« L'éducation première ne doit plus avoir pour objet, comme au temps d'Érasme et de Pic de la Mirandole (1), de transmettre à un enfant de quinze ans la totalité des connaissances réunies à son époque. Elle doit consister à cultiver son esprit par une discipline quelconque, pour lui donner la faculté d'acquérir la connaissance, lui en donner le goût et lui en enseigner les méthodes et les moyens. L'éducation de base, c'est la culture, l'art d'apprendre et le plaisir d'apprendre. L'ense
Publié le 12/02/2011
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ÉTUDE DE LA CITATION Très longue, la citation doit faire l'objet d'une véritable explication de texte. Cette étude, effectuée au stade du brouillon, sans rédiger, permet de bien poser les problèmes, de délimiter le sujet. Travail d'autant plus indispensable que le libellé qui suit la citation, n'indique aucune orientation précise.
« L'éducation première ... à son époque. « La phrase exprime nettement le refus d'un savoir encyclopédique, d'un enseignement conçu comme une simple accumulation des connaissances. L'élève, en même temps qu'il tente de comprendre le texte, doit se poser un certain nombre de questions qui élargissent le le débat, ou du moins qui l'approfondissent. C'est le stade de la recherche des idées.
«
Phrase qui prend en compte l'intérêt de l'élève.
L'éducation ne peut réussir sans la bonne volonté et l'attrait.
Ceserait alors le moteur (la raison) qui poussera chacun à apprendre.
« l'art d'apprendre et le plaisir d'apprendre ».
Résume ce que nous venons de voir.
Il faut entendre par «art», les facultés, la mise en œuvre des capacités, laméthode.
Le plaisir, autre forme du goût : à la fois ce qui pousse à apprendre et ce qui récompense la recherche.Ces deux termes définissent maintenant le mot « culture ».
« L'enseignement sera ensuite donné ».
Étape ultérieure qui se distingue de l'éducation.
Celle-ci forme, celui-là transmet.
Ce qui était condamné dans l'écolede base, est approuvé pour la suite de la vie.
«sans cesse révisé, pendant tout le cours de l'existence...
professionnelle.
»
Cette phrase nuance l'image que nous venions de nous faire d'un enseignement pour les adultes.
Il avait semblé, eneffet, que les auteurs se référaient à un contenu.
Mais il n'est toujours pas question de posséder la totalité dusavoir, même à l'âge d'homme.
Ajouter des connaissances à une formation antérieure incomplète ne suffit pas.
Ilfaut sans cesse les mettre en doute, les adapter, les confronter au monde, à l'expérience.
L'idée que l'adulte continue d'apprendre n'est pas nouvelle, mais jusqu'à présent, cet apprentissage relevait deshasards de la vie, du goût de chacun.
Depuis 1971, cette éducation passe par des organismes spécialisés.
RECHERCHE DES EXEMPLES
Cette étape ne doit pas être négligée.
D'abord parce que le libellé du sujet la réclame.
Ensuite, considération d'ordrepratique, parce que les illustrations «étoffent» la copie.
Et l'on sait que les élèves ont souvent des difficultés àdévelopper leur pensée.
Enfin — et surtout — parce que ces références font naître des idées, enrichissent laréflexion.
Elles ne constituent donc pas seulement un ornement « qui fait bien » et qui amène la copie à la longueursouhaitée.
Elles approfondissent le débat.
Durant sa scolarité, l'élève a certainement abordé de nombreux textes sur l'éducation.
Le jour de l'examen, il doitprendre le temps d'y réfléchir et de retenir ce qu'il peut utiliser.
La référence aux humanistes rappelle sans doute au candidat des pages célèbres de Montaigne.
On trouve dansLes Essais le même souci de «former le jugement», le refus de l'autorité qui impose des leçons.
Son pédagogue a«plutôt tête bien faite que bien pleine» et il vise plus l'«entendement» que «la science».
Les formules abondent,«savoir par cœur n'est pas savoir».
A noter que l'objectif, dans ce cas, n'est pas l'acquisition des connaissances(comme le laisse entendre la citation), mais devenir «meilleur et plus sage».
Montaigne met nettement l'accent surl'apprentissage personnel (même si le rôle du pédagogue est considérable).
Comment bien transmettre lesconnaissances, tel est son objet et en ce sens il diffère légèrement du passage de « prendre le temps de vivre ».
Les pages de l'Emile fournissaient aussi de bons points de discussion.
Des ressemblances avec la citation sontégalement sensibles puisque Rousseau souhaite d'abord que son personnage soit confronté à l'expérience.
Il pourraensuite se frotter aux connaissances abstraites.
Aucun enseignement théorique ne doit être imposé prématurémentparce que la raison de l'enfant n'est pas encore formée.
C'est pour cela qu'avant douze ans, l'éducation doit êtrepurement «négative».
Mais les similitudes ne doivent pas masquer les divergences.
La pensée de Rousseaudéveloppe des arguments que la citation n'implique pas.
Pour la géographie, par exemple, l'auteur du XVIIIe sièclerefuse cartes et globes terrestres et conduit son élève au contact des choses, lui faisant d'abord considérer le leverdu soleil.
Or, on ne trouve pas dans le texte de Philippe Lamour et J.
Chalendar, ce refus de la théorie pour lapremière éducation.
Les mots «l'art», «la méthode», laissent même entendre le contraire.
La répétition du verbe«donner», l'emploi de «enseigner» indiquent une attitude assez directive, au départ, sans être évidemmentautoritaire.
Nous sommes loin alors des réponses laconiques du maître, chez Rousseau.
« Qu'il n'apprenne pas lascience, qu'il l'invente» trouve-t-on dans le Traité de l'Éducation.
Même si l'on veut discuter de la réelle libertéd'Émile, il est certain qu'il découvre, lui-même, ses connaissances et même sa propre méthode.
Si «le temps de vivre» rejoint un peu Rousseau pour ce qui est du savoir, il s'en écarte à propos de la méthode.
Car il semble bien quecelle-ci soit «donnée», «enseignée», par le maître.
Alors que Montaigne envisage globalement l'éducation del'enfant, Rousseau, et avec lui nos deux auteurs contemporains, introduit un ordre chronologique.
Il faut croire que ces textes, pour convaincants qu'ils soient parfois, ne sonnent pas le glas de la pure transmissiondes disciplines et de certaines méthodes.
Que l'on pense alors à la Page d'Écriture de Prévert, où l'enfant brise parl'imaginaire le cadre contraignant et répétitif des leçons apprises.
PLAN DÉTAILLÉ.
»
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