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Lecture analytique de l'acte III, scène 3, de Phèdre

Publié le 06/05/2013

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Lecture Analytique de l'acte III, scène 3 de Phèdre (v. 857 - 912) Introduction Nous sommes dans la scène où le coup de théâtre tragique, le n?ud, va entraîner une culpabilité supplémentaire dans le c?ur de Phèdre : Oenone, au début de la scène 3, au vers 3 (au centre exact de la pièce  = III, 3,3) annonce que Thésée n'est pas mort. Il va paraître très rapidement, dans la scène suivante, comme le héros qu'il est, mais aussi comme un juge capable de punir. Phèdre est donc en proie à un accablement qui l'amène instinctivement à reformuler son propre désir de mourir pour ne rien dévoiler de son désir coupable. En face d'elle, Oenone veux tout faire pour la sauver. [ Lecture ] Vous m'avez demandé?.. Pour répondre à cette problématique, je vais développer les deux axes suivants : je vais montrer comment Racine met en scène l'affolement de Phèdre, puis je vais analyser la machination d'Oenone. Premier axe : l'affolement de Phèdre Les effets de l'angoisse de Phèdre sont à la mesure de la surprise du n?ud. Le retour de Thésée la met en présence de sa propre réputation salie. Au vers 860, elle évoque le Nom, c'est-à-dire le renom, que son désir et ses aveux ont forgés. Elle envisage sa faute comme un « héritage « (vers 861), elle qui a dû subir et assumer, en tant que fille de Pasiphaé, les crimes d'une mère (le vers 866 est donc à double sens : il évoque le présent mais aussi le passé traumatisant). L'affolement actuel de Phèdre va donc la resituer dans un univers bien connu, un univers psychologique très fragilisé. Les verbes qu'elle utilise sont des verbes qui mêlent le sentiment et la sensation : craindre, trembler. Il s'agit aussi d'un discours généralisateur dans son aspect moralisant : la descendance souffre toujours des fautes de la famille (voir le présent de vérité g&...
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« espoir   : «   la mort aux malheureux ne cause point d’effroi   », sorte de maxime de sagesse qui   légitime sa prise de d écision. Dans   cette   fin   de   sc ène,   Ph èdre   ne   jure   que   par   la   mort,   puisqu’elle   n’est   que   trop   coupable de l’avoir d éjà retard ée. Face  à Oenone qui va sans cesse argumenter, elle r épondra   peu, parce qu’elle est tourn ée vers le d ésir de fuir cette vie. Pourtant, les deux r épliques qui   ponctuent la prise de parole  élabor ée de sa nourrice vont vivifier son affolement parce qu’elles   sont li ées  à deux d égo ûts   contradictoires :  Le   premier   d égo ût   (vers   884)   met   fin   au   d ésir   pour   Hippolyte.

  Le   vocabulaire   employ é  accable   le   jeune   homme   puisqu’il   en   fait   un   «   monstre   »   c’est­ à­dire   la   m ême entit é repoussante dont se servait Ph èdre pour se qualifier  à l’acte II. Notons   cependant l’importance du lexique du regard ( vois, yeux ), le lexique qui signale le   jeune homme comme un objet amoureux cette fois violemment repouss é   !  Le   second   d égo ût   (vers   893)   est   l’inverse   du   premier,   puisque,   en   r éagissant   aux propos strat égiques d’Oenone, Ph èdre fait d’Hippolyte un «   innocent   » qu’elle   refuse d’accuser injustement.  Son cri est un cri de r évolte   ! Cette contradiction d éstabilise la r ésolution de la reine. Elle ne sait plus comment juger   l’objet   de   sa   perte.

  Hippolyte   est­il   un   monstre   qu’il   faut   abattre   ou   un   innocent   qu’il   faut   sauver   ? L’emprise d’Oenone sur sa volont é se faisant de plus en plus grande, elle se trouve   non   seulement   dans   une   impasse   psychologique   mais   aussi   dans   l’incapacit é  de   se   situer   dans une pens ée rationnelle.   La seconde r éplique est d’ailleurs une question, ce qui montre   l’ égarement que repr ésente pour elle, sur le plan moral, la strat égie d’Oenone. Ph èdre, priv ée   de sa passion et incapable d’utiliser sa raison, se fige dans une passivit é terrifiante. A la fin de   la sc ène, c’est le lexique du regard qui intensifie son affolement. Elle juge les yeux d’Hippolyte   «   insolents   »   car   sa   simple   vue   la   replace   dans   la   m ésestime   de   soi.

  Et   c’est   ce   regard   interpr été par Ph èdre qui va faire d’Oenone l’instrument de la poursuite de la trag édie. Passive, Ph èdre le restera puisqu’elle abdique toute volont é d’agir. C’est Oenone qui   agira, qui sera coupable de mensonge, de calomnie, qui alimentera la vengeance de Th ésée.

  Et elle agira au nom de la r éputation de sa ma îtresse (il faut remarquer ici que la r ègle de la   biens éance du XVIIe si ècle emp êche Ph èdre de se plonger dans le vice de l’injustice). Deuxi ème axe        : la machination d’Oenone    Oenone   prend   de   l’ampleur   dans   cette   sc ène   parce   qu’elle   ne   se   contente   pas   de   recevoir   des   sentiments,   elle   analyse   et   elle   propose.

  Le   texte   de   Racine   est   un   texte   argumentatif qui repose sur 5 arguments   :  Le   premier   est   un   argument   chr étien.

  Oenone   montre   que   la   mort   est   une   faiblesse . Avec habilet é, elle va jusqu’ à dire que la mort  équivaudrait  à un aveu au   grand   jour.

  La   l âchet é  est   implicitement   évoqu ée   gr âce   à  la   figure   du   redoutable   Th ésée au vers 874. La fuite des responsabilit és (la mort) amplifierait un discours   accusateur. Si Hippolyte accuse Ph èdre et si Ph èdre se tue, Th ésée conclura que   sa  femme  est  coupable  (notez  le «   on dira que…   » du  vers  873  terrible  pour une   femme qui a le souci de son honneur). »

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