Les Animaux malades de la peste Livre VII, fable I, vers 15 à 42
Publié le 27/03/2015
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La fable par laquelle s'ouvre sombrement le livre VII se compose d'un grand récit (v. 1 à 62) conclu par une « moralité « aussi brève que brutale (y. 63-64). Tout commence par l'irruption d'un fléau, la Peste, décrite de façon spectaculaire et dramatique. La maladie affecte l'ensemble de la société animale (y. 7) et la fige dans une apathie générale: les désirs, qui sont la source des actions (manger, aimer) disparaissent et la distinction entre forts (les prédateurs : Loups et Renards) et faibles (les Tourterelles) s'efface.
Trois discours, au style direct, vont se succéder, rétablissant la hiérarchie « naturelle « des êtres, depuis le plus puissant jusqu'au plus modeste: le discours du Lion fait entendre la parole du roi (v. 15 à 33) et celui du Renard, la parole du courtisan (v. 34 à 42) ; le discours de l'Ave fera entendre la parole du faible, du « misérable « (y. 49 à 54).
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements:
Ne nous flattons donc point; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait? Nulle offense:
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
«
(COMMENTAIRE)
Enjeu du texte: deux discours politi_ques - lé! force et la _!'_l_JS~
Des animaux qui parlent comme des hommes: tel est le principe qui régit
le genre de la fable.
Cependant ce détour fictif par le monde animal
(divertir par un «mensonge ») vise à révéler des vérités sur l'homme et la
société.
La fable
est une satire du monde humain et quand elle représente
la société animale avec sa hiérarchie et ses pouvoirs, sa portée politique est
manifeste.
Chacun, à l'invitation du Lion, est appelé à se confesser, à révéler publi
quement ce qu'il est et ce qu'il a fait.
Par rapport à l'exigence qu'il fixe lui
même, le Lion développe un discours d'une grande duplicité: sous couvert
d'intérêt général et d'autocritique, le Lion exhibe sa force, et cette position
de force suffit à l'innocenter.
Face à ce discours du puissant, le Renard
répond par un discours de ruse: il flatte pour ne pas s'exposer aux coups.
ll_ Le -~isc_~!S -~l!~Ï()ll_: __ l'!~.'!!()1~~_!1-~ouvoir
Le Roi parle: il juge la situation générale, il décrète qu'un sacrifice
( «dévouement») est nécessaire et ordonne à chacun de se confesser publi
quement en suivant son exemple.
C'est là une parole de souverain.
En fait,
La Fontaine fin satiriste, suggère la duplicité de ce discours.
Une créature comme les autres? Le Lion feint de se mêler à la com
munauté des bêtes.
La Fontaine exprime cela par plusieurs procédés:
l'adresse aux autres animaux («Mes chers amis»), mise en valeur par l'en
jambement, par l'assonance («dit/ amis») et par le changement de mètre
(v.
16); la référence à l'intérêt général («commune», v.
20, rime avec «infor-
tune»
en référence à la culpabilité collective: la Peste a touché tout le
monde, le sacrifice d'un seul sauvera tout le monde ...
) ; enfin l'utilisation
ambiguë de la première personne du pluriel (répétition de «nous» et «nos
/notre» entre les vers 17 à 24: le «nous» de majesté pour ne pas dire «je»
est masqué derrière «nous» =.
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