Les belles-lettres ont fait beaucoup de bien à la France », a écrit Voltaire. Etes-vous de cet avis ? De quelle nature, s'il existe, a été ce bien ?

« et de beauté pure, elles n'ont alors servi qu'à activer l'effrayante germi­ nation du vice.

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Telle a été en France, tour à tour et parfois simultanément, leur double action.

A côté et au-dessous de Ja phalange des saints français qui ont illuminé la patrie de leurs héroïques vertus; qui l'ont couverte des créations de leur ingénieuse charité; qui l'ont envoyée, soldat de l'Evangile, porter la civilisation aux confins du globe, nous saluons les esprits d'élite que l'étude des belles-lettres a soustraits aux préoccupations mesquines.

Eux aussi, ils ont été les apôtres de l'idéal, puisqu'ils ont fait rayonner jusqu'à nous, leurs lointains admirateurs, l'amour de la vérité.

Et bien loin que l'action des belles-lettres et l'action des vérités chrétiennes .se soient combattues en France, c'est parmi les esprits dociles à l'enseignement évangélique que se rencontrent les génies dont l'influence a été la plus salutaire.

Les belles-lettres n'atteignent leur but que dans la mesure où elles sont les bonnes lettres; c'est dans cette mesure qu:elles ont .honoré la France et lui «ont fait du bien », plus encore que les généraux qui l'ont illustrée.

Les héros de la chevalerie chrétienne mis à part, peut-on dire en effet que • la France doive plus à ses guerriers, -- Turenne ou Condé, -,-- qu'à l'auteur de la chanson de Rohind, qu'à Descartes et Bossuet, Corneille et Racine? Les grands écrivains n'ont « fait du bien à la France » que dans les limites où ils ont été de bons écrivains : cela est si vrai, que Montaigne.

et Pascal, La Fontaine et Molière ne vivent que par les ouvrages où ils se sont gardés du scepticisme, de la prévention et de l'immoralité.

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Dans ces limites, on peut affirmer que la patrie a recueilli, par les belles­ lettres, la plus pure et la plus durable de ses gloires.

C'est son héroïsme que célèbrent les chansons de gestes et les écrits ·des historiens; c?est son vigoureux et allègre bon sens qui vibre dans les meilleurs de nos fabUaux et de nos comédies; c'est de sa foi et de son respect pour toutes les fai­ blesses que· se sont inspirés les poètes élégiaques ou lyriques; c'est sa langue enfin que nos écrivains ont apprise à tante l'Europe, .

comme « le parler Je plus délitable » qui fût.

Si vif, en effet, lut· Féclat des lettres françaises, qu'il attira, éblouit même, tous les peuples eiovilisés.

Cômme la foi chrétienne qui l'inspirait, notre littérature s'est trouvée, aux XIn•.

et xvn• siècles, être catholique; et quand la patrie eut perdu de son influence politique, ·c'est aux lettres que, aouvelle Athènes, elle dut de conserver son rang parmi les nations.

Aujourd'hui encore, le ft'ançais es.t le ·premier des idiomes littéraires.

Concurremment aux langues classiques, il est enseigné dans les établissements d'ip.struction de presque toute l'Europe;.

et c'est ainsi que la France donne toujours l'impulsion· au monde des idées.

Heu­ reuse si, consciente de sa mission, elle fait servir son influence· à la cause de la.

civilisation! ..

* *' Nos écrivains ne l'ùnt: pas toujours servie, cette grande càuse.

Trop sou­ vent, les plus doués d'entre eux ont fait prùpàgande de scepticisme et d'immoralité.

En histoire et en ·philosophie, ils ·ont répandu des erreurs qui n'ont pas été moins funestes à la nation qu'aux individus.

Le xv1• siècle,.. »