Lecture analytique de l'acte III, scène 3, de Phèdre
Publié le 06/05/2013
Extrait du document
«
espoir : « la mort aux malheureux ne cause point d’effroi », sorte de maxime de sagesse qui
légitime sa prise de d écision.
Dans cette fin de sc
ène, Ph èdre ne jure que par la mort, puisqu’elle n’est que trop
coupable de l’avoir d
éjà retard ée. Face à Oenone qui va sans cesse argumenter, elle r épondra
peu, parce qu’elle est tourn
ée vers le d ésir de fuir cette vie. Pourtant, les deux r épliques qui
ponctuent la prise de parole
élabor ée de sa nourrice vont vivifier son affolement parce qu’elles
sont li
ées à deux d égo ûts contradictoires :
Le premier d
égo ût (vers 884) met fin au d ésir pour Hippolyte.
Le vocabulaire
employ
é accable le jeune homme puisqu’il en fait un « monstre » c’est àdire la
m
ême entit é repoussante dont se servait Ph èdre pour se qualifier à l’acte II. Notons
cependant l’importance du lexique du regard ( vois, yeux ), le lexique qui signale le
jeune homme comme un objet amoureux cette fois violemment repouss
é !
Le second d
égo ût (vers 893) est l’inverse du premier, puisque, en r éagissant
aux propos strat
égiques d’Oenone, Ph èdre fait d’Hippolyte un « innocent » qu’elle
refuse d’accuser injustement. Son cri est un cri de r
évolte !
Cette contradiction d
éstabilise la r ésolution de la reine. Elle ne sait plus comment juger
l’objet de sa perte.
Hippolyte estil un monstre qu’il faut abattre ou un innocent qu’il faut
sauver ? L’emprise d’Oenone sur sa volont
é se faisant de plus en plus grande, elle se trouve
non seulement dans une impasse psychologique mais aussi dans l’incapacit
é de se situer
dans une pens
ée rationnelle. La seconde r éplique est d’ailleurs une question, ce qui montre
l’
égarement que repr ésente pour elle, sur le plan moral, la strat égie d’Oenone. Ph èdre, priv ée
de sa passion et incapable d’utiliser sa raison, se fige dans une passivit
é terrifiante. A la fin de
la sc
ène, c’est le lexique du regard qui intensifie son affolement. Elle juge les yeux d’Hippolyte
« insolents » car sa simple vue la replace dans la m
ésestime de soi.
Et c’est ce regard
interpr
été par Ph èdre qui va faire d’Oenone l’instrument de la poursuite de la trag édie.
Passive, Ph
èdre le restera puisqu’elle abdique toute volont é d’agir. C’est Oenone qui
agira, qui sera coupable de mensonge, de calomnie, qui alimentera la vengeance de Th
ésée.
Et elle agira au nom de la r
éputation de sa ma îtresse (il faut remarquer ici que la r ègle de la
biens
éance du XVIIe si ècle emp êche Ph èdre de se plonger dans le vice de l’injustice).
Deuxi
ème axe : la machination d’Oenone
Oenone prend de l’ampleur dans cette sc
ène parce qu’elle ne se contente pas de
recevoir des sentiments, elle analyse et elle propose.
Le texte de Racine est un texte
argumentatif qui repose sur 5 arguments :
Le premier est un argument chr
étien.
Oenone montre que la mort est une
faiblesse . Avec habilet
é, elle va jusqu’ à dire que la mort équivaudrait à un aveu au
grand jour.
La l
âchet é est implicitement évoqu ée gr âce à la figure du redoutable
Th
ésée au vers 874. La fuite des responsabilit és (la mort) amplifierait un discours
accusateur. Si Hippolyte accuse Ph
èdre et si Ph èdre se tue, Th ésée conclura que
sa femme est coupable (notez le « on dira que… » du vers 873 terrible pour une
femme qui a le souci de son honneur).
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