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Lecture analytique du portrait Fleur du désert de Colette

Publié le 06/09/2011

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Nous l’avions remarquée en entrant à Bou-Saâda, à l’heure où le coucher du soleil pose, sur la montagne la plus proche, une couleur d’un violet soudain, et sur la plus lointaine un rose aussi pâle que le rose d’un fer rouge en plein jour. La fatigue, l’admiration, trois cents kilomètres de désert déroulés à nos yeux ignorants, le sirocco, l’espace irisé derrière un rideau de sable suspendu, faisaient de nous des créatures éblouies et crédules. La même exclamation, jaillie de nos lèvres salées de poussière, saluait le crépuscule bref et la réverbération rose, arrachée par un ciel presque nocturne à des sables eux- mêmes rosés et plus lumineux que lui, les fusées de lauriers en fleurs, le vert ardent de la palmeraie et la forme rafraîchissante, en jet d’eau épanoui, des palmiers, - le vol empêtré et puissant d’un charognard énorme, le fil d’une source hors d’un mont calciné, la gaze, comme scintillante d’eau, d’une sauterelle à envergure d’hirondelle...

La petite fille que nous avions remarquée se tenait assise contre un mur éboulé d’argile crue, quelques cubes moulés à la main, à demi effrités et fondus, ce qui demeure d’un logis indigène après une courte pluie et une longue sécheresse. Elle pouvait compter cinq ans d’âge, et resplendissait de coquetterie mélancolique. Ses chevilles de biche, croisées, jouaient dans des khalkhals d’argent grossier; à ses bras tintaient des fils ton de métal, et nous touchâmes, avec une curiosité de barbares, ses petits pieds encroûtés de la vase du ruisseau, ses mains précieuses jamais lavées, brunies de henné. Elle avait de grands sourcils démesurés, peints en noir vif sur son front, une bouche fière aux commissures charnues, bien endentée, et des yeux sans âge, langoureux entre les cils épaissis de fard. Une étoile bleue marquait chaque ronde pommette, une flèche bleue divisait le menton. Des signes bleus, groupés, prolongement entre les yeux la ligne des sourcils. Un haillon rougeâtre, tordu sur les cheveux, laissait voir deux minuscules tresses poussiéreuses, arrondies sur l’oreille en cornes de bélier; d’autres lambeaux de cotonnade livraient aux regards ici un genou délié, là un flanc creux de petit lévrier. Le talus éboulé imitait exactement le ton de sa peau, un jaune clair mystérieusement mêlé de rose, et la petite fille immobile semblait née l’instant d’avant, fraîchement pétrie d’argile blonde, modelée d’une poignée de désert.

 

Rappel sur le déroulement de la séquence :

Séance 1 : lecture analytique du portrait de Tante Mélie de Vallès : l’écriture de l’éloge

Séance 2 : initiation au commentaire littéraire : plan détaillé sur le portrait de Tante Mélie

rédaction de l’introduction (travail personnel)

Séance 3 (module) : méthode du commentaire littéraire

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« L’éloge et le blâme Séance 4 : Lecture analytique du portrait Fleur du désert de Colette Rappel sur le déroulement de la séquence : Séance 1 : lecture analytique du portrait de Tante Mélie de Vallès : l’écriture de l’éloge Séance 2 : initiation au commentaire littéra ire : plan détaillé sur le portrait de Tante Mélie rédaction de l’introduc tion (travail personnel) Séance 3 (module) : méthode du commentaire littéraire Synthèse : Quelques observatio ns sur l’étude du portrait : Il s’agit d’un portrait qui fait l’éloge de la beauté d’une petite fille du désert.

Le titre « Fleur du désert » qui donne son surnom au personnage est une métaphore qui souligne l’idée de beauté et de rareté.

Le champ lexical de la beauté traverse tout le texte.

Il est surtout développé à travers des caractérisations physiques précises .

On le retrouve aussi à travers le thème de la finesse des traits et de la silhouette.

De plus le narrateur insiste sur la coquetterie de la petite fille par les références à son maqu illage et à ses bijoux.

Enfin l’originalité de la grâce du personnage qui frappe le na rrateur vient du fait que c’est une beauté ethnique .

L’écriture du portrait est aussi caractérisée par l’éloge moral de la petite fille.

Le narrateur suggère la fierté et la force qui se dégagent du personnage.

Il émane de la petite fille une fierté sauvage notamment par les métaphores empruntées au monde animal .

Le narrateur évoque aussi sa « mélancolie » qui est à mettre en relation avec sa position immobile et l’endroit où elle se trouve.

Le lieu respire en effet la misère et la ruine.

Le portrait établit un lien étroit, intrinsèque entre la petite fille et le désert.

« Fleur du désert » apparaît même comme une créa tion du désert.

On le perçoit par la composition de son surnom avec le complément du nom qui unit le perso nnage au désert et par de nombreuses expressions qui lient le corps de la pe tite f ille à la matière même du désert .

Le narrateur conclut le texte sur l’id ée qu’elle est le produit voire l’enfant du désert : elle semble créer par un potier ou à la manière de Dieu avec l’allusion biblique finale et apparaît comme une œuvre d’art .

L’écriture de ce portrait apparaît ainsi pleine de poésie qui frappe l’imagination et la sensibilité du lecteur.

Travail personnel pour lundi 18 mai : A partir de cette synthèse, des corrections des questions, de tout es les remarques faites à l’oral et du plan de commentaire réalisé en cours, vous rédigerez l’introduction du commentaire de ce texte, la partie de votre choix pour le développement et la conclusion.. »

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