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Le théâtre au XVIIIe (18e) siècle

Publié le 31/03/2012

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Le poids du passé.

La réussite des grands auteurs dramatiques de la période classique avait été non seulement littéraire, mais aussi professionnelle :grâce à Corneille, à Molière et à Racine, le théâtre avait gagné beaucoup d'argent. Ce n'est pas par hasard que la période d'équilibre de la profession avait coïncidé avec l'épanouissement des chefs-d'oeuvre dramatiques. Enhardi par l'indépendance que donne l'aisance. le théâtre allait pouvoir adopter une attitude critique devant les années déclinantes du XVIIe siècle. Il était normal que le gouvernement décidât de lutter contre ce danger et d'opérer une ponction sur la nouvelle source de richesse qui s'était créée. En outre Louis XIV vieillissant. en proie à des scrupules moraux et religieux. considérait le théâtre avec méfiance.

« Comédie-française apparaît également comme un fac­ teur de restriction.

Unique troupe autorisée à présenter le grand théâtre, elle ne fait connaître qu'une faible partie d'un répertoire devenu fort vaste, et sert trop rarement les auteurs vivants.

Ceux-ci peuvent avoir le sentiment que les morts suffisent.

On entrevoit ici comment une société crée ses auteurs -ou les empêche de se produire.

Dans le domaine de 1 'interprétation.

les traditions esthétiques sont également fort lourdes.

Pour ce que l'on appelle significativement la «haute» comédie comme pour la tragédie.

on veut avant tout la dignité, la noblesse, la mesure, la gravité.

bref une mise en scène statique.

relevée par une déclamation chantante.

extrêmement musicale, qui pouvait être belle dans son artifice.

Tous les grands comédiens du XVIII• siècle sans exception -Baron.

Mlle Lecouvreur, Mlle Gaussin, Mlle Clairon, Lekain et même Talma - ont tenté de s'évader de ce style et d'aller vers le naturel.

Mais leur public ne leur a pas permis d'aller plus loin.

et leur hardiesse nous paraîtrait aujourd'hui timide.

Le costume chinois de Mlle Clairon devait être, recom­ mande Voltaire, «assez français pour ne pas exciter le rire».

Si le costume.

la voix et le jeu aspirent sans cesse au naturel et n'y parviennent vraiment jamais.

c'est que cette aspiration toujours déçue entre en contradiction avec la technique imposée par l'esthéti­ que officielle.

Pour s'évader de cette prison.

il faudra créer.

par l'émotion ou par le comique.

de nouvelles formes théâtrales.

Le besoin d'émotion.

La technique dramatique reste, pour 1 'essentiel.

ce qu'elle était au siècle précédent.

Elle tolère pourtant quelques aménagements.

qui résultent de 1 'invasion. »

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