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Les anachronismes et les traitements burlesques vous paraissent-ils nuire à la gravité du mythe, et en quoi?

Publié le 17/01/2022

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« sert à se pendre dans le dernier acte, et c'est avec sa broche en or qu'Œdipe se crève les yeux, lui qui voulaitprévoir son destin pour le modifier.

L'ironie tragique est sauve, et laisse donc au mythe l'essentiel de sa gravitétragique. D'autre part, l'anachronisme ne limite pas forcément la portée du mythe et peut donc ne pas nuire à sa gravité.

Eneffet, dans la définition du mythe, il faut prendre en compte sa reconnaissance universelle à l'échelle de l'humanité,même si elle reste dans un inconscient collectif.

t'influence du mythe d'Œdipe sur la conscience européenne du XXesiècle ne tient pas à des détails « historiques» authentiques, ni à la noblesse majestueuse de ses acteurs, ni a la foiqu'on peut prêter aux croyances antiques; mais le poids de ce mythe sur nos vies est tel qu'il a servi à lapsychanalyse à expliquer les bases de nos relations familiales, et les traumatismes qui en découlent pour desgénérations et des générations.

Pour Cocteau, le com plexe d'Œdipe est une référence culturelle presque plus présente que celle du mythe antique, mais il en joue aussi : il n'est pas plus un psychanalyste qu'un mythologue.

Enfaisant oeuvre d'écrivain moderne, mélangeant époques, genres et tons, il permet donc au mythe de retrouver uneportée universelle, au-delà des particularismes d'un moment ou d'une culture.

Enfin, les anachronismes et leburlesque renvoient à une nouvelle conception de la condition humaine, au destin à la fois grave et dérisoire.

Lesmaîtres du destin des hommes jouent avec eux comme avec une « machine ».

La contamination de la légende duSphinx par la présence d'un dieu égyptien, Anubis, en référence à la découverte archéologique de Gizeh, près duCaire, souligne l'irréalité de la sphère divine.

Remettre entre les mains de dieux morts, comme Anubis, la vie et lamort d'hommes qui pourraient être de n'importe quelle époque souligne bien la liberté dérisoire de l'homme face à lafinitude de sa vie.

Si même les dieux sont mortels, il doit accepter sa mortalité et les déterminismes de sanaissance.

C'est pourquoi l'« orgueil » d'Œdipe se borne de lui-même et l'empêche de comprendre les prédictions desoracles; et, à défaut ci'« être le plus heureux des hommes », il choisit d'« être le plus malheureux », expliqueTirésias, quand Œdipe préfère se mutiler plutôt que de mourir.

Sa dignité ultime face au malheur qui l'a rattrapé etaccablé est de choisir de vivre comme le devin aveugle, et pourtant voyant, qu'il a si souvent raillé. La gravité du mythe n'est donc pas supprimée, mais redéfinie à travers la mise en scène de la condition humaine dans La Machine infernale. [Conclusion] La pièce de Jean Cocteau nous invite donc à prendre au sérieux un mythe qui pourrait nous paraître extrêmementfantaisiste et lui rend hommage à travers une fantaisie plus moderne et comique. C'est pourquoi il multiplie les anachronismes et les effets burlesques.

Cet irrespect apparent prolonge lefonctionnement du mythe, qui se doit d'être une légende dont les éléments fictifs cachent mal une réalité plusprofonde.. »

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