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Le symbolisme de l'espace dans Le Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes

Publié le 23/12/2019

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La prairie 

L'euphorie végétale qui s'observe dans les prés symbolise le paradis terrestre, mais offre des tentations dangereuses pour le héros. Dans la prairie où il découvre le peigne de Guenièvre (v. 1347), Lancelot s'abandonne à «toutes les joies» (v. 1466) et en oublie la réalité extérieure. Cette perte de la conscience risque de détourner le chevalier de sa mission. Le danger apparaît lorsque Lancelot rencontre, dans une autre prairie (v. 1634), une assemblée de chevaliers et de jeunes filles en train de se divertir et de danser «dans l'insouciance» (v. 1645). Chrétien de Troyes exploite ici un motif folklorique: la ronde magique, où le héros risque d'être entraîné sans pouvoir en ressortir, prisonnier d'un monde enchanté qui lui fait perdre la mémoire et oublier la quête de sa dame. Mais Lancelot n'est pas admis dans le cercle des joueurs. D'ailleurs, il se réserve pour le jeu de l'amour courtois, qui nécessite un espace protégé, réservé : le verger.

« Peuplée de nains maléfiques (v.

347), la forêt est le lieu de l'épreuve, où le héros est appelé à se surpasser.

Lancelot y affronte des adversaires gonflés d'orgueil (v.

1594) et sourds aux lois de la société.

Contre ces êtres remplis de déme­ sure, le chevalier, protecteur des faibles, assure la défense des femmes (v.

1602-1605).

La forêt favorise donc les ren­ contres avec l'ennemi, mais non les combats, qui nécessitent une vaste étendue.

Lalande Les combats se déroulent dans la lande, comme celle où Lancelot est invité à suivre le chevalier orgueilleux qui lui dis­ pute la possession d'une jeune fille (v.

1614-1615).

Dans le dernier affrontement entre Lancelot et Méléagant, la lande revêt une signification symbolique.

Cet ultime combat, où le bien l'emporte sur le mal.

se déroule dans un décor sacra­ lisé, dont la végétation rappelle les temps bibliques : Dans cette lande était un sycomore, qui ne pouvait être plus beau.

Il tenait une large place, environné tout en bordure d'un tapis d'herbe fraîche et belle, qui en toute saison était nouvelle.

Au pied du noble sycomore qui remontait au temps d'Abel, jaillissait une source claire.

(v.

6983-6991 ).

La présence de l'arbre de vie, et le rappel du meurtre d'Abel par Caïn 1 , accentuent la solennité de ce duel: le sang versé apparaît comme une condition nécessaire au salut de l'huma­ nité.

L'eau et la végétation évoquent le paradis retrouvé, l'immortalité des âmes après le sacrifice des corps.

La forêt et la lande fonctionnent donc pour le chevalier comme une invitation à s'arracher au cadre rassurant de la 1.

Dans le livre de la Genèse (Il et IV), l'arbre de vie, que Dieu plante au milieu du paradis, symbolise !'.immortalité; il s'oppose à l'arbre de la connaissance, dont Adam et Eve m,angent le fruit défendu et qui symbolise le péché.

Fils d'Adam et Eve, Caïn tue son frère Abel, dont il est jaloux: son crime est le premier de l'humanité.

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