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Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. Boileau

Publié le 19/03/2020

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«De ce qui a été dit résulte clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a réellement eu lieu mais ce à quoi on peut s’attendre, ce qui peut se produire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité. » (chapitre IX, 1451 b)
«Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable: Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. Une merveille absurde est pour moi sans appas : L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas.» (v. 47 à 50)
« Le possible n’en sera pas aussi le sujet, car il y a bien des choses qui se peuvent faire, ou par la rencontre des causes naturelles, ou par les aventures de la morale, qui pourtant seraient ridicules et peu croyables si elles étaient représentées. »
«Le vrai n’est pas le sujet du théâtre parce qu’il y a bien des choses véritables qui n’y doivent pas être vues, et beaucoup qui n’y peuvent pas être représentées... Il est vrai que Néron fit étrangler sa mère et lui ouvrit le sein pour voir en quel endroit il avait été porté neuf mois avant que de naître; mais cette barbarie, bien qu’agréable à celui qui l’exécuta, serait non seulement horrible à ceux qui la verraient, mais même incroyable à cause que cela ne devait point arriver; et entre toutes les histoires dont le poète voudra tirer son sujet, il n’y en a pas une, au moins je ne crois pas qu’il y en ait, dont toutes les circonstances soient capables du théâtre, quoique véritables, et que l’on y puisse faire entrer, sans altérer l’ordre des succès, le temps, les lieux, les personnes, et beaucoup d’autres particularités. »

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« 49 • VRAI (et vraisemblable) / 367 La notion centrale est ici celle de «vraisemblable», qui peut être incompatible avec celle de « vrai», mais aussi bien avec cette autre que l'on serait en droit de dénommer la pure fiction (la «merveille» est le fruit prodigieux, étonnant, de l'imagination).

Pour être en mesure de croire, l'esprit du spectateur ne doit pas être déconcerté par ce qui, jugé «absurde», blesse sa raison.

► Qu'est-ce que le vraisemblable? La composition du mot le laisse entendre: ce qui semble vrai (vrai-sem­ blance).

Si Je «vrai» peut ne pas sembler «vrai», c'est qu'une vérité supérieure prévaut, que la tragédie doit respecter si elle veut séduire (par les «appas» auxquels fait allusion Boileau) ou toucher (l'esprit en est «ému») le principal intéressé, c'est-à-dire le «spectateur».

Faute de préciser davantage le sens de cette assertion, Boileau nous invite à recueillir d'autres avis autorisés sur cette importante question.

Et d'abord celui d'Aristote, penseur grec du IVe siècle avant J.C., dont la Poétique a exercé une influence considérable en Occident, depuis la Renaissance, et a infléchi pour longtemps les grands cou­ rants de réflexion sur le théâtre.

Traduite d'abord en latin (en 1498 puis, avec plus de fidélité, en 1536), éditée en grec en 1503 et abondamment commentée, la Poétique d'Aristote est traduite en français tardivement (en 1671).

Théoriciens et auteurs considèrent, tout au long du XVIIe siècle, que la fiction théâtrale doit rester tributaire de la réalité: le théâtre est un art destiné à donner l'illusion de la réalité.

En d'autres termes, l'imitation de la réalité (la « mimè­ sis », en grec) constitue l'un des deux pôles de cette conception : le dramaturge s'appuie sur l'observation, la connaissance de la nature, des faits, des apparences sensi­ bles.

A l'autre pôle, la vraisemblance s'inscrit dans le champ du possible : « De ce qui a été dit résulte clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a réellement eu lieu mais ce à quoi on peut s'attendre, ce qui peut se pro­ duire conformément à la vraisemblance ou à la néces­ sité.» (chapitre IX, 1451 b). »

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