Lecture méthodique ULTIMA VERBA - Les Châtiments, Livre VII, 17 (v. 37 à 64). Hugo
Publié le 14/03/2015
Extrait du document
ULTIMA VERBA
Mes nobles compagnons, je garde votre culte ; Bannis, la République est là qui nous unit. J'attacherai la gloire à tout ce qu'on insulte ; Je jetterai l'opprobre à tout ce qu'on bénit !
5 Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre, La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non ! Tandis que tes valets te montreront ton Louvre, Moi, je te montrerai, César, ton cabanon.
Devant les trahisons et les têtes courbées,
10 Je croiserai les bras, indigné, mais serein.
Sombre fidélité pour les choses tombées,
Sois ma force et ma joie et mon pilier d'airain !
Oui, tant qu'il sera là, qu'on cède ou qu'on persiste, Ô France ! France aimée et qu'on pleure toujours,
15 Je ne reverrai pas ta terre douce et triste, Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !
Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente, France ! hors le devoir, hélas ! j'oublîrai tout. Parmi les éprouvés je planterai ma tente :
20 Je resterai proscrit, voulant rester debout.
J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme ; Sans chercher à savoir et sans considérer Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme, Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.
25 Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla;
S'il en demeure dix, je serai le dixième;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là!
Jersey, 2 décembre 1852.
[14/12/1852]
Les Châtiments, Livre VII, 17 (v. 37 à 64).
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«
25 Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla;
S'il en demeure
dix, je serai le dixième;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là!
Jersey, 2 décembre 1852.
[14/12/1852]
Les Châtiments, Livre VII, 17 (v.
37 à 64).
INTRODUCTION
Situation du passage
Ces vers, placés à la fin du septième et dernier livre, ne consti
tuent pas la conclusion des Châtiments.
Celle-ci sera délivrée par
le poème final, « Lux », qui annonce à l'humanité un avenir radieux.
Ils ont cependant la gravité des derniers mots que l'on prononce 1
,
des paroles d'adieu ou des testaments.
Hugo aborde pour la der
nière fois un sujet qui lui est cher: l'opposition au régime qui l'a
exilé.
Axes de lecture
Dans ce texte, Hugo rappelle son refus inébranlable de rentrer
en France tant que Napoléon 111 sera sur le trône.
Mais sa résis
tance farouche au Second Empire n'efface pas son attachement
à sa patrie.
Le poète se présente au lecteur en rebelle intraitable
et en orateur passionné.
1.
LE MESSAGE POLITIQUE
Une résistance énergique
Hugo ne cherche pas ici à attaquer ses ennemis ni même à
justifier ses choix.
li l'a suffisamment fait dans d'autres textes.
Son but est de réaffirmer avec vigueur sa position de résistant.
C'est pourquoi il ne néglige aucun effet d'insistance.
1.
L'expression latine Ultima verba, qui sert de titre au poème, signifie « les dernières paroles ».
193.
»
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