lecture linéaire à la musique rimbaud
Publié le 19/03/2025
Extrait du document
«
Je vais procéder à la lecture linéaire du poème "A la musique" par Arthur
Rimbaud, qui s'inscrit en tant que dixième poème dans le recueil des Cahiers de
Douai, recueil écrit par Rimbaud en 1870, lors de ses fugues loin de sa ville
natale.
"Ma ville natale est supérieurement idiote entre les petites villes de
province." C'est ainsi qu'Arthur Rimbaud décrit Charleville-Mézières dans une de
ses lettres à George Isambard.
On retrouve cette aversion pour sa ville dans le
poème "A La Musique", où Rimbaud décrit de manière très péjorative la société
de son époque.
Il s'agira de mettre en évidence comment Rimbaud oppose deux
mondes.
Notre lecture linéaire suivra le mouvement du texte : les trois premiers
quatrains qui dressent un tableau satirique de la bourgeoisie de Charleville, puis
les trois derniers qui représentent le poète en marginal.
Nous n'étudierons pas
les quatrains 4, 5 et 6.
Je vais maintenant procéder à la lecture du poème.
[Lecture]
En premier lieu, nous allons analyser le titre, A La Musique.
Ce qui pourrait tout
d'abord être vu comme une ode, un hommage à la Musique, est en réalité une
invitation à la caricature, car la musique dans ce poème n'est pas glorifiée mais
bien descendue.
Le titre va plutôt indiquer une destination : la société se rend à
la musique.
Le sous-titre "place de la gare, tous les jeudis soir, à Charleville"
place le lecteur dans un cadre spatiotemporel précis : celui de sa ville natale.
Ce
sous-titre montre une certaine banalité, une absence de rareté dans cette
situation : "tous les jeudis soir" montre une habitude, et la place de la gare est
un lieu assez banal.
De plus, c'est une phrase non verbale qui représente bien la
platitude du moment.
On retrouve cette banalité dès les premiers vers : le poème s'ouvre sur une
dévalorisation de Charleville, une géométrisation de l'espace avec "taillée"
"square" "correct", qui traduit la rigidité de la société bourgeoise.
Les pelouses
sont également "mesquines", terme péjoratif aux sonorités hachées, donnant un
côté étroit, étriqué : ce sont en réalité les bourgeois qui sont mesquins.
Rimbaud
décrit une anti-nature sous l'emprise de l'homme en ne décrivant pas avec plus
de précision "les arbres et les fleurs", or le fait de dire qu'ils sont "corrects".
En
ne qualifiant pas, il dévalorise la nature : les arbres et les fleurs sont artificiels,
c'est une nature morte.
L'expression "square correct" traduit un refus de voir la
beauté de la nature, et l'expression renvoie à une norme rigide et artificielle.
Dans le vers 3, on retrouve le côté étriqué des vers précédents par l'étroitesse
d'esprit des bourgeois qui apparait avec "étranglent".
Rimbaud reprend ici la
caricature du bourgeois gros et gras.
Le quatrain suivant s’inscrit dans la continuité de cette scène de Charleville que
dépeint Rimbaud, avec l’arrivée des militaires fanfaronnant.
Ces militaires sont
tout d’abord mis en avant par le tiret qui vient préciser qu’ils sont une partie de
cette scène, cet orchestre est aussi une satire puisque dans le conteste
historique de ce poème la guerre franco-prussienne a déjà commencé, ainsi il est
plutôt ironique de voir un orchestre militaire en ce lieu comme si l’heure était à la
fête.
Ensuite, on retrouve une idée de mouvement avec le terme “se balançait”,
ici Rimbaud parle des schakos des soldats mais ceux-ci sont métamorphose en
leur shakos ainsi avec “la valse des fifres” Rimbaud donne une idée de soldats
dansant.
On remarque que ces soldats sont d'ailleurs placés au milieu des jardins
ce qui vient rappeler cette idée d’organisation et de maitrise de l’espace que
veulent montrer les bourgeois.
La suite de cette strophe vient compléter la
première partie puisque on retrouve un deuxième tiret qui vient nous montrer
une deuxième partie de cette scène avec le terme “autour” qui vient faire échos
au terme “au milieu” ; Rimbaud y fait ici une raillerie des bourgeois qui se
pavanent et qu’il transforme alors en “gandins”.
Ici Arthur Rimbaud commence
aussi à préciser l’image des bourgeois comme avec le gandin mais aussi le
notaire, qui dans cette scène sont caricaturé à l’extrême puisqu'il pend à ces
breloques donc à chiffres ce qui renvoies d’eux une image d’êtres posséder par
l’argent et les chiffres ; le notaire, ainsi posséder, est réifier.
De plus le terme
“breloques” renvois à une montre à gousset ce qui exprime une conception que
“le temps c’est de l’argent”.
De plus le terme “breloques” renvois directement à
l’exhibition des bijoux et autres richesses.
Ici Rimbaud nous montre que les
bourgeois pensent posséder beaucoup alors que ce sont eux qui sont possédés.
Cette strophe est la dernière consacrée au bourgeois de Charleville Mézière elle
représente donc la dernière partie du tableau que peint Rimbaud de cette société
posséder par l’argent.
Dans cette dernière partie Rimbaud continue de détailler
les différentes personnes qui composent cette société bourgeoise.
Elle s’ouvre
donc avec la continuité des bourgeois posséder par l’argent que repressente ici
les rentiers dit à “lorgnon” ce qui nous donne ici l’image caricaturé d’un homme
mesquin relevant toutes les moindres fautes qui se trouvent dans cette scène.
Le terme rentier étant bien évidemment péjoratif de par les profits fait par celuici qui fait d l’argent avec de l’argent.
On retrouve encore une réification de par “
les gros bureaux bouffis” qui rapportent ici l’idée du matérialisme des bourgeois
mais aussi une idée de lourdeur de par la carrure imposante d’un bureau tout en
étant statique.
Cette idée de statisme est couplée avec la lenteur qu’apporte le
terme “trainent leurs grosses dames”, les grosses dames qui viennent elle aussi
répondre à l’idée de lourdeur de leur hommes bouffis.
Cette notion de lourdeur
est d’autant plus appuyée par les sonorités comme “g-r-o-où".
Tout ceci est une
dépoétisation complète de ce monde matérialiste des bourgeois.
Par la suite
Rimbaud déshumanise ces grosses dames par l’hyperbole “officieux cornac” ainsi
il transforme ces grosses dames en pachyderme ce qui est peu distingué mais
par la-il rappelle aussi la droiture avec le terme “officieux”.
Enfin, le dernier feint
de donner un air élégant et aérien a ces dames par le pluriel de tous les mots qui
viennent alourdirent le vers et donc les dames ; ce qui vient réellement
dévaloriser ces dames.
Ceci est donc une antithèse ironique de ces grosses
bourgeoises se pavanent....
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