LECTURE ANALYTIQUE L' INGENU de VOLTAIRE
Publié le 23/01/2013
Extrait du document
«
Gordon et l’Ingénu s’apparente à un dialogue philosophique : le jeune Huron m ène
l’
échange en s’appuyant sur les r éponses de son ami qui ne font que relancer la
d
émonstration.
Entre les lignes 10 à 14, on trouve un bon exemple de ma ïeutique : à la
question « dites moi s’il y des sectes en g
éom étrie non, mon cher enfant, lui dit en soupirant
le bon Gordon. Tous les hommes sont d’accord sur la v
érité quand elle est d émontr ée, mais ils
sont trop partag
és sur les v érités obscures. – Dites, sur les fausset és obscures. S’il y avait une
seule v
érité cach ée dans vos amas d’arguments qu’on ressasse depuis tant de si ècles, on
l’aurait d
écouverte sans doute ». On remarque que la r éflexion progresse gr âce à la technique
de la ma
Ïeutique qui conduit le vieux savant à découvrir une v érité qui n’attendait que les
prouesses du jeune Huron pour se d
évelopper.
Le parall élisme syntaxique antith étique
« jeune ignorant / vieux savant » suivi des oxymores « ignorant instruit » et « savant
infortun
é », montrent le paradoxe entre les deux hommes ; l’ignorant instruisant le savant, le
jeune plus sage que le vieux. Le Huron repr
ésente ainsi la figure d’un id éal philosophique ; il
est en effet instruit par la Nature qui , m
élang ée à la Culture produit une savante harmonie, et
fait de lui , le philosophe r
êvé des Lumi ères.
On l ‘a dit , le conte philosophique permet de mettre en sc
ène un personnage attachant dans
sa candeur .
L’Ing
énu pr ésent é dans cet extrait rappelle la devise des Lumi ères qui est
« Sapere aude »= ose conna
ître ; La formule de Kant est aussi à citer : « aie le courage de
te servir de ton propre entendement ». C’est aussi l’occasion, pour Voltaire, de critiquer ,
par le biais de l’argumentation indirecte, la soci
été de son époque.
Le discours du Huron est persuasif , dans la mesure o
ù il cherche à provoquer son
destinataire , en jouant sur ses sentiments.
L’acte d’accusation qu’il
énonce aux lignes 16
et 17 , est
à cet égard, éloquent. La gradation hyperbolique donne une intensit é dramatique
au propos qui finit par toucher son ami Gordon : « c’est une absurdit
é, c’est un outrage au
genre humain, c’est un attentat contre l’Etre Infini ».
En outre, la gradation suit un rythme
ternaire avec une cadence majeure, avec la succession de groupes syntaxiques de plus en
plus longs ( 6/ 8 / 11).
De plus, le lexique d
épr éciatif « vos amas d’arguments, ressassent
depuis des si
ècles » ainsi que « outrage, absurdit é ,attentat » confirment le jugement de
l’auteur et la vis
ée persuasive de ce passage.
De surcro ît, les figures d’insistance avec la
r
épétition de « c’est une , c’est un , c’est un « inscrit le propos dans cette strat égie qui
s’appuie sur le destinataire. Celui –ci , d’ailleurs, adh
èrera aux paroles de son jeune ami. La
derni
ère phrase de l’extrait corrobore cette id ée : « Tout ce que disait…faisait une impression
profonde sur l’esprit du vieux savant » .
L’adverbe « tout » ainsi que l’adjectif « profonde »
renforcent cette analyse. Pour finir, on rep
ère la forte pr ésence du locuteur par l’utilisation du
pronom personnel « je » et du modalisateur de doute « sans doute », qui montre son
engagement..
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