recueil retrace sa propre vie mais aussi celle de tous ses lecteurs.

Il ajoute plus loin « Ce livre contient, nous le répétons, autant l'individualité du lecteur que celle de l'auteur ».

Le «je» autobiographique est alors devenu un «je» collectif.

Cette universalité est visible dans les questions métaphysiques sur la souffrance qui touchent non seulement l'auteur mais aussi un grand nombre de lecteurs.

Par exemple dans le poème « Oh ! Je fus comme fou » , Victor Hugo s'interroge au vers 10 : « Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom qui font que dans le cœur le désespoir se lève ? ». Les Contemplations ne seraient alors pas uniquement destinées à retracer le parcours du poète mais aussi à interroger le lecteur sur lui-même comme le suggère la formule utilisée par Hugo dans la préface : « Prenez donc ce miroir et regardez-vous-y». Au terme de cette réflexion, nous sommes en capacité de dire qu'il serait vain d'essayer de réduire Les Contemplations à un récit autobiographique.

Certes le recueil a une dimension très personnelle et est centré sur la vie de l'auteur mais il serait plus juste de le considérer comme une œuvre poétique au lyrisme particulièrement authentique qui touche à l'universalité. Certains poètes, les parnassiens, sont pour une impersonnalité totale de l'art et cherchent comme Mallarmé, la « disparition élocutoire du poète » pour laisser parler la poésie en elle-même.. »

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