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Le théâtre : texte et représentation

Publié le 18/01/2020

Extrait du document

Objet d’étude : Le théâtre : texte et représentation. CORPUS

TEXTE A. Marivaux, L’île des esclaves, scène 1 et scène 2 (extrait), 1725.

TEXTE B. Jean Anouilh, Antigone (extrait), 1944.

TEXTE C. Jean-Paul Sartre, Les Mains sales, 6e tableau, scène 2 (extrait), 1947.

TEXTE D. Bernard-Marie Koltès, Le Retour au désert (extrait), 1988.

ÉCRITURE

I. Après avoir lu tous les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante. Question (4 points)

Après avoir rapidement défini l’enjeu de l’affrontement dans chacune de ces scènes, vous direz laquelle vous paraît la plus intense. Vous justifierez votre choix.

II. Vous traiterez ensuite, au choix, l’un des sujets suivants.

1. Commentaire (16 points)

Vous commenterez l’extrait de la pièce de Koltès, Le Retour au désert (texte D).

2. Dissertation (16 points)

En vous appuyant sur le corpus, vos lectures et éventuellement votre expérience de spectateur, vous vous demanderez de quelles ressources spécifiques dispose le théâtre pour représenter les conflits, les débats, les affrontements qui peuvent exister dans les rapports humains.

3. Invention (16 points)
Un metteur en scène s’adresse à l’ensemble de son équipe (acteurs, scénographe, costumiers, éclairagistes...) pour définir ses choix d’interprétation de l’extrait d’Antigone (texte B) et donner ses consignes pour qu’elle devienne, lors du spectacle, une grande scène d’affrontement.
Vous rédigerez son intervention.

■ La question

L'originalité de la question

L'originalité de la question réside ici dans sa dimension argumentative ; on demande (« justifierez ») de défendre une position personnelle. En général, la question suppose une lecture attentive des textes afin d'en dégager, dans la perspective ■ ouverte par la consigne, les caractéristiques essentielles. On procède texte après texte ou de manière comparative selon la question (voir fiche [7]). Ici, l'aspect subjectif de la réponse constitue une nouveauté.

Les attentes de la question et le plan

La question présente deux parties bien distinctes et même deux types d'exercices. La première partie demande d'expliquer le but poursuivi par les protagonistes et donc la raison de leur affrontement. Cette consigne vérifie la bonne compréhension des textes.

La seconde partie (« vous direz laquelle vous paraît la plus intense ») vous invite à donner sans hésiter votre point de vue et à argumenter. Pour cela, il vous faudra préciser comment vous entendez l'adjectif « intense ».

La réponse traitera successivement les deux parties de la question.

Les quatre extraits proposés nous montrent un affrontement vif entre deux personnages. La comédie de Marivaux, L’Ile des esclaves, met en scène un maître, Iphicrate, et son valet, Arlequin ; Antigone d’Anouilh, inspirée de la tragédie* de Sophocle, présente les deux filles d’Œdipe, Ismène et l’héroïne éponyme, en désaccord quant à la conduite à adopter face à Créon ; Les Mains sales de Sartre font voir deux militants communistes, Hugo et Hoederer, l’un ayant reçu la mission de tuer l’autre ; enfin l’extrait du Retour au désert de Bernard-Marie Koltès est le seul avec cinq personnages, Aziz, Madame Queuleu et Édouard étant les témoins de la violente dispute entre le frère et la sœur, Adrien et Mathilde. Il convient de voir quel est l’enjeu de l’affrontement dans chaque texte et de mesurer l’intensité de cet affrontement.

Dans l’extrait de L’Ile des esclaves, Iphicrate veut échapper au sort réservé aux maîtres dans l’île où il vient d’échouer et demande l’aide de son serviteur. Son but est clair : conserver à la fois la vie sauve et la liberté. Arlequin voit dans cette situation insolite l’occasion de se venger d’Iphicrate, de donner une bonne leçon à un maître brutal et autoritaire afin qu’il se corrige : « on va te faire esclave à ton tour», « Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable, tu sauras mieux ce qu 'il est permis défaire souffrir aux autres. »

Dans la scène entre Antigone et Ismène, cette dernière, après avoir réfléchi, ne veut pas suivre le projet de sa sœur d’enterrer Polynice et de braver ainsi les ordres de Créon. Effrayée par les menaces de son oncle qui règne sur Thèbes, Ismène veut avant tout

On s'intéressera ensuite aux personnages et à tout ce qu'ils révèlent

I La violence sur scène

II La haine d'une femme blessée

III « Familles ! Je vous hais ! » Le procès d'une famille bourgeoise

Introduction

La rédaction de l'introduction du commentaire : après une présentation concise de l'œuvre dont est tiré le passage à commenter, vous présenterez les principales caractéristiques du texte puis vous annoncerez le plan choisi.]

Le théâtre de Bernard-Marie Koltès (1948-1989), auteur contemporain, est traversé par la violence des rapports humains, par la transposition poétique des rapports de domination et d’exploitation. [Présentation de l'œuvre. Si l'on ne dispose pas de connaissances personnelles, on peut s'aider du paratexte et des références]

L’extrait de sa pièce, Le Retour au désert, confirme la présence de ce thème de l’affrontement. Nous y découvrons un moment de vive dispute entre Adrien et Mathilde, un frère et une sœur, devant trois témoins, Édouard, Aziz et Madame Queuleu. Mathilde est revenue en France pour régler des comptes et récupérer la maison familiale. Dans ces quelques répliques, on voit tout un passé familial ressurgir, qui a déterminé les sentiments et le comportement des protagonistes, [présentation du texte et des aspects importants] C’est d’abord l’expression de la violence sur scène qui retiendra notre attention, avant l’étude approfondie de Mathilde, cette femme meurtrie, victime de l’oppression familiale, puis celle de tout un milieu bourgeois, parfaitement représenté par Adrien son frère, [annonce claire mais fluide du plan retenu]

I La violence sur scène

L’étude des didascalies et de l’enchaînement des répliques démontre que l’on a affaire à un affrontement extrêmement tendu entre les membres d’une famille, La violence transparaît à la seule lecture de la scène.

« le théâtre : texte et représentation 3.

Invention (16 points) Un metteur en scène s'adresse à l'ensemble de son équipe (acteurs, scénographe, costumiers, éclairagistes ...

) pour définir ses choix d'interprétation de l'extrait d' Antigone (texte B) et donner ses consignes pour qu'elle devienne, lors du spec­ tacle, une grande scène d'affrontement.

Vous rédigerez son intervention.

TEXTE A Marivaux, L'Îie des esclaves, scène 1 et scène 2, 1725.

SCÈNE 1 [La scène se passe sur une île; lphicrate, citoyen d'Athènes, vient d'y être jeté par la tempête en compagnie de son esclave Arlequin.

Ils sont apparemment les seuls survivants du naufrage.

Nous sommes dans une antiquité de convention.] IPHICRATE -Eh ! ne perdons point de temps, suis-moi, ne négligeons rien pour nous tirer d'ici; si je ne me sauve, je suis perdu, je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l'île des Esclaves.

ARLEQUIN- Oh, oh! Qu'est-ce que c'est que cette race-là? 5 IPHICRATE Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici: tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.

10 ARLEQUIN Eh ! chaque pays a sa coutume ; ils tuent les maîtres, à la bonne heure, je l'ai entendu dire aussi, mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi.

IPHICRATE - Cela est vrai.

ARLEQUIN - Eh! encore vit-on.

1s IPHICRATE- Mais je suis en danger de perdre fa liberté, et peut-être la vie; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre? ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire - Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.

IPHICRATE - Suis-moi donc.

20 ARLEQUIN siffle - Hu, hu, hu.

IPHICRATE Comment donc, que veux-tu dire? ARLEQUIN, distrait, chante Tala ta lara.

IPHICRATE - Parle donc, as-tu perdu l'esprit, à quoi penses-tu? ARLEQUIN, riant- Ah! ah! ah! Monsieur Iphicrate, la drôle d'aventure; je 25 vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m'empêcher d'en rire.

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