Lecture analytique du Chapitre 19 De Candide (Voltaire) : Le Nègre de Surinam
Publié le 03/06/2012
Extrait du document
Enfin, à la fin du passage, Candide se révolte contre l’optimisme. En effet, l’esclavage constitue un démenti supplémentaire à cette thèse. De plus, Candide remet en cause les théories de ‘’Pangloss’’ (l 45). Pour cela il emplois le terme ‘’abomination’’ (l 45) pour évoquer la monstruosité de l’esclavagisme et l’absurdité de l’optimisme. Lorsque Cacambo demande ‘’Qu’est-ce qu’optimisme ?’’ (l 47), la définition donnée par Candide souligne sa prise de conscience par rapport au caractère illusoire de la philosophie optimiste. L’hyperbole ‘’la rage de soutenir’’ (l 48) évoque l’entêtement des optimistes. Toutefois, Candide ne fait rien pour le nègre. Ce détail permet de montrer au lecteur que la solution au problème du mal n’est pas forcément évidente.
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Candide de Voltaire, Chap 19, "Le Nègre de Surinam".De "En approchant de la ville (...)" à "(...) en pleurant, il entradans Surinam".
Introduction:Présentation de l'auteur et de l'oeuvre:Présentation du texte: Ce chapitre se trouve après le retour d'Eldorado de Candide et Cacambo.
Ils veulentretrouver Cunégonde et acheter un royaume avec les richesses rapportées de ce fabuleux pays.
L'heure est donc àl'optimisme.
Mais sur le chemin de Surinam, colonie hollandaise située en Guyane, ils perdent peu à peu leurs bienset font une rencontre cruelle.
Le ton du texte va donc brusquement changer lorsqu'ils abordent un esclave noiréchoué sur le chemin.
Ce retour à la réalité des personnages se veut un violent réquisitoire contre l'esclavage.
Lecture.Composition du passage:-Des lignes 1 à 13, la situation du nègre nous est décrite ainsi que son dépeintes ses conditions de vie.-Des lignes 13 à 24, le nègre se lance dans une réflexion théologique à propos de l'esclavage et Voltaire remet encause le comportement de l'Eglise face à cette question.-Le dernier passage du texte concerne la révolte de Candide et la remise en cause de son optimisme.Question posée: Par quels procédés Voltaire dénonce-t-il l'esclavage dans cet extrait ?Plan: Nous verrons qu'il le fait grâce aux registres pathétique et ironique, montrant que l'optimisme cache à nouveaul'horreur de l'esclavagisme.
I-Le registre pathétique.
Certains effets du texte ont pour but de toucher la sensibilité du lecteur.
Voltaire joue avec ce registre.1-Le Nègre dans une situation d'humiliation.-"ils" désignent Candide et son valet Cacambo.
Ils sont en mouvement (liberté) alors que le nègre est à terre("étendu par terre" l1 et2).
Il y a donc opposition entre liberté de mouvement des uns et immobilité de l'autre.-Dénuement extrême: "ne..que"l.2-Passivité: "j'attends mon maître"l.5 et 62-Description froide de ses mutilationsLe nègre explique les horreurs dont il a été victime sur un ton détaché qui en fait ressortir d'autant plus l'horreur.L'expression "C'est l'usage" l.8 résume bien cela.
S'enchaînent dans ses explications des rapports de cause à effet,qui sont comme un contrat dont le résultat est atroce.
C'est un formalisme administratif que met en relief Voltairepar ce ton volontairement détaché, l'horreur n'en est que plus perceptible: "Quand nous travaillons aux sucreries, etque la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe lajambe: je me suis trouvé dans les deux cas" lignes 9 à 12.
Le paraléllisme de construction met bien en valeur lacrauté extrême et systématique du traitement du personnage.3-Référence au passé de l'esclave.L'évocation de l'enfance de l'esclave renforce l'émotion que l'on ressent à la description de sa situation.
Sonhumanité transparaît à travers les paroles de sa mère.-Réalité de la vente "dix écus patagons" l.14-Tendresse de la mère et ignominie de son geste "mon cher enfant" l.14-Paradoxe entre les promesses innocentes de sa mère et la réalité horrible: jeu autour du mot" fortune", qui signifieà la fois argent et bonheur.-innocence du discours maternel , positif " bénis", "adore", "heureux" l.15, "honneur"l.16, "fortune"l.17.
ces mots sonttotalement en opposition avec la réalité vécue par l'esclave.4-Horreur soulignée par le narrateur et Candide lui-même:-Candide se fait le porte-parole du lecteur face au spectacle de la misère de cet homme.interjections: "Eh, mon Dieu" l.4 , "Ô Pangloss" l.25.
Le nègre lui-même souligne la cruauté de sa situation, "Hélas" l.17., "Les chiens (...) mille fois moins malheureux que nous" (l.19), "manière plus horrible" l.24.expressions de sympathie: "mon ami" l.5, "son nègre" en fin de passage.désignation de la réalité de la situation "état horrible" l.5, "qui t'a traité ainsi"l.7, "abomination" l.24Evocation des pleurs de Candide en fin de texte: "Il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant ilentra dans Surinam".
L'expression fait référence aux pleurs du Christ entrant dans Jérusalem, pleurant sur les péchésdes hommes qui vont bientôt le livrer à la mort (Luc, XIX, 41-44).-Expressions d'apitoiement du narrateur: "ce pauvre homme" l.3 "
Ainsi, Voltaire touche notre sensibilité, mais il manie aussi l'ironie et l'humour noir pour dénoncer l'esclavage.
II-L'Ironie au service de la dénonciation.
Cette ironie se révèle dans le décalage entre l'objectivité du constat du nègre et la réalité de ce qu'ilimplique.Voltaire pratique l'humour noir.1-Précisions anodines au regard de la situation : "lui dit Candide en Hollandais" l.4.; "la moitié de son habit" l.2, oncomprend ensuite qu'il a la moitié de son habit car il a été dépossédé de la moitié de lui-même.
Cette précision de.
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