LÉON TOLSTOÏ
Publié le 04/02/2019
Extrait du document
ménage, et attentive aux intérêts financiers de sa famille, elle reprend en main la gestion de ses terres et de ses biens, et surveille attentivement les versements de ses droits d’auteur.
En dépit du prestige dont il jouissait, en Russie et à l’étranger, Tolstoï reste hanté par son mal-être et sa soif d’absolu. Si, à l’extérieur, il renie l’État russe et son activité, il ne trouve pas dans son mariage, qu’il considère comme un obstacle aux impératifs de sa doctrine, la paix et le bonheur souhaités. Un matin d’octobre 1910, à 82 ans, lassé de la vie qu’il mène, il quitte secrètement Isnaïa Fbliana, accompagné seulement d’une de ses filles et de son médecin. Il explique qu’il veut fuir le monde et vivre le restant de ses jours dans la paix et la solitude.
La mort de Léon Tolstoï
Quelques jours plus tard, terrassé par une pneumonie, il meurt dans la petite gare d’Astapovo, le 10 novembre 1910. Il fut enseveli, selon ses vœux, à Iasnaïa Poliana, à l’endroit où la « baguette verte» était censée être enfouie: lorsqu’ils étaient enfants, son frère lui avait assuré que cette baguette possédait le secret du bonheur.
Personnalité tourmentée, Tolstoï poursuivit sa vie durant sa quête de la perfection et de l’absolu et resta toujours fidèle à ses idées. Attentive au drame intime de l’homme, l’histoire littéraire n’a retenu néanmoins que la puissance de l’artiste. Des titres multiples dont Tolstoï pouvait se prévaloir-pédagogue, philosophe, penseur social, propriétaire terrien, père, militaire, prophète-, il en est un qui laissera le sillon le plus profond : celui, selon le mot de d’Ivan Serguéievitch Tourgueniev, de «grand écrivain de la terre russe».
PRINCIPALES ŒUVRES
1852-1857
Étapes d’une vie (Enfance, adolescence, jeunesse)
1863
Les cosaques
1865-1869
Guerre et Paix
1868
Récits de Sébastopol
1873-1877
Anna Karénine
1882
Confession
1886
La mort d'Ivan Ilitch
1890
La sonate à Kreutzer
1895
Maître et Serviteur
1899
Résurrection
«
Léon
Tolstoï
paysan.
Toute tentative pour imposer à des pay
sans des progrès spirituels et matériels, étrangers
à leurs besoins réels, ne pouvait que porter attein
te à leurs valeurs et à leur esprit ancestral.
L.:intel
ligentsia progressiste, qui prônait ces avancées,
lui semblait personnifier un monde artificiel et
conventionnel, coupé de l'univers rural.
L'abolition du servage
Tolstoï dénonça l'émancipation des serfs, décré
tée en 1861.
En i!Jdemnisant les grands proprié
taires terriens, l'Etat avait racheté la liberté de
leurs serfs et, en échange d'un remboursement à
long terme, concédé à ceux-ci une parcelle de
terres cultivables.
Pour sa part, Tolstoï y voyait un
désaveu de l'aristocratie terrienne, une atteinte à
l'unité de la «famille» qu'étaient censés former le
propriétaire et ses serfs, unis dans une relation de
confiance, et une preuve de la méconnaissance
du monde réel par les intellectuels.
Il démissionne de l'armée en 1856, retourne à
Saint- Pétersbourg, mais, en butte à l'hostilité des
cercles littéraires locaux, il retourne à lasnaïa
Poliana.
Puis il parcourt l'Europe et rédige une
série de récits et un roman (Les cosaques, 1863),
dans lesquels il désavoue la corruption morale et
sociale de l'homme naturel par la société maté
rielle.
Prenant à cœur l'éducation des paysans -il
installe une école pour les enfants dans son
domaine-, il crée une méthode d'éducation
populaire et fonde une revue pédagogique.
Guerre et Paix
En 1862, il épouse Sofia Bers, qui lui donna treize
enfants, dont dix survécurent.
Parallèlement à sa
vie conjugale, il rédige sa première œuvre maîtres
se, Guerre et Paix (1865-1869).
Ce roman histo
rique, à la fois épopée de la vie russe et chronique
de la destinée de cinq familles d'aristocrates,
intègre ses personnages dans une vision globale
de l'histoire, en l'occurrence celle des guerres
napoléoniennes des années 1805-1814.
Tolstoï a
projeté dans son récit ses déchirements intérieurs:
l'authenticité de l'existence rurale contre les
attraits de la vie citadine, à Moscou et à Saint
Pétersbourg; sa connaissance de l'univers paysan
opposé à celui des propriétaires qu'il présente à
traver s ses deux personnages principaux, le prince
André Bolkonsky, homme d'action ambitieux, et
Pierre Bezoukhov, rêveur altruiste.
La première édi-tion
de Guerre et Paix, en 1878, reçut un accueil
réservé.
On lui reprochait d'idéaliser l'aristocratie
et de négliger les intellectuels, de glorifier les pro
priétaires et de regretter l'époque du servage.
Ces
réticences affectèrent profondément Tolstoï.
Au
cours de crises d'angoisse, il prend conscience de
l'absurdité de la vie: rien ne peut survivre à la mort
toute-puissante, pas même les réalisations les plus
chères et les plus estimables de l'homme.
Des tsars aux paysans
Il trouve un certain répit dans la diffusion de ses
idées sur l'éducation, qui doivent s'applique r,
Greta Garbo �
tint le rôle-titre
dans l'adaptation
cinématographique
d'Anna Karénine que
réalisa l'américain
Clarence Brown en
1936.
C'était la
deuxième fols que
Garbo interprétait
ce personnage
à l'écran.
Cette
tragédie d'une femme
que l'adultère conduit
au suicide est tirée
d'un fait divers: une
voisine de Tolstoï
s'était jetée sous un
train après que son
amant l'eut quittée.
......
La
Russie du Xl}( siècle était un pays
de contrastes: entre les nantis et
/es démunis, les possédants et les paysans,
ainsi que l'indique ce tableau représentant
une procession religieuse.
L'injustice sociale
était un thème fréquemment exploité dans
les romans de Tolstoï, mals aussi
dans ceux de Gogol et de Dostoïevski.
dit-il, «des tsars aux paysans».
Il rédige un Abé
cédaire (1872), comportant une série de livres de
lectures éducatives et des récits populaires tradi
tionnels dans lesquels il souhaite que "deux
générations d'écoliers puisent leurs premières
impressions poétiques ».
En 1873, Tolstoï revient à la création littéraire,
avec son deuxième grand roman, Anna Karénine,
qu'il achèvera en 1877.
Si Guerre et Etlix n'excluait
pas une vision· optimiste des personnages, Anna
Karénine laisse transparaître le pessimisme de son
auteur Le sujet, un adultère dans la haute société
qui finit tragiquement, lui fut inspiré par une de ses
voisines : celle-ci, abandonnée par son amant, se
jeta sous un train, à l'image du personnage roma
nesque d'Anna.
Fasciné par cet acte tragique,
Tolstoï, donnant une résonance nouvelle à l'éman
cipation des femmes, déclara avoir voulu peindre
une destinée exemplaire, celle d'une femme adul
tère, pitoyable et non coupable.
Face à l'amour tra
gique d'Anna et de son amant Vronski, la relation
idyllique de Kitty Chtcherbatskaïa et du gentilhom
me propriétaire Constantin Lévine offre un
contraste saisissant.
Lévine est le porte-parole de
Tolstoï, introduisant dans le roman la dimension
de l'actualité sociale et politique et celle du malai
se spirituel : il manifeste son trouble existentiel,
des velléités de suicide, la difficile adaptation des.
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