L'Encyclopédisme de Pline : livre VIII
Publié le 29/05/2012
Extrait du document
I- Traduction, livre VIII
Des éléphants attelés traînèrent à Rome le premier char du grand Pompée, triomphant d’Afrique. On raconte que le vénérable Liber, qui triomphait sur l’Inde vaincue, en présenta un auparavant. Procilius déclara qu’au triomphe de Pompée, l’attelage d’éléphants ne put franchir la porte. Dans les combats de gladiateurs de Germanicus César, certains éléphants exécutèrent des mouvements grossiers de danseurs. Le spectacle habituel consistait à lancer à travers le ciel des armes que le vent n’emporte pas, et de réaliser entre eux des combats de gladiateurs ou bien de jouer ensemble en badinant la pyrrhique. Ensuite, ils marchèrent aussi sur une corde ; quatre éléphants encore, portant en litière un éléphant qui seul, imitait une jeune mère, allèrent s’étendre parmi les lits de table remplis d’hommes, avec des pas si souples qu’aucun des buveurs ne fut touché. C’est un fait avéré qu’un éléphant d’une intelligence plutôt lente à recevoir les enseignements qui lui étaient transmis, et qui était souvent puni par les coups, fut découvert en train de répéter la leçon du jour pendant la nuit. Ce qui est aussi très étonnant, c’est que les éléphants aillent ainsi en avant sur les cordes, mais également qu’ils reviennent sur leur pas, de sorte qu’ils sont à l’envers. Mucianus, trois fois consul, est l’auteur de ce récit : un de ces éléphants avait appris les tracés des lettres grecques et de manière ordinaire, il reproduisait par écrit des mots en sa langue : « J’ai moi-même écrit cela et je me suis voué aux dépouilles Celtiques « ; et de même, ayant vu à Putéoles quand des éléphants débarqués d’un navire se rassemblèrent pour avancer, il raconta qu’ils étaient terrifiés par la longueur du pont qui les amenait près du continent, de sorte que, à cause de l’estimation de la distance à parcourir, ils marchèrent en allant en sens inverse.
Expliquez en quoi cet extrait illustre les différentes facettes de l'entreprise encyclopédique de Pline.
Avec son Historia naturalis, Pline l’ancien réalise une encyclopédie romaine qui compile toutes les connaissances de son époque et sur tous les sujets. Cette œuvre titanesque en trente-sept livre est encore un ouvrage de référence à la Renaissance. Le livre VIII traite des animaux terrestres et Pline consacre les onze premiers chapitres aux éléphants et à tout ce qui fait leur singularité. En ce sens, nous pouvons y voir les différentes facettes de cette entreprise encyclopédique. Dans un premier temps, nous verrons les aspects de l’organisation interne du livre VIII comme le révélateur d’une volonté de compilation des savoirs. Ensuite nous étudierons le détail et le cheminement de l’explication de Pline teinté d’un anthropomorphisme « savant «. Enfin, nous analyserons le souci de l’auteur à prouver les thèses qu’il avance.
«
II- Commentaire
Expliquez en quoi cet extrait illustre les différente s facettes de l'entreprise
encyclopédique de Pline.
Avec son Historia naturalis , Pline l’ancien réalise une encyclopédie romaine qui
compile toutes les connaissances de son époque et sur tous les sujets.
Cette œuvre titanesque
en trente- sept livre est en core un ouvrage de référence à la Renaissance.
Le livre VIII traite
des animaux terrestres et Pline consacre les onze premiers chapitres aux éléphants et à tout ce
qui fait leur singularité.
En ce sens, nous pouvons y voir les différentes facettes de cett e
entreprise encyclopédique.
Dans un premier temps, nous verrons les aspects de l’organisation
interne du livre VIII comme le révélateur d’une volonté de compilation des savoirs.
Ensuite
nous étudierons le détail et le cheminement de l’explication de Pline teinté d’un
anthropomorphisme « savant ».
Enfin, nous analyserons le souci de l’auteur à prouver les
thèses qu’il avance.
A première vue, nous pouvons remarquer que l’œuvre répond à une structure étudiée
de son auteur et suit son cours en passant d’un élément à autre de façon tantôt logique, tantôt
répondant à la subjectivité la plus totale.
Le livre qui précède s’attachait pour sa part à décrire
l’être humain, sa nature, son organisation en société, ses arts et techniques… Le livre VIII
s’ouvre donc ai nsi « Ad relinqua transeamus animalia et primum terestria ».
Comme cette
annonce l’indique, le livre suivant parle des animaux aquatiques.
Nous voyons donc bien la
progression logique de son propos.
Pour parler des animaux terrestres, il choisit d’ouvrir s on
étude sur l’éléphant.
Ce choix est justifié dans les premières lignes : « Maximus est elephans
proximumque humanis sensibus.
» Il semble donc qu’il s’apprête à organiser son livre en
fonction de la taille de l’animal ou de sa ressemblance avec l’homme, ou bien les deux à la
fois.
En fin de compte, nous remarquons très vite que Pline fonctionne davantage par
association d’idée.
Ici, en ce qui concerne les chapitres des éléphants, Pline l’Ancien s’étend
sur onze chapitres qui abordent chacun un aspect de l ’animal, biologique, psychologique,
utilitaire…en passant sans cesse du général au particulier et vice versa.
Pline semble même
s’intéresser davantage aux éléments de détails et aux anecdotes isolées plutôt qu’aux
caractéristiques générales de la race.
Il s’agit avant tout d’une analyse comportementale et des
rapports que l’animal entretien avec l’homme.
Du point de vue biologique, nous avons très
peu d’information, mise à part quelques remarques – légèrement fantaisistes d’ailleurs – sur la
reproduction et la période de gestation : « Pudore numquam nisi in abdito coeunt » au §13,
« Decem annis gestare utero uulgus existimat, Aristoteles biennio nec amplius quam
singulos » au §28.
Les autres sujets abordés sont très variés : les ressemblances avec l’homme
au sujet de son intelligence, et fait remarquable, de ses cultes ; les défenses des éléphants aux
§7 et 8 et de nouveau au §31 ; un propos plus général sur les animaux et leur pressentiment du
danger ; l’organisation hiérarchique d’un troupeau d’éléphant, à l’état naturel et dompté par
l’homme ; l’accouplement et le sentiment amoureux chez l’éléphant ; l’éléphant comme
animal de combat durant les guerres et durant les jeux ; la douceur de l’éléphant ; comment.
»
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