Lecture allégorique de Circé
Publié le 07/10/2018
Extrait du document
Circé vit dans une île sans homme, dans une forêt aux animaux étranges, d’apparence sauvage mais qui se conduisent comme des animaux domestiques. Ce sont des hommes qu’elle a transformés. En effet, par ses philtres faits de « miel, de farine et de vin de Pramnos », elle transforme en animaux tous ceux qui foulent son territoire : alors qu’ils partent en reconnaissance sur son île, la magicienne change les compagnons d’Ulysse en porcs. Euryloque est le seul rescapé. Hermès a donné à Ulysse une plante magique, le « moly », dont la racine est noire et la fleur « couleur de lait pur ». Le héros résiste ainsi aux sortilèges de la magicienne et la contraint à redonner à ses compagnons leur forme première.
Circé
Elle les conduisit vers les sièges et les fauteuils, puis leur mêla du miel, de la farine et du fromage dans du vin de Pramnos, ajoutant ensuite au mélange un philtre qui devait leur faire oublier la patrie. Elle avança la coupe, qu’ils vidèrent ; peu après, sur un coup de baguette, ils étaient bouclés dans les tects. Des cochons, ils avaient les groins, les grognements, les
soies, tout enfin, sauf l’esprit, qui resta esprit de mortel. Odyssée, X, 233-240
La transformation des compagnons d’Ulysse en porcs a été rapprochée de rites d’affranchissement d’esclaves, à qui on donnait puis retirait des bonnets en peau de bête. Héraclite* interprète le breuvage de Circé comme la « coupe de la volupté ». « Les intempérants s’y abreuvent et pour le fugitif plaisir de se gorger, ils se condamnent à une vie plus misérable que celles des porcs. Ainsi les compagnons d’Ulysse, troupe imbécile, cèdent à la goinfrerie, mais la sagesse d’Ulysse sort victorieuse de cette vie sensuelle près de Circé. » Hermès, qui avertit Ulysse, est une « allégorie du discours raisonnable » et le « moly » qu’il lui donne est une image de la sagesse (Héraclite, Allégories d’Homère, chap. 70, 7 et 72, 2-4). D’autres lectures ont été développées. Pour les pythagoriciens et les néoplatoniciens, la transformation des compagnons d’Ulysse en porcs confirmerait leur théorie de la métempsycose : ceux qui ont mené une vie dissolue seront réincarnés en animaux. D’un point de vue botanique, le « moly » serait pour Théophraste une sorte d’ail, qu’on retrouve chez Linné sous le nom d’Allium moly. Sur un plan philosophique et moral, le « moly » symboliserait chez les stoïciens la raison face aux déchaînements des passions.
«
pris de passion, elle les retenait, esclaves insensés de leur penchant pour le plaisir ; mais elle aussi, Ulysse la
vainquit.
Circé vit dans une île sans homme, dans une forêt aux animaux étranges, d’apparence sauvage mais qui se
conduisent comme des animaux domestiques.
Ce sont des hommes qu’elle a transformés.
En effet, par ses
philtres faits de « miel, de farine et de vin de Pramnos », elle transforme en animaux tous ceux qui foulent son
territoire : alors qu’ils partent en reconnaissance sur son île, la magicienne change les compagnons d’Ulysse en
porcs.
Euryloque est le seul rescapé.
Hermès a donné à Ulysse une plante magique, le « moly », dont la racine est
noire et la fleur « couleur de lait pur ».
Le héros résiste ainsi aux sortilèges de la magicienne et la contraint à
redonner à ses compagnons leur forme première.
Circé
Elle les conduisit vers les sièges et les fauteuils, puis leur mêla du miel, de la farine et du fromage dans du vin de
Pramnos, ajoutant ensuite au mélange un philtre qui devait leur faire oublier la patrie.
Elle avança la coupe, qu’ils
vidèrent ; peu après, sur un coup de baguette, ils étaient bouclés dans les tects.
Des cochons, ils avaient les
groins, les grognements, les
soies, tout enfin, sauf l’esprit, qui resta esprit de mortel.
Odyssée, X, 233 -240
La transformation des compagnons d’Ulysse en porcs a été rapprochée de rites d’affranchissement d’esclaves, à
qui on donnait puis retirait des bonnets en peau de bête.
Héraclite* interprète le breuvage de Circé comme la «
coupe de la volupté ».
« Les intempérants s’y abreuvent et pour le fugitif plaisir de se gorger, ils se condamnent à
une vie plus misérable que celles des porcs.
Ainsi les compagnons d’Ulysse, troupe imbécile, cèdent à la
goinfrerie, mais la sagesse d’Ulysse sort victorieuse de cette vie sensuelle près de Circé.
» Hermès, qui avertit
Ulysse, est une « allégorie du discours raisonnable » et le « moly » qu’il lui donne est une image de la sagesse
(Héraclite, Allégories d’Homère, chap.
70, 7 et 72, 2-4).
D’autres lectures ont été développées.
Pour les
pythagoriciens et les néoplatoniciens, la transformation des compagnons d’Ulysse en porcs confirmerait leur théorie
de la métempsycose : ceux qui ont mené une vie dissolue seront réincarnés en animaux.
D’un point de vue
botanique, le « moly » serait pour Théophraste une sorte d’ail, qu’on retrouve chez Linné sous le nom d’Allium
moly.
Sur un plan philosophique et moral, le « moly » symboliserait chez les stoïciens la raison face aux
déchaînements des passions.
Pour les chrétiens, il serait le Verbe de Dieu rachetant la condition humaine et, pour
les alchimistes, la connaissance hermétique, qui est difficile à arracher, et dont la racine est amère et la fleur
blanche.
Enfin, Joyce dans Ulysse multiplie les jeux de mots et les voies d’interprétation du Holy Moly (saint Moly),
que Jacques Aubert commente sous un angle psychanalytique dans le séminaire de Lacan du 20 janvier 1976.
Lecture allégorique du chant des sirènes
Les Sirènes
D’abord tu croiseras les Sirènes qui ensorcellent tous les hommes, quiconque arrive en leurs parages.
L’imprudent
qui s’approche et prête l’oreille à la voix de ces Sirènes, son épouse et ses enfants ne pourront l’entourer ni fêter
son retour chez lui.
Car les Sirènes l’ensorcellent d’un chant clair, assises dans un pré, et l’on voit s’entasser près
d’elles les os des corps décomposés dont les chairs se réduisent.
Odyssée, XII, 39-46
Sur les conseils de Circé, Ulysse a bouché les oreilles de ses compagnons avec de la cire afin qu’ils n’entendent
pas le chant ensorcelant des Sirènes.
Lui peut les écouter, mais doit avoir les pieds et les mains liés au mât du
navire.
Ses hommes font preuve d’une sagesse exemplaire et n’ôtent pas la cire de leurs oreilles.
Eustathe***.
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