Les bonnes jean genet monologue de solange
Publié le 13/06/2014
Extrait du document
«
Les didascalies dans cet extrait jouent en rôle important du fait qu’elles nous laissent imaginer les gestes de
Solange.
On constate donc qu’elle ne distingue plus entre sa réalité et son rôle de criminelle, elle confond sa
sœur qui est terrifiée par son attitude avec Madame : « Elle pousse Claire qui reste accroupie dans un coin » puis
elle donne la parole à Madame Elle imite la voix de Madame pour ensuite rire cyniquement « Elle rit » après avoir
parlé avec ses personnages imaginaires « Elle allume une cigarette et fume d'une façon maladroite.
La fumée la
fait tousser », on pourrait donc penser que Solange se sent importante, que le fait de fumer la rend encore plus
intéressant or, elle n’aboutit pas.
Finalement la didascalie plus importante « Solange se dirige vers la fenêtre,
l'ouvre et monte sur le balcon.
Elle dira, le dos au public, face à la nuit, la tirade qui suit.
Un vent léger fait bouger
les rideaux » C’est à ce moment que Solange se sent libérée (le balcon symbolise sa liberté), elle peut se montrer
en public pour que tout le monde la reconnaisse, elle est face à la nuit et non pas dans la chambre fermée, elle
sent le vent frappant son visage, ce décor est le plus adéquate pour la théâtralisation qui suit.
Dans la tirade qui suit Solange imagine toute une mise en scène avec des personnages, en général, de même
statut social qu’elle et sa sœur « les pénitents noirs », « Le bourreau », « toutes les bonnes du quartier », « tous
les domestiques », « maîtres d’hôtel, en frac, sans revers de soie», « les valets de pied », « les laquais en culotte
courte et bas blancs », «les femmes de chambre », « les concierges » qu’on imagine très clairement par
l’anaphore « Viennent » et par la description de leurs habits.
On imagine aussi tout le décor « On porte des
couronnes, des fleurs, des oriflammes, des banderoles », les sons « on sonne le glas.» Solange est confrontée
donc à un rêve cérémoniel qui semble être très réel… En effet ces paroles la mènent à une confusion totale.
Cette confusion est marquée aussi par l’utilisation de la troisième personne dans sa tirade mais son exaltation
interrompt son récit pour interpeller Claire et rire, en utilisant la première personne du singulier « le bourreau
m’accompagne Claire ! Le bourreau m’accompagne » et à la fin lorsqu’elle voit dans son célèbre enterrement sa
mort.
« Et je les conduis.
Le bourreau me berce.
On m'acclame.
Je suis pâle et je vais mourir.
Elle rentre.
» De
même, la confusion des époques, faisant notamment allusion au Moyen Age, « les pénitents noirs» ou à l’Ancien
Régime, « les laquais en culotte courte et bas blancs » permet au personnage d’échapper à la réalité pour
s’accrocher à une théâtralisation qui renforce l’impression d’échec faisant face à la réalité de Solange.
En conclusion, ce monologue n’est qu’une mise en abyme où le personnage de Solange loin de délibérer comme
serait le cas du monologue classique se rend à la folie et grâce à sa propre mise en scène où elle est le metteur
en scène, elle se réconforte et se libère : elle acquiert un statut de criminel et paradoxalement sa liberté.
L’auteur
nous laisse réfléchir la question de la rationalité de l’homme et de l’esprit en faisant de son théâtre un absurde..
»
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