L'écriture autobiographique est-elle une manière de se préparer à la mort ou de conserver la saveur de la vie ?
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
• Type de sujet : il s'agit de choisir entre deux thèses.
• Reformulation de chacune des thèses contenues dans le sujet : 1/ L'auteur qui fait lui-même le récit de sa vie passée écrit la conclusion de son existence ; 2/ L'auteur qui fait lui-même le récit de sa vie passée entretient les plaisirs et les joies de l'existence.
• Problématique : L'autobiographe travaille-t-il à conclure son existence ou à entretenir les joies de sa vie ?
«
maison.
De plus, l'écriture autobiographique ressuscite les êtres chers qui ont disparu.
Colette ne fait pas lepanégyrique de sa mère, ne la fige pas dans un éloge trop parfait, trop éloigné du souvenir réel.
Elle se plaît àentendre à nouveau, par l'emploi du discours direct, la voix de Sido : « Beauté, Joyau-tout-en-or » (l.
32-33), «Chef d'oeuvre » (l. 34).
Elle lui redonne la parole avec ce que ses expressions pouvaient avoir de ridicule et d'attendrissant.
Ainsi, dans le souvenir des belles choses, on cherche à retrouver le plaisir passé : sensationsagréables et voix qui se sont tues.
Mais l'écriture décuple le plaisir du souvenir car elle est un des moteurs de lamémoire.
La mémoire du passé ne préexiste pas nécessairement à la rédaction, qui suscite l'émergence de souvenirsnouveaux.
Ainsi, dans l'écriture d'Albert Cohen, la musique des mots fait jaillir des épisodes passés, enfouis dans lamémoire : les « chromos » (l.
2) appellent « conforts et confitures » (l.
2), « les « noyaux d'abricots thésaurisés »(l.
17), les « boîtes à herboriser » (l.
17)...
récriture donne une dynamique nouvelle à la mémoire, multiplie lessouvenirs savoureux.
[B.
Le plaisir de la création]
Si l'écriture autobiographique rend plus vif le plaisir de se plonger dans le passé, elle procure aussi des satisfactionspropres.
En effet, l'autobiographe, malgré le pacte de sincérité, ne se contente pas toujours de répéter : il estparfois amené à créer.
Contrairement au diariste, il écrit en effet pour être lu : il doit donc prendre conscience deson lectorat.
Comment capter son attention, le séduire, le charmer ? Cela implique souvent variété de registres,ajouts et corrections.
Chateaubriand, dans Mémoires d'Outre-tombe, se peint ainsi en héros du Moyen Âge, « un reste de ces pirates dont saint Aaron avait purgé son rocher », dans un savoureux épisode dont le registrehéroïcomique gomme la banalité : il s'agissait en effet d'un simple jeu d'enfant.
Par ailleurs, l'autobiographe peut êtrevictime de trous de mémoire, d'incertitudes comme Colette le reconnaît : « je ne pourrais dire si ce rouge, ce violet,dépendaient, dépendent encore d'un sentimental bonheur ou d'un éblouissement optique » (l.
16-17).
L'invention,qui met à jour le véritable caractère de l'autobiographe, se substitue alors au souvenir.
Amélie Nothomb, dans La Métaphysique des tubes fait son autobiographie de zéro à trois ans et comble le vide de la mémoire par le portrait d'un être supérieurement intelligent, bilingue dès sa naissance, consciente de son importance au sein du cerclefamilial.
Qu'il s'agisse du désir de plaire au lecteur, et d'une transformation consciente des faits, ou d'un trou demémoire, qui peut générer une métamorphose inconsciente du passé, l'écriture autobiographique se révèle souventinvention.
S'inventer une vie nouvelle, se peindre en héros, peut être l'occasion de rendre savoureuse une existencebanale, décevante ou malheureuse.
[Conclusion partielle] Parce qu'elle excite la mémoire de l'autobiographe qui revit les joies du passé, parce qu'elle stimule sa créativité et lui permet de se mettre en scène, l'écriture autobiographique non seulement conserve lasaveur de la vie, mais produit des plaisirs nouveaux.
[Conclusion]
Qu'elle soit marquée par le regard évaluatif et lucide de celui qui se prépare à mourir ou par l'enthousiasme sanscesse renouvelé de celui qui savoure l'existence, l'écriture autobiographique apparaît tout d'abord comme uneentreprise personnelle et intime, dans laquelle l'auteur est peut-être second, sans pour autant être secondaire.
Deplus, on peut avancer que l'autobiographe se prépare d'autant mieux à la mort qu'il profite des goûts et des saveursde la vie..
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