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LEBRUN-PINDARE, surnom de Ponce Denis Écouchard-Lebrun : sa vie et son oeuvre

Publié le 14/01/2019

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LEBRUN-PINDARE, surnom de Ponce Denis Écouchard-Lebrun (1729-1807). Le surnom de « Pin-dare » que ses contemporains décernèrent à Ponce Denis Écouchard-Lebrun, en signe d’enthousiaste admiration, marque son nom d’un irrémédiable ridicule : il souligne le contraste entre la sublimité des ambitions et la médiocrité du caractère ou la froideur des réalisations d’un poète qui reste un maître de la lyrique néoclassique et un redoutable épigrammatiste.
 
Grandeur et misères du « Pindare français »
 
Fils d’un valet de chambre du prince de Conti, Lebrun, après de brillantes études, est remarqué par Louis Racine, dont il devient l’élève : cette stricte filiation classique se reflète dans la netteté sèche et concise de son style. Le tremblement de terre de Lisbonne, en 1755, lui inspire deux odes qui le font remarquer; il projette une épopée sur la nature, mais acquiert la célébrité grâce à ses odes à Buffon et à Voltaire (1760) : en des vers émouvants, il présente au patriarche de Ferney la nièce de Corneille réduite à la misère et provoque ainsi une glorieuse adoption. Tout entier à sa vocation lyrique, épris de grandeur et de perfection, irascible et hautain, il méprise les coteries, mais s’attache, pour vivre, à des protecteurs : Conti, le comte de Vaudreuil, Calonne... Il polémique rudement

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« Ce violent engagement ne l'empêche pas de se rallier à Bonaparte, qui lui accorde une forte pension.

Il meurt en 1807, et ses œuvres, qu'il avait négligé de réunir, sont éditées en 181 1 par son ami Ginguené.

La voix lyrique Les traverses et les palinodies de la vie, les faiblesses de la conduite publique et privée font ressortir la seule et inflexible constance de cet homme sans convictions, sans idées, sans principes : la poésie, où se concentrent grandeur, imagination, fermeté si cruellement absentes par ailleurs.

Ses odes se caractérisent par un souffle fié­ vreux, la noblesse soutenue du vocabulaire, une hauteur aride, sans grâce ni concession au pittoresque, des ruptu­ res vives et abruptes : à ce «grand style)> s'opposent l'abondance plus facile de Jean-Baptiste Rousseau et l'harmonie imitative plus diffuse du poème didactique et descriptif.

Lebrun protégea les débuts littéraires d'André Chénier, amant passionné de l'antique : mais sa manière raide, sans abondance, qui privilégie les lois formelles et métriques, l'égalité de tessiture, aux dépens de la puis­ sance évocatoire de m9ts, est aux antipodes de la noncha­ lance charmeuse des Elégies.

Tl lui faut la compagnie des grands hommes, le choc des événements glorieux, la solennité des fêtes publiques; ainsi célè�re-t-il, en des vers au timbre sonore, le Buffon des Epoques de la nature : Au sein de l'Infini ton âme s'est la n cée; Tu peuplas ses déserts de ta vaste pensée.

La Nature, avec toi, fit se pt pas écla ta nts; Et, de son regne immense embrassant tout l'espace, Ton immuable audace A posé sept flambeaux sur la route des Tem ps .

La véhémence satirique A l'admiration et à l'élévation tendues qui signalent les odes correspond 1' âpreté concise et violente des vers satiriques semés contre les ennemis, les amis, les parents ou les maîtres : versant complémentaire du talent de Lebrun, non plus compensateur, comme le lyrisme, mais serviteur des vivacités ou des bassesses du caractère.

Une strophe d'une prophétique énergie réclame, en 1793, la violation de:> sépulcres royaux : Purgeons le sol des patrio tes, Par les rois encore infecté : La terre de la lib erté Rejette les os des despotes.

De ces monstres divinisés Que tous les cercueils soient brisés! Que leur mém oire so it flé trie! Et qu'avec leurs crânes errants Sortent du sein de la pat rie Les cadavres de ces tyrans .

Le Tyrtée qui précède et attise les passions populaires ou les haines politiques est aussi un Archiloque dont les flèches épigrammatiques fusent en traits serrés et mordants.

La Harpe, « qui venait de parler du grand Corneille avec irrévérence », s'attire un dizain vengeur : Ce petit hon me, à son petit compas, Veut sans pude ur asservir le génie; Au bas du Pinde, il trotte à petits pas, Et croit franchir les sommets d'Aonie.

Au grand Corneille, il a fait avanie; Mais, à vrai dire, on riait aux éclats De voir ce nain mesurer un Atlas; Et redoublant ses eff or ts de Pygmée, Bu rlesqueme nt roidir ses petits bras Pour étoffer si haute renommée.

Ainsi, au cœur même des passions littéraires et des querelles d'écrivain, une amère sévérité s'éclaire et se relève du respect grave dû au génie.

Cela distingue le vrai poète et traverse toute l'œuvre de Lebrun : une telle conscience de la grandeur anime d'une fière aspiration les strophes trop correctes des odes et les acerbes diatri­ bes de la satire.

BIBLIOGRAPHlE Quelques textes dans Jean Roudaut, Poètes et grammairiens au xvut siècle, Gallimard, 1971, p.

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O.

MADELÉNAT. »

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