Devoir de Philosophie

Les Châtiments VII, 5 de Victor Hugo

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

hugo
C'était en juin, j'étais à Bruxelles ; on me dit : Savez-vous ce que fait maintenant ce bandit ? Et l'on me raconta le meurtre juridique, Charlet assassiné sur la place publique, Cirasse, Cuisinier, tous ces infortunés Que cet homme au supplice a lui-même traînés Et qu'il a de ses mains liés sur la bascule. Ô sauveur, ô héros, vainqueur de crépuscule, César ! Dieu fait sortir de terre les moissons, La vigne, l'eau courante abreuvant les buissons, Les fruits vermeils, la rose où l'abeille butine, Les chênes, les lauriers, et toi, la guillotine. Prince qu'aucun de ceux qui lui donnent leurs voix Ne voudrait rencontrer le soir au coin d'un bois ! J'avais le front brûlant : je sortis par la ville. Tout m'y parut plein d'ombre et de guerre civile, Les passants me semblaient des spectres effarés ; Je m'enfuis dans les champs paisibles et dorés ; Ô contre-coups du crime au fond de l'âme humaine ! La nature ne put me calmer. L'air, la plaine, Les fleurs, tout m'irritait ; je frémissais devant Ce monde où je sentais ce scélérat vivant. Sans pouvoir m'apaiser, je fis plus d'une lieue. Le soir triste monta sous la coupole bleue ; Linceul frissonnant, l'ombre autour de moi s'accrut ; Tout à coup la nuit vint, et la lune apparut Sanglante, et dans les cieux, de deuil enveloppée, Je regardai rouler cette tête coupée. Les Châtiments VII, 5 de Victor Hugo De nos jours, Victor Hugo est davantage étudié pour son oeuvre dramatique mais il n'en demeure pas moins un des plus grand poète de la littérature française. En effet, il occupe une place exceptionnelle dans l'histoire de nos lettres ; il domine le XIXème siècle par la durée de sa vie et de sa carrière, par la fécondité de son génie et la diversité de son oeuvre. Pourtant, s'il a travaillé presque tous les genres, du roman au théâtre en passant par la poésie, il n'en demeure pas moins que ses talents de poète apparaissent dans tous ses écrits. Victor Hugo a le don de modeler le langage pour lui donner une charge émotionnelle particulière. On a pu critiquer son emphase en la jugeant trop artificielle pourtant l'émotion affleure dans ces textes et c'est bien ce qu'il nous faudra mettre en évidence à travers l'étude de notre poème.   Nous ne pouvons évoquer en introduction et là n'est pas notre propos tous les grands traits de cet écrivain mais il nous faut insister sur une période particulière de la vie de l'auteur (1851- 1870). Une fureur vengeresse anime Hugo contre Napoléon III, contre son crime, le coup d'état du 2 décembre, et le régime autoritaire qu'il a établi ; fureur spontanée d'abord puis exaltée par son propre déchaînement et orchestrée à des fins polémiques et esthétiques. C'est ainsi que naissent les Châtiments, une oeuvre puissante, remarquable à la fois par l'unité de son inspiration satirique et par la vérité de ses accents.   Projet de lecture : Pourquoi peut-on dire que la force de ce poème réside dans le mélange des genres ?
hugo

« Nous ignorons les noms des personnages ainsi que ceux de la ville ainsi ce récit qui acquiert presque par cettemétaphore une dimension fantastique prend le statut de légende.

2) La force de l'hypotypose L'hypotypose est une figure de style qui consiste à donner à voir au lecteur, à écrire de façon àsuggérer des images.

Dans le dernier paragraphe, c'est une véritable scène de crime que Hugo dépeint.

Lascène est clairement décrite : « Le soir triste monta sous la coupole bleue ».

La métaphore « coupole bleue »renvoyant au ciel donne l'impression d'un univers clos, sans espoir, où les personnages sont enfermés.

Dansles cinq derniers vers, l'hypotypose se précise et les métaphores sont très parlantes.

En effet, Hugo suggèreun univers non par un vocabulaire précis et concret mais grâce à la force de ses métaphores.

L'ombre est un« linceul frissonnant ».

Il y a tant d'hommes guillotinés que l'ombre elle-même donne l'impression de servir àrecouvrir le corps de ces malheureux.

Enfin, la lune est « sanglante » et enveloppée de deuil.

Pour suggérerl'horreur, Hugo use des métaphores.

Il parvient ainsi à suggérer un climat des plus angoissants.

Enfin le derniervers interrompt brutalement le poème.

En effet, celui est construit à partir de phrases longues qui s'étendentsur plusieurs vers.

Or dans celui-ci, la syntaxe et la versification s'accordent pour donner plus de force àl'image suggérée.

Le tête décapitée s'impose dans l'esprit du lecteur.

Transition : La satire et l'épopée ne sont en rien incompatibles avec le lyrisme.

III Le lyrisme Introduction partielle : Le lyrisme est d'abord lié comme son nom l'indique à la musique, il s'agit de faire vibrerles mots et les sons pour élaborer un poème qui se récite presque comme une chanson.

1) Le rythme et la mélodie Il s'agit d'un texte en alexandrin composé de rimes suivies.

De plus, on peut relever des rimesinternes « assassiné // cuisinier ».

On peut également évoquer l'allitération en v : « vigne », « abreuvant »,« vermeils ».

Le poème est structuré par ces échos sonores qui forment une musique.

De plus ; Hugo crée unrythme particulier intense par la discordance entre la syntaxe et les vers.

Les phrases se poursuivent d'un versà l'autre entraînant le lecteur dans un rythme frénétique comme c'est le cas avec cet enjambement « L'air, laplaine// Les fleurs, tout m'irritait ».

2) L'expression des sentiments personnels Tout d'abord, on peut mentionner la présence d'un « je » poétique mais surtout, dans la dernièrepartie du poème, il faut prêter attention à l'angoisse exprimée par le poème.

Le lyrisme n'exprime pas dans cepoème le bonheur ni les sentiments amoureux mais l'angoisse et la peur, voir la terreur.

Le malaise vagrandissant jusqu'au meurtre.

Comme l'indique cette proposition mise en valeur par le procédé d'enjambement« tout m'irritait », le narrateur décrit un état d'angoisse intense dont il ne peut se dégager.

Il faudraitégalement dans cette partie analyser les modalités phrastiques pour mettre en évidence le rôle joué par lesphrases exclamatives et interrogatives, ces dernières servant à exprimer la haine du narrateur pour le bandit,c'est-à-dire pour Napoléon III.

Dans ce poème, Hugo exprime son désespoir vis-à-vis d'un système politiquequ'il a pourtant cautionné.

Conclusion : Dans cet extrait des Châtiments, nous voyons se déployer les talents de poète de Victor Hugo qui en 28 vers jouent avec les procédés stylistiques de trois genres différents.

Loin d'ennuyer le lecteur en ciblant sapoésie uniquement sur la dimension politique, le jeu de motifs et de symboles réveille l'imagination du lecteur etl'entraîne dans un univers presque fantastique.

On ne peut épuiser la poésie de Hugo en s'intéressantseulement à un seul aspect de son œuvre, il faut en saisir toute la complexité et toute la diversité.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles