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Lecture analytique Candide, Chapitre 30

Publié le 01/10/2018

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Candide, quant à lui, préfère l’action et conclut avec fermé : « cela est bien dit […] mais il faut cultiver notre jardin ». Cela signifie que le discours de Pangloss est bien tourné sur le plan rhétorique, mais que ce bavard impénitent n’a fait ici qu’une belle phrase, qui tombe à plat, car elle est vide de sens (rappelons qu’il ne prononce en effet qu’une seule longue phrase !)

La conjonction « mais » congédie les propos de Pangloss et introduit le mot de la fin dont la brièveté s’oppose aux interminables propos de Pangloss.

Une nouvelle fois, à un gros plan sur la totalité du monde succède un gros plan sur le « jardin ». Candide renonce une fois pour toutes aux questions vaines sur le sens de la vie et de l’univers. Devenu adulte, il prend le monde tel qu’il est et plaide pour une sagesse à la portée des hommes de bonne volonté. La répétition du mot d’ordre « il faut cultiver notre jardin » souligne sa détermination lucide et courageuse.

 

 

 

 

Conclusion générale :

 

Ce texte apporte une conclusion à l’évolution intellectuelle et morale de Candide.

Mûri par l’expérience, il s’est libéré des illusions de l’enfance et réunit dans sa métairie les conditions d’un bonheur limité, mais solide.

En philosophe des Lumières, il vit sous la conduite de la raison, faculté dont l’exercice permet de tenir sur le monde un discours juste.

Son langage est maintenant parfaitement adéquat à la réalité : il voit les choses telles qu’elles sont et non plus à travers les lunettes déformantes d’un système.

Pangloss, en revanche, manifeste un entêtement incurable. Il personnifie les dangers du fanatisme et du totalitarisme, qui, sous un discours à la rigueur apparente, maintiennent l’ordre établie, l’erreur et l’injustice.

L’entreprise du « jardin » peut sembler au bout du compte modeste, mais elle n’est qu’un début. L’essentiel, pour Candide et ses amis est d’avoir enfin trouvé un sens à leur vie et une méthode à l’action. Car, pour Voltaire, les actes sont préférables aux paroles. Mieux vaut construire une civilisation par le travail et réaliser concrètement le bonheur plutôt que de s’enfermer dans la logique d’un système stérile.

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« maturité de Candide. Candide réfléchit sur la leçon du « bon vieillard » : le travail procure un bonheur simple, mais plus sûr que les grandeurs illusoires des « six rois » détrônés que Candide a rencontrés à Venise. Pangloss entame une tirade sur le thème conventionnel de la fragilité des grandeurs royales.

Ce lieu commun entraine la prolifération d’un discours qui énumère les grands rois de l’histoire universelle ayant fini misérablement : rois de la Bible, puis ceux de l’Antiquité gréco-romaine, puis ceux de l’époque moderne cette accumulation prouve que Pangloss n’a rien compris à la consigne du « Te taire » prononcée auparavant par le derviche.

Il cède comme toujours au plaisir de la parole [discours rhétorique, logorrhée] mécanique verbale qui s’emballe et tourne à vide.

Les points de suspension soulignent l’automatisme et la sclérose de sa pensée : inutilité d’un discours qui pourrait durer jusqu’à l’infini. Le disciple coupe sèchement la parole à Pangloss : « Je sais aussi, dit Candide, qu’il faut cultiver notre jardin.

» Candide possède désormais une autorité qui lui permet de soustraire à l’autorité de son ancien maître.

Le « Je sais » est l’affirmation d’une connaissance fondée sur l’expérience vécue.

L’expression « il faut » implique à la fois une obligation physique et une prescription morale.

« Cultiver » est un verbe d’action qui précise, en l’intensifiant, le verbe « travailler » utilisé par Martin.

« Cultiver » suppose un processus de civilisation qui transforme rationnellement la nature.

« Notre » exprime la personnalisation affective de l’entreprise et insiste sur son caractère communautaire.

pour échapper à l’angoisse et à l’ennui, les hommes doivent se regrouper et participer à une œuvre collective. Avec le mot « jardin », on passe du point de vue général et creux (l’histoire universelle des rois) au point de vue particulier du petit domaine (la métairie).

Le mot « jardin » a un sens physique et géographique : il s’agit d’une petite entreprise agricole qui permet à chacun de ses membres d’assurer sa subsistance et de se rendre utile idéal des « physiocrates » (penseurs qui considéraient que le progrès reposait principalement sur le développement de l’agriculture).

Enfin, le mot « jardin » fait écho au paradis perdu décrit dans la Genèse [premier livre de la Bible], endroit mythique où l’Homme jouissait d’une félicité parfaite et éternelle (!).

Le jardin est le troisième lieu emblématique du roman : Thunder-ten-tronckh fut pendant longtemps pour Candide l’image du « paradis terrestre » ; l’utopie d’Eldorado est apparue ensuite comme la révélation d’un monde idéal fournissant une alternative à cette référence primordiale.

Avec le « jardin » nous est proposé un ultime symbole du bonheur, qui abandonne les fausses valeurs de Thunder- ten-tronckh et prend la perfection d’Eldorado pour modèle.

A l’opposé des système de pensée qui spéculent sur les fins dernières de la destiné humaine et placent le paradis dans un au-delà hypothétique, Voltaire définit une sagesse pratique fondée sur le travail et tournée vers l’action. Pangloss ne désarme pas et poursuit sa logorrhée [flux de paroles inutiles].

Avec obstination, il fait appel, pour expliquer la situation présente, à la métaphysique [recherche intellectuelle qui vise à découvrir la vérité au-delà de l’expérience concrète].

Il cite et interprète la Genèse avec une érudition pédante : « Car quand l’homme fut mis dans le jardin d’Eden, il y fut mis ut operaretur eum [= pour qu’il y travaillât], pour qu’il y travaillât ; ce qui prouve que l’homme n’est pas né pour le repos.

» La référence au jardin d’Eden souligne à nouveau l’importance que joue dans ce texte le motif du paradis.

Mais Pangloss l’utilise seulement pour reprendre à son compte un dogme chrétien : le travail serait un châtiment que Dieu a imposé à l’Homme pour le rachat de ses péchés.

Le travail n’est pas, comme pour Voltaire ou pour Candide, l’expression de la liberté humaine, il est une souffrance et une malédiction.

Une. »

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