LECTURE ANALYTIQUE: Extrait du fragment 185 « Disproportion de l’Homme » in Pensées 1670 de Blaise Pascal
Publié le 09/09/2018
Extrait du document
c- L’homme et l’infiniment petit
Pascal emploie les mêmes termes que pour l’infiniment grand mais en les appliquant au plus petit. Le fait de les utiliser dans un mouvement inverse a pour but de créer un effet déséquilibrant.
Le rétrécissement progressif s’observe avec la construction des phrases, il y a des énumérations.
Tout d’abord, on part du ciron, un petit acarien parasite du fromage qui est décomposé jusqu’à ne plus être sécable. On peut observer ici une gradation des groupes nominaux : « des jambes avec des jointures » ; « des veines dans ses jambes ».
Pascal sollicite l’imagination du lecteur en lui faisant concevoir un autre univers dans le ciron lui-même.
Il va installer quelque chose de très grand dans le minuscule, un mouvement de démultiplication énumère des éléments dans une démarche ressemblant à celle de l’infiniment grand.
De même que dans le paragraphe sur l’infiniment grand, Pascal conclut de manière interrogative l.40 à 43. Il fait relativiser l’Homme sur sa position dans l’univers. Mais cette fois-ci Pascal donne une réponse : l'homme fait figure de colosse par rapport à l'infiniment petit, il le nomme d’un tout à l’égard du néant.
Pascal nous a promené d’un univers à un autre dans le but de perturber le lecteur et de l’amener à la question suivante : quelle est la place de l’Homme dans l’infini ?
II- En quoi consiste la force de persuasion de ce texte ?
a)-Une invitation familière
Pascal ne se contente pas de parler à la raison. Il va faire un discours qui s’adresse au cœur et à la raison. Il met toute sa force à susciter une émotion, il ne présente pas une réflexion abstraite.
Pascal utilise différents moyens de persuasion.
Il invite les hommes de manière très pressante et avec insistance, nous pouvons en effet le remarquer grâce au subjonctif ayant une valeur d’ordre « que l’homme contemple » l.1 « qu’il s’étonne » l.9. Mais en même temps, pour adoucir ces injonctions au subjonctif, mais aussi pour créer un impression d’accompagnement familier, il utilise la première personne du pluriel « notre » ; « nous ». Celui qui parle est donc également concerné, ce qui rassure le lecteur.
b)-Dramatiser pour persuader
Pascal afin de convaincre le lecteur va dramatiser en exagérant. Également, il va présenter l’univers telle une visite guidée afin de capter l’entière attention du lecteur.
Pascal utilise un lexique glorifiant « pleine de majesté » ; « éclatante lumière » afin de capter l’attention du lecteur.
L’auteur afin de bouleverser le lecteur et de le perturber utilise de nombreux procédés variés.
Il dramatise notamment en utilisant de nombreuses questions parfois rhétoriques dont il n’y a pas forcément de réponses.
«
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DÉVELOPPEMENT
I-représentation vertigineuse des deux infinis
L’homme tendu entre deux univers/ l'importance du mouvementIl s’agit bien de suggérer le tourbillon, la spirale vers le bas, et par là de faire naître le vertige chez le
lecteur.
Ainsi les expressions « sans fin et sans repos », l.34 « un abime nouveau », l.28, disent clairement
ce mouvement de chute incessante, tandis que la longueur des phrases le mime nettement.
De très nombreuses répétitions (outre les épanadiploses dont on a déjà parlé) concourent à donner
l’illusion du mouvement : ainsi le terme « petitesse» est employé 3 fois (l.21, 27,35) et l’adjectif « petits » se
retrouve à la ligne 22.
De même, la fréquence des hyperboles appuie cette impression de vertige :
« les choses les plus délicates » (superlatif)« incomparablement plus petites » (adverbe lourdement
insistant) « raccourci d’atome » (atome, originellement la plus petite partie de la matière) « une infinité
d’univers » (redoublement de deux infinis).
De même nous pouvons remarquer que Le texte est construit sur deux grands mouvements.
De l.1 à l.19, l’homme est décrit dans l’infiniment grand.
Cette partie se termine par une question.
De l.25 à l.43, l’homme est décrit dans l’infiniment petit.
Là encore, cette partie se termine par une
question.
Les deux derniers paragraphes constituent la 3ème partie du texte, c’est la synthèse.
Pascal dans son texte nous montre une position déséquilibrée et vertigineuse entre les deux univers.
B L’homme et l’infiniment grand
Tout d’abord, Pascal décrit l’homme dans l’infiniment grand.
Nous pouvons remarquer que la première partie suit comme un mouvement d’élargissement progressif.
Ce mouvement d’élargissement est construit grâce à des éléments montrant l’étroitesse « nous
n’enfantons que des atomes » et montrant l’ampleur également.
Plusieurs termes désignent le gigantesque,
ces termes suivent un ordre croissant : nature entière < terre < tour du soleil < astres < l’univers.
Nous pouvons donc dire que Pascal nous représente d’abord ce que l’homme voit, puis ce que l’homme
imagine, il y a donc un mouvement d’amplification.
Le fait de prendre l’homme comme point de référence (que l’Homme contemple…) souligne la petitesse
de celui-ci par rapport au Cosmos.
Les lignes 20 à 24 permettent de comprendre la disproportion de
l’homme..
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- La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. Pensées (1670), 397 Pascal, Blaise. Commentez cette citation.
- l'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser: une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Pensées (1670), 347 Pascal, Blaise. Commentez cette citation.
- Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête (car ce n'est que l'expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds). Mais je ne puis concevoir l'homme sans pensée: ce serait une pierre ou une brute. Pensées (1670), 258 Pascal, Blaise. Commentez cette citation.
- Je blâme également, et ceux qui prennent parti de louer l'homme, et ceux qui le prennent de le blâmer, et ceux qui le prennent de se divertir; et je ne puis approuver que ceux qui cherchent en gémissant. Pensées (1670), 421 Pascal, Blaise. Commentez cette citation.