Les Châtiments face à l'histoire
Publié le 16/03/2015
Extrait du document

s'agit d'êtres médiocres : « Napoléon III n'était pas un buveur de sang ; tout prêt à "pardonner", il admirait les drames de Hugo. Saint-Arnaud, bien qu'ayant, à n'en pas douter, "les états de service d'un chacal", était capable d'un grand courage militaire. Baroche, Trolong ? juristes sérieux, bons pères de famille. On sent parfois Hugo un peu déçu de les trouver inégaux au rôle qu'ils ont assumé « (René Journet).

«
E X P 0 S É S F C H E S
confère une valeur de témoignage (bien que certaines dates dans le manuscrit ne
correspondent pas toujours avec la date de l'édition).
On sait par ailleurs que le
poète, en tant que représentant à l'Assemblée, a été un témoin effectif du coup
d'État et
l'on sait que« Souvenir de la nuit du 4 »(où l'on apprend que« L'enfant
avait reçu deux balles dans la tête ») est une scène à laquelle Hugo avait vraiment
assisté.
De même, son rôle parmi les proscrits de Jersey est évoqué dans la Note V
qui accompagne
Les Châtiments et qui «justifie » les nombreux poèmes mettant
en scène ceux qui sont restés « debout ».
~ Il -HISTOIRE ET MYTHOLOGIE
Le rôle de la Providence dans l'Histoire
Les Châtiments s'éloignent de l' Histoire considérée comme science humaine;
en cela d'ailleurs, l'œuvre n'appartient que très peu à son siècle car l'on ne voit
guère chez Guizot, Augustin Thierry ou Michelet
un rôle si clairement dévolu à la
Providence divine.
Anticlérical mais déiste, Hugo confond Dieu, le progrès à l' œuvre dans !'Histoire et la conscience de l'homme; sa vision de la religion
débouche sur une mythologie (voir
dans« Saint-Arnaud», Livre VII, 15, comment le poète commande à« l'ange Châtiment»).
L'image du XIX• siècle
C'est sans doute dans le poème intitulé« Force des choses» (Livre VII, 13), au
titre significatif, que se marque le mieux la vision historique que se fait Hugo de
son siècle: c'est la
Nature« profonde et calme» qui fait« un grand labeur, saint et
mystérieux», sous l'œil de Dieu; c'est sur elle que prend appui le progrès, qui,
« reliant entr' elles ses conquêtes/Gagne un point après l'autre, et court
contagieux ».
La République et le peuple
La République et le peuple constituent deux éléments essentiels de la vision
mythologique dans Les Châtiments.
Pour Hugo la République est « la somme du
labeur des générations » ; « elle est un résultat historique autant qu'un fait poli
tique
» (Note première des Châtiments).
Hugo voit dans cette forme de gouverne
ment l'antithèse même de la tyrannie absolutiste, cette incarnation d'un monde
mort et dont Napoléon III est
l'emblème; en revanche la République est« impéris sable» car« elle s'identifie d'un côté avec le siècle, et de l'autre avec le peuple»
(ibid.).
Conclusion.
Hetzel, le premier éditeur du recueil, le rappelle dans son
avertissement: le livre des Châtiments
est« né dans l'exil»; la Préface de
l'auteur indique que le livre a été imprimé à Bruxelles en
édition« tron
quée» ; bien d'autres informations signalent que le livre lui-même a été
marqué par !'Histoire.
En outre, par
le nombre des personnages qui le peu
plent, par le souffle qui l'anime, ce livre se présente comme une fresque
historique.
Enfin, il
s'agit d'un ouvrage qui ne reçoit tout son sens que
lorsque la nation est dans l'urgence comme en 1870 où il fut alors très po
pulaire.
« Et il faudra attendre !'Occupation, la Résistance, la Libération
pour que Les Châtiments redeviennent cette parole vivante, active, immé
diatement compréhensible et
porteuse» (G.
Rosa, J.- M.
Gleize).
LES CllÂTIMEN'l'S DE VICTOR HUGO~.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Les Châtiments face à l'histoire
- Princesse de Clèves: Le personnage face à l’histoire au XIXe Siècle, en quoi la construction du personnage du roman au fil des siècles nous permet-elle de mieux comprendre le monde ?
- Le gouvernement de la République face à la crise de mai 1968 (histoire)
- Les francais face à l'occupation allemande de 1940-1944 (Histoire)
- Le mouvement ouvrir et les socialistes face à la guerre de 1914 à 1918 (histoire)