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Le titre d'une œuvre littéraire

Publié le 08/11/2018

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Le titre d'une œuvre littéraire (mais aussi cinématographique, picturale ou autre) sert d'abord à la distinguer des autres : l'information qu'il véhicule est avant tout classificatoire. Ainsi Mme de La Fayette a-t-elle simplement désigné ses romans du nom de l'héroïne (le personnage principal est appelé pour cette raison éponyme), suivant l'usage en vigueur depuis la tragédie grecque. Mais un simple numéro suffirait : Huit et demi de Fellini, Amphitryon 38 de Giraudoux... le Roman comique), jusqu'au « suspense» du roman-feuilleton : « Comment un Français arrange une affaire», chap. xxi de De la Terre à la Lune (Jules Verne). Mais par son contenu lexical, le titre rattache aussi 1' œuvre à une tradition mythique. Jules et Jim (roman de Henri-Pierre Roché) s'inscrit, consciemment ou non, dans le courant des couples gémellaires de l'Antiquité Castor et Pollux constituant 1'un des maillons

 

de cette chaîne féconde sur le plan littéraire; la Nouvelle Héloïse reprend une légende médiévale, tout en connotant le genre \"sentimental\", remis à la mode par un Richardson. Le titre doit en effet créer aussi une impression d'appartenance à tel ou tel genre, à telle ou telle série, afin de guider, avec d'autres indications comme le nom de l'éditeur, l'intitulé de la collection, etc., le choix du lecteur-consommateur. Ainsi les romans de Françoise Sagan sont-ils reconnaissables à leur titre poétique, ceux de San Antonio à leurs expressions argotiques ou populaires, ceux de Jean Bruce à leurs jeux de mots parono-mastiques, la science-fiction à ses énigmes futuristes, etc.

 

Toutefois, dans une perspective commerciale et publicitaire, 1' << industrie >> du livre tend de plus en plus à investir le titre de fonctions documentaires (annoncer le thème, le sujet ou résumer le contenu) et surtout promotionnelles (susciter des fantasmes, allécher et faire rêver le lecteur en renforçant au besoin 1' effet spectaculaire par une bande-annonce). Le sous-titre, plus discret mais aussi plus objectif, vient parfois corriger 1' emphase rhétorique du titre en précisant le contenu exact du livre. Si la Peste correspond bien, dans sa brièveté et sa sécheresse mêmes, au contenu et au style du roman de Camus, la Puce à l'oreille de Duneton semble annoncer davantage un roman policier qu'un dictionnaire de linguistique sur l'étymologie des expressions idiomatiques; quant aux titres surréalistes, c'est le plus souvent avec l'intention de parodier les conventions romanesques qu'ils désignent l'œuvre, a contrario, par ce qui n'a rien à voir avec elle : Boris Vian, l'Automne à Pékin.

 

A ses origines, le titre apparaissait comme un syntagme complément d'un verbe sous-entendu, formulation calquée sur le latin : Lucrèce, De la nature. Les titres des chapitres ont suivi la même évolution, depuis le véritable sommaire de l'époque classique (cf. Scarron,

« le Roman comiqu e), jusq u'au «s uspense » du roman­ fe uilleton : « Comment un Français arrange une aff aire», chap.

xxr de De la Terre à la Lune (Jules Ver ne).

Mais par son con tenu lexical, le titre rattache au ssi 1' œuvre à une tradition mythi que.

Jules et Jim (roman de Henri -Pierre Roché) s'ins crit, consciemment ou non, dans le courant des couples gémellaires de l'A n­ tiquité Castor et Pollux constituant 1' un des maillons de cette cha îne féconde sur le pla n lit téraire ; la No uve lle Hélo ïse reprend une légende médiévale, tout en tant le genre « se ntimental >>, remi s à la mode par un Richa rdson.

Le titre doit en effet créer aussi une impr es­ sion d'app arte nance à tel ou tel genre, à telle ou telle série, afin de guider, avec d'autre s indica tions comme le nom de l'éditeur, l'intitulé de la collection, etc., le choix du lecteur- consommateur.

Ainsi les romans de Franç oise Sa gan sont-ils reconnai ssables à leur titre poétique, ceux de San Antonio à leurs expressions argotiques ou popu­ la ires, de Jea n Br uce à je ux de mots parono­ la science-f iction à ses énigmes futuri stes, etc .

Une typologie, même succincte, permettrait donc de dégager quelques-uns des mécanismes essentiels du titra ge.

Ajoutons enfin que dans le cas des œuvres de grande : films, chansons, « inf ralittéra­ ture >> ...

, le choix du titre est abandonné à des spécia lisés, et que son dépôt a une incidence juridique et économ ique parti cul ièrement importante relativement aux droits de la propriété littéraire BI BL IOGRAPHIE Ch.

Moncelet, Essai sur le titre, Aubière, Éd.

B.O.F., 1972; Cl aude Duchet, , dans Littératur e, 12, déc .

19 73; Jean Molino, >, dans Sociocr itique, Nathan, 1979.

Le travail de référe nce sur su je t est désormais la thèse de Leo H.

Hœk, la Ma rque du titre.

Dispositif s sémiotiques d'une pratique textuelle, Paris/La Haye/ New York, Mouton, 1981.

B.

VALETTE. »

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