Le Surréalisme
Publié le 17/01/2022
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Le mouvement « Surréaliste « date de 1924, juste après la première guerre mondiale, année lors de laquelle André Breton publia son « Manifeste au surréalisme «. Cette école a pour particularité de faire appel avant tout au rêve, à l'imaginaire, à la folie et à l'inconscient de chacun. La plupart du temps, un tableau surréaliste est une toile généralement figurative traduisant un rêve de son auteur, rompant ainsi avec le conformisme littéraire pour libérer le langage de toutes les entraves de la morale ou de la conscience. Ce mouvement artistique lutte de ce fait contre les valeurs reçues, libérant l'artiste du contrôle de la raison : rien ne doit être calculé. Les peintres représentatifs de ce mouvement sont Magritte, Ernst, Masson et Dali.
«
LA LITTERATURE DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES 611
refus ne s'arretait pas la, ce refus &ail avide [...]
ce refus portait [...] sur toute la sone des obliga-
tions intellectuelles, morales et sociales que de
tour cotes et depuis toujours nous voyions peser
sur l'homme d'une maniere ecrasante » (1).
On le
voit, ce ne sont pas seulement les conditions de
vie de l'homme qui sont mises en cause, mais
toutes les contraintes qu'une culture alienante
lui impose.
C'est l'homme qu'il faut changer.
Les precurseurs et les influences Ce &sir d'un changement absolu, les surrealistes
n'etaient pas les premiers a le formuler.
Breton
declarait en 1929 qu'« en matiere de revolte >>
ils n'avaient pas besoin d'ancetres; ils ne pou- vaient pourtant manquer de se reconnaitre dans
quelques figures exceptionnelles de la litterature.
A une culture rationaliste dont ils connaissaient
trop bien l'etroitesse et les sinistres effets, ils
se sont plu a opposer le merveilleux du roman
noir anglais et surtout l'ceuvre et la vie exem-
plaires du marquis de Sade.
Its reconnaissent
chez Nerval et les romantiques allemands leur
effort pour s'evader d'une vie fausse et pour faire
&border dans l'existence quotidienne le mystere
poetique.
« L'appetit spirituel » de Baudelaire
les touche et les audaces d'Apollinaire, mais les
influences les plus determinantes qu'ils recoivent
sont celles de Rimbaud, de Lautreamont et de
Jarry.
Pour ceux-la, la poesie a ate, non pas une
recherche artistique, mais une veritable « activite
de l'esprit >>, une vie authentique.
Jarry, confondu
avec son pore Ubu, propose aux surrealistes l'une
de leurs valeurs supremes, l'humour qu'un ami
de Breton dont l'influence fut grande, Jacques Vache, definissait comme « le sens de l'inutilito
theatrale et sans joie de tout, quand on sait ».
Rimbaud, le « voyant » qui pretendait forcer
les mysteres de l'inconnu par une vie veritable-
ment poetique, illustrait par avance l'ambition
des surrealistes.
Lautreamont leur apprenait
« que la poesie doit mener quelque part >> (2), it
fut leur idole.
Ces ecrivains revoltes apportaient aux surre-
alistes des exemples, indiquaient des voies qui
restaient a frayer.
Un savant allait cautionner et
renforcer leur desir de jeter bas une realite sou-
mise a une raison et une logique asservissantes.
Sigmund Freud, dont les travaux paraissent au
debut du siècle (L'interpretation des Keyes, 1899;
1.
Qu'est-ce que le surrealisme? (1934).
2.
Breton, Les pas perdus (1924) (recueil d'essais sur
Apollinaire, Jarry, Vache, etc.).
Dedicace plaisante de Paul Eluard a Dada
sur une page qui porte le titre : « Les neces-
sites de la vie et les consequences des rtes.
»
Trois essais sur la theorie de la sexualite, 1905),
leur revelait l'importance de l'inconscient, la
puissance des roves et des &sirs.
Andre Breton
et ses amis retrouvaient grace a la psychanalyse
« les pouvoirs originels de l'esprit », meme si leur
conception de l'inconscient et du rove peut sem-
bier plus proche des intuitions des romantiques
allemands que
des
decouvertes du
docteur
viennois.
Ce desk de retrouver un esprit 'there
de
contraintes culturelles,religieuseset
sociales
explique en partie aussi l'enthousiasme que les
surrealistes manifesterent pour les productions
des cultures exotiques, dites « primitives >>, et
suscita peut -titre les vocations ethnologiques de
Michel Leiris et d'Alfred Metraux.
L'experience de Dada Plus qu'un mouvement organise, Dada fut
un moment de crise qu'on peut approximative-
ment situer entre 1916 et 1921.
Des avant la
guerre, un etat d'esprit nouveau &ail apparu chez des artistes pour qui la recherche esthetique
n'etait qu'une forme d'insurrection.Arthur
Cravan, boxeur et
« deserteur de
dix-sept
nations », scandalisait le monde des arts en
publiant son tract Maintenant sur papier bou-
cherie.
Les revues Sic de Pierre Albert-Birot, Nord-Sud de Reverdy regroupaient les partisans
du modernisme le plus avance (cubisme, futu-
risme).
Aux Etats-Unis, lespeintres Francis
LA
LITTÉRATURE
DE
L'ENTRE-DEUX-GUERRES
611
refus
ne
s'arrêtait
pas là, ce refus était avide [ ...
]
ce refus
portait
[ ...
] sur
toute
la série des obliga
tions intellectuelles, morales et sociales que de
tous côtés et depuis
toujours
nous
voyions peser
sur
l'homme
d'une
manière
écrasante»
(1).
On
Je
voit, ce ne
sont
pas seulement les conditions de
vie de 1 '
homme
qui
sont
mises
en
cause, mais
toutes les
contraintes
qu'une
culture aliénante
lui impose.
C'est
l'homme
qu'il
faut changer.
Les
précurseurs et les influences Ce désir
d'un
changement
absolu, les surréalistes
n'étaient
pas
les premiers à le formuler.
Breton
déclarait en 1929
qu'«
en
matière de révolte
»
ils
n'avaient
pas
besoin
d'ancêtres;
ils ne
pou
vaient
pourtant
manquer
de se reconnaître dans
quelques figures exceptionnelles de la littérature.
A
une
culture rationaliste
dont
ils connaissaient
trop
bien 1 'étroitesse
et
les sinistres effets, ils
se
sont
plu à
opposer
le merveilleux du
roman
noir
anglais et
surtout
1' œuvre
et
la vie exem
plaires du
marquis
de
Sade.
Ils reconnaissent
chez Nerval et les
romantiques
allemands leur
effort
pour
s'évader
d'une
vie fausse et
pour
faire
déborder
dans 1 'existence quotidienne le mystère
poétique .
« L'appétit
spirituel
» de Baudelaire
les
touche
et les audaces d'Apollinaire, mais les
influences les plus déterminantes
qu'ils
reçoivent
sont
celles de
Rimbaud,
de
Lautréamont
et de
Jarry.
Pour
ceux-là, la poésie a été, non pas une
recherche artistique, mais une véritable
« activité
de
l'esprit»,
une vie authentique.
Jarry, confondu
avec
son
père
Ubu,
propose
aux
surréalistes 1
'une
de leurs valeurs suprêmes, 1
'humour
qu'un
ami
de Breton
dont
1 'influence fut grande, Jacques
Vaché, définissait comme
« le
sens
de l'inutilité
théâtrale
et
sans joie de
tout,
quand
on sait
».
Rimbaud,
le
«
voyant
»
qui prétendait forcer
les mystères de 1
'inconnu
par
une vie véritable
ment
poétique, illustrait
par
avance 1 'ambition
des surréalistes.
Lautréamont
leur apprenait
« que
la
poésie doit mener quelque
part
» (2), il
fut leur idole.
Ces écrivains révoltés
apportaient
aux surré
alistes des exemples, indiquaient des voies qui
restaient
à frayer.
Un
savant
allait cautionner et
renforcer leur désir de
jeter
bas
une
réalité sou
mise à
une
raison et
une
logique asservissantes.
Sigmund
Freud,
dont
les travaux paraissent
au
début
du siècle
(L'interprétation des rêves,
1899;
1.
Qu'est-ce
que le surréalisme?
(1934).
2.
Breton,
Les
pas
perdus
(1924) (recueil d'essais
sur
Apollinaire,
Jarry,
Vaché,
etc
.).
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plaisante
de Paul
Éluard
à Dada
sur
une
page
qui
porte
le titre
: « Les néces
sités
de la vie
et les conséquences des rêves.
»
Trois essais sur la théorie de la sexualité,
1905),
leur révélait 1
'importance
de 1 'inconscient, la
puissance des rêves et des désirs.
André
Breton
et ses amis retrouvaient grâce à
la
psychanalyse
« les pouvoirs originels de 1 'esprit
», même si leur
conception de 1 'inconscient et du rêve peut sem
bler plus
proche
des intuitions des romantiques
allemands
que
des découvertes du docteur
viennois.
Ce désir de retrouver
un
esprit libéré de
contraintes culturelles, religieuses et sociales
explique
en
partie aussi 1 'enthousiasme que les
surréalistes manifestèrent
pour
les productions
des cultures exotiques, dites
« primitives
»,
et
suscita peut-être les vocations ethnologiques de
Michel Leiris et
d'Alfred
Métraux.
L'expérience
de
Dada
Plus
qu'un
mouvement organisé,
Dada
fut
un
moment de crise
qu'on
peut approximative
ment situer
entre
1916 et 1921.
Dès avant la
guerre,
un
état
d'esprit
nouveau était
apparu
chez des artistes
pour
qui
la
recherche esthétique
n'était
qu'une
forme d'insurrection.
Arthur
Cravan, boxeur et
«
déserteur de dix-sept
nations
»,
scandalisait le monde des arts eri
publiant
son
tract
Maintenant
sur papier bou
cherie.
Les revues
Sic
de
Pierre
Albert-Birot,
Nord-Sud
de Reverdy regroupaient les partisans
du modernisme le plus avancé (cubisme,
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risme).
Aux États-Unis, les peintres Francis
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