Lecture analytique de l’éloge de l’hypocrisie, Dom Juan, acte V, scène 2.
Publié le 02/04/2012
Extrait du document
Compilation de questions.
En quoi Don Juan apparaît-il comme un virtuose du langage ?
Par quels procédés Molière dénonce-t-il les faux dévots ?
Quel rôle la tirade de l’hypocrisie joue-t-elle dans l’ensemble de l’oeuvre ?
Quelle(s) réaction(s) ce texte peut-il susciter chez le spectateur ou le lecteur ?
«
- La mise en valeur du scandaleux paradoxe selon lequel l’hypocrisie, même
découverte, reste un vice impuni « Que si je viens à être découvert (…) je serai
défendu par elle envers et contre tous »;
- L’allégorie personnifiant l’hypocrisie, érigée en censeur despotique : allusion
évidente à la censure exercée contre le théâtre en général et tartuffe en particulier par
la Compagnie du Saint-Sacrement désignée ici par « les gens du parti » et plus loin,
« la cabale » ;
- Métaphore filée de l’habit ( « manteau de la religion », « habit respecté », servant de
« bouclier » ;
- Ampleur des phrases périodiques au rythme ternaire : (dans une phrase de la
littérature classique, on reconnaît deux rythmes essentiels : le rythme binaire (phrase
composée de deux membres) et le rythme ternaire (phrase composée de trois
membres).
Le rythme binaire traduit souvent un équilibre, une harmonie, alors que le
rythme ternaire donne plutôt une idée d'abondance ou d'amplification.
Si les membres
de phrase vont du plus long au plus court, on parlera de cadence mineure ; si, au
contraire, ils vont du plus court au plus long, on parlera de cadence majeure.
Ce sont
les cas soulignés que l’on trouve dans la tirade de Dom Juan.
Est également dénoncée la crédulité des gens de « bonne foi », vrais dévots mais toujours
« dupes des autres ».
Enfin, le public le public contemporain pouvait entendre les lignes
suivantes comme une attaque personnelle contre certains hauts personnages, anciens libertins
notoires convertis de façon aussi brutale que spectaculaire, tels que le prince de Conti.
II Dom Juan se fait Tartuffe.
Un deuxième mouvement de la tirade s’amorce avec le passage de la troisième à la première
personne du singulier et du présent au futur de l’indicatif.
C’est la première fois que Dom
Juan, ce jouisseur de l’instant, se projette dans l’avenir pour anticiper les profits personnels de
son hypocrite conversion.
Celle-ci est motivée par l’opportunisme et le côté intéressé du
libertin que son père est probablement sur le point de déshériter –ou de faire emprisonner –cf.
les menaces de Dom Louis, IV, 4).
Au lieu de sauver » son âme comme le voudrait Done
Elvire, Dom Juan cherche à préserver ses « douces habitudes » libertines en agissant
désormais clandestinement (voir le lexique de la dissimulation).
Le masque de la dévotion
permet de faire le mal en toute impunité : telle est la perversité des faux dévots.
La péroraison (conclusion d’un discours), à l’ampleur croissante, dénonce avec vigueur
l’action de la « cabale » et son acharnement fanatique contre ses détracteurs : les hyperboles
et superlatifs soulignent l’inquiétante et insidieuse puissance des faux dévots qui déploient les
ruses de la persécution et de la calomnie « crieront en public contre eux, qui les accableront
d’injures, et les damneront hautement (…) ».
Là encore, on reconnaît clairement les attaques
dont Molière a été la victime.
La pointe finale résume toute l’ironie dénonciatrice de la tirade,
avec l’antithèse entre « sage esprit » et « vices » et la feinte justification de l’hypocrisie
comme un habile stratagème pour « profiter des faiblesses des hommes » et des « vices » de
l’époque..
»
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