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LE THÉATRE RELIGIEUX AU MOYEN AGE

Publié le 19/05/2011

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MIRACLES ET MYSTÈRES

Pour bien comprendre le théâtre religieux du moyen âge, il faut se rappeler que ces représentations ont été, à l'origine, un complément des cérémonies de l'Église, — qu'elles sont, en principe, destinées à l'édification des spectateurs, — et que ces spectateurs y apportent des dispositions d'esprit qui ne peuvent se comparer que de très loin avec celles de notre public contemporain.

I. — Du XIe au XIVe siècle. Drames lituriques et Miracles.

Le Drame liturgique. — C'est dans les cérémonies et dans les offices de l'Église que naquit le drame liturgique. Le clergé se plaisait à introduire dans les textes des développements en latin (tropes) : puis des morceaux récités par un personnage, et enfin des dialogues, d'abord en latin, et, dès le XIe siècle, en français. Les grandes fêtes, Noël, Pâques, la Pentecôte, etc..., fournissaient d'elles-mêmes la matière de véritables représentations, dans le choeur de l'Église. De même, les paraboles célèbres de l'Évangile pouvaient être dramatisées.

« exercice, et, de là, représentation.

Mais nous conservons ici l'orthographe traditionnelle.Les premiers mystères semblent avoir été des pantomimes, ou plutôt des tableaux vivants organisés à certainesfêtes, aux entrées de rois, aux réceptions d'ambassadeurs.

Mais, dès les premières années du XVe siècle, le termes'applique plus spécialement, sinon exclusivement, aux pièces tirées de l'Ancien et du Nouveau Testament, de lalégende des saints et, par exception, de l'histoire.Le mystère a 30.000, 40.000, 60.000 vers; il se joue en plusieurs journées, le plus souvent dans l'après-midi dudimanche, et une semaine s'écoule entre deux parties.

Les personnages sont au nombre de 100, 200, 500, sanscompter d'innombrables figurants : il semble, en certains cas, qu'une moitié de la ville se soit chargée d'amuserl'autre.

— Il n'y a d'unité que celle du sujet, dont le développement est imposé par la tradition; les scènes sesuccèdent et se juxtaposent.

— L'action, sublime en soi, est sans cesse coupée ou traversée par des épisodesgrotesques, simplement pour amuser la foule; il y a là, pour une foi éclairée, profanation et sacrilège.

— Enfin, laplupart des mystères sont écrits avec une déplorable facilité; la versification en est aisée, parfois savante; mais ledialogue y tourne au bavardage et le style ne caractérise que rarement les personnages.Cependant, on ne saurait nier que les mystères aient offert un spectacle de nature à exciter au plus haut degré lessentiments les plus divers.

Les auteurs, incapables d'unité puissante, eurent l'art de varier les scènes selon le goûtde leur temps.

L'allégorie majestueuse, la simplicité évangélique, le merveilleux touchant ou diabolique, les épisodesd'un réalisme pittoresque ou horrible, alternent non sans incohérence, mais de manière à réveiller sans cessel'attention de la foule.

Enfin, tous ceux qui ont lu attentivement la Passion de Gréban et celle de Jean Michel saventqu'on y rencontre, avec des inventions dignes des grands dramaturges, quelques morceaux, couplets ou dialogues,d'une venue vraiment heureuse.

Les Confréries.

— Le mystère demandait une troupe considérable et le moyen âge ne connaissait pas les acteurs deprofession.

On dut s'adresser à toutes les bonnes volontés et à toutes les vanités.

Le clergé, la bourgeoisie, lescollèges, les corps de métiers, le bon peuple même, fournissaient ou des acteurs ou des figurants.

Ces associations,d'abord transitoires, s'organisèrent à Paris et en province.La plus célèbre de toutes, la seule qui ait droit à une place dans une histoire du théâtre au moyen âge, est laConfrérie de la Passion, qui reçut en 1402 des lettres patentes de Charles VI.

Cette confrérie avait le monopole desMystères pour la capitale.

D'abord établie à l'hôpital de la Trinité, près la porte Saint-Denis, puis en 1539 à l'hôtel deFlandre, rue Coq-Héron, elle se transporta en 1548 à l'hôtel de Bourgogne, rue Mauconseil, au moment même où leParlement interdit les représentations des mystères sacrés.Ces acteurs volontaires n'avaient ni moins de zèle ni moins de prétentions que des comédiens de profession.

Lepublic, comme aujourd'hui, les connaissait et les applaudissait.

Certains rôles étaient d'une longueur effrayante, etsouvent dangereux; on cite l'exemple d'un Judas qui dut être « hâtivement dépendu et emporté en aucun lieu pourêtre frotté de vinaigre ».Les femmes ne jouaient dans les mystères qu'à titre exceptionnel, et presque toujours des rôles muets; d'ordinaire,les rôles féminins étaient attribués à des jeunes gens. Les représentations.

La mise en scène.

Les décors.

— Plusieurs semaines avant la représentation, les confrères dela ville, ou l'association temporaire créée pour la circonstance, faisaient faire un cry, ou proclamation solennelle,destinée à annoncer le prochain jeu, à provoquer des dons en argent et en costumes, à solliciter le zèle d'acteursvolontaires.

Un cortège, précédé de trompettes, composé de hérauts à cheval, des entrepreneurs du mystère, desprincipaux bourgeois, parcourait la ville et s'arrêtait aux carrefours, où le crieur juré donnait lecture du cry.

Souventaussi, quelques jours avant la représentation, la troupe en costumes défilait à travers les rues de la ville : c'était lamontre.Le théâtre se composait d'un espace plan (solier), analogue à notre scène actuelle, mais très vaste, et, sur ceplancher, étaient disposées, un peu en retrait, les mansions (maisons) ou petites constructions indépendantes, pourque les acteurs pussent librement circuler de l'une à l'autre, et qui étaient autant de lieux : selon le moment del'action, les personnages se groupaient devant telle ou telle mansion.

Le paradis était situé au-dessus des mansions,souvent de côté, sur une sorte d'estrade et l'enfer était, pour ainsi dire, dans le sous-sol : par une grille onapercevait les damnés au milieu des flammes, et les diables sautaient sur la scène par une gueule de dragons'ouvrant et se fermant comme une trappe.Ces mansions étaient fort nombreuses.

Une miniature, en tête de la Passion de Valenciennes (1547), présente leslieux suivants (de gauche à droite par rapport au spectateur) : le paradis, une salle, Nazareth, le Temple, Jérusalem,un palais, la maison des évêques, la porte dorée, la mer, les limbes, l'enfer.

Une porte dans un pan de mur suffisait àfigurer Nazareth ou Jérusalem; un bassin carré, plein d'eau, sur lequel flottait un petit bateau, représentait la mer(lac de Tibériade), etc.

—Pour un mystère joué à Rouen, en 1474, les mansions étaient au nombre de vingt-cinq; onen a compté jusqu'à cinquante.Dans l'architecture de ces mansions, nulle recherche de couleur locale ni d'exactitude.

De même pour les costumes,qui étaient ceux du jour, plus riches et plus luxueux; les diables s'affublaient de grotesques et horriblesdéguisements.

Seuls, le Christ et la Vierge portaient la tunique longue, blanche, et le manteau bleu.Enfin, il est certain que les mystères comportaient des trucs et des machines, des apparitions, des ascensions, desincendies, des batailles, etc., le tout fort naïvement exécuté, mais suffisant pour satisfaire les spectateurs des myeet XVe siècles.Les principaux mystères.

— Il est d'usage de diviser les mystères en plusieurs cycles : 1° cycle de l'AncienTestament ; 2° cycle du Nouveau Testament (qui comprend La Passion d'Arnould Gréban et celle de Jean Michel);3° cycle des Saints ; 4° Mystères profanes.. »

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