Le tragique dans Electre de Giraudoux
Publié le 07/01/2020
Extrait du document

Une prédestination intérieure
Les personnages obéissent enfin à une logique et à une force intérieures qui rendent leur devenir inéluctable. Ils sont pour ainsi dire programmés pour un acte précis. Le mendiant relate comment la jeune louve inoffensive qu'avait adoptée la femme Narsès, est un jour devenue une grande louve dangereuse (1,3). Le fauve s'est soudain « déclaré » dans l'animal.
Le mendiant généralise ensuite l'exemple : « Tout se déclare, dans la nature » (1,3, p. 37). Même les êtres humains. « Quel jour, interroge-t-il, [Électre] devient-elle louve? Quel jour devient-elle Électre? » (p. 36). L'anecdote de la louve permet de comprendre ce que signifie cette notion de « déclaration », qui est l'un des mots et des thèmes clés de la pièce. Les animaux comme les hommes deviennent ce que leur nature leur demande d’être.

«
son entreprise par Égisthe, seul survivant des enfants de Thyeste.
Électre est la dernière représentante de cette famille depuis tou
jours marquée par une série d'actes horribles.
Elle descend d'une
race de criminels.
De ce passé effroyable, Jean Giraudoux rappelle le souvenir.
Le jardinier signale l'emplacement de« la chambre où Atrée, le
premier roi d'Argos, tua les fils de son frère )) ; et une des
Euménides évoque Cassandre 1, morte « étranglée )> (1, 1, p.
13).
Électre fait allusion au« supplice>> d'Iphigénie (1, 4, p.
41).
Comme
elle le dit elle-même, la référence au meurtre « se présente si
facilement dans la famille des Atrides >> (p.
41 ).
Un climat des
plus sombres baigne ainsi la pièce.
L'inquiétante présence du divin
Le surnaturel concrétise cette présence de la fatalité.
En effet
la mythologie associe les Euménides à la vengeance 2• La rapi
dité de leur croissance constitue la preuve tangible d'un destin
qui grandit en quelque sorte avec elles.
En outre, la nature énig
matique du mendiant est inquiétante.
Est-ce un vrai mendiant
ou un vrai dieu déguisé en mendiant?
Or les Euménides comme le mendiant possèdent un don de
divination ou une prescience de l'avenir qui confère à l'action un
caractère inévitable.
Ils la prédisent comme si tout était joué à
l'avance.
Dès la première scène, les Euménides parlent du
meurtre d'Agamemnon alors que, d'après la version officielle,
celui-ci est décédé accidentellement.
À la fin de la pièce, le men
diant raconte le meurtre de Clytemnestre et d'Égisthe alors que
le crime n'est pas encore complètement perpétré.
C'est la preuve
que son récit comportait une part d'anticipation.
Mais s'il peut
ainsi anticiper sans se tromper, c'est que le cours des événe
ments est déjà fixé.
Les personnages apparaissent en consé
quence prisonniers d'un destin qu'ils sont les seuls à ignorer et
au-devant duquel ils se précipitent en aveugles.
1.
Cassandre avait reçu des dieux le don de prévoir les catastrophes mais, en contrepartie de ce privilège, la divinité l'empêchait d'être crue par quiconque.
2.
Sur les Euménides, voir p.
36..
»
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