Le style homérique
Publié le 05/09/2018
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Ulysse, enfin, symbolise à la fois l’homme qui a besoin de ses racinespour vivre heureux, d’où sa nostalgie d’Ithaque, et l’individu aux prises avec un destin hostile qu’il doit maîtriser avant de voir ses vœux réalisés. En dernier lieu, on peut se demander si cette épopée n’est pas aussi œuvre de réflexion qui s’interroge sur l’au-delà et le sens à donner à la vie. N’est-ce pas le cas avec la descente aux Enfers que l’on peut concevoir comme une initiation dispensée par les morts illustres que sont Agamemnon et Achille ? Ainsi, jeune ou adulte, chacun se reconnaît en l’un des protagonistes et trouve nourriture à sa faim. Cependant, la Bible connaît une notoriété égale, sinon supérieure à celle du récit d’Homère. Sans en analyser les raisons avec précision, relevons tout de même une ressemblance tout à fait évidente : les dieux ou Dieu sont au creux de chacune de ces deux œuvres. Tandis que Dieu se veut parfois cruel dans l’Ancien Testament, puis bon, aimant et voué au pardon dans le Nouveau, les divinités qui siègent sur l’Olympe ont des caractéristiques étonnamment similaires, dans la mesure où certains incarnent l’aide comme Athéna, et d’autres l’obstacle inébranlable, tel Poséidon qui refuse de voir le retour d’Ulysse à Ithaque. Dès lors, ne pourrions-nous pas qualifier L’Odyssée de seconde Bible, dédiée cette fois aux Grecs, tant elle renferme les trésors des anciennes croyances, et la magie du surnaturel en action sur terre ?
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Voici un exemple de passage purement narratif,
qui rend compte des croyances grecques dans toute leur complexité ; car les dieux, en plus d’avoir des attributs
qui leur sont propres – ainsi Hermès le dieu messager a la baguette d’or–, quittent l’Olympe afin de tisser des liens
étroits avec les mortels, et le plus souvent, ravir les conjoints des uns et des unes.
Pendant son périple, Ulysse
aura d’ailleurs l’occasion de goûter aux charmes de la belle Circé, de subir le dangereux chant des Sirènes, de
s’enfuir de la grotte du Cyclope Polyphème, fils de Poséidon, et de visiter les Enfers, avant même de mourir ! La
pensée des Grecs de l’Antiquité est donc ici peinte dans toute sa splendeur.
Nous observons aussi l’art du récit,
puisque ce qui pourrait n’être qu’un handicap constitue en réalité un avantage certain.
Ainsi les aventures vécues
par Ulysse lui font découvrir des terres inconnues aux produits aussi mystérieux que la fleur de Lotos, fréquenter
des personnages tantôt repoussants (Polyphème, les Lestrygons), tantôt innocents et d’une fraîcheur candide
(songeons à Nausicaa qui accueille Ulysse après son naufrage), voire envoûtants parce que séduisants mais
dangereux, telle Circé l’empoisonneuse.
Les épisodes s’enchaînent alors à l’intérieur même des chants à un
rythme si rapide que le lecteur peine à se souvenir de la trame narrative exacte.
Précisons d’autre part que nous
assistons à une mise en abyme dans
cette épopée, puisque les aèdes content tout au long du récit des histoires telle que la guerre de Troie remportée
grâce à la construction ingénieuse du Cheval de Troie, idée d’Ulysse.
Les dieux qui interviennent constamment
dans la vie des humains ajoutent la touche finale en insérant dans ce flot d’aventures un registre merveilleux
(Athéna prend diverses apparences selon les besoins du moment) et donnent une explication mythique à tout ce
qui relève de l’irrationnel en même temps qu’ils jouent le rôle traditionnel d’adjuvants ou d’opposants dans la quête
du héros.
Le poème tout entier repose donc sur une complémentarité qui nous fait passer sans arrêt d’un registre à
l’autre, d’un monde à l’autre.
Enfin, nous retiendrons le caractère profondément humain du récit.
Les héros qui sont
mis en scène sont en effet des types universels qui rencontrent un écho en tout lecteur.
Ainsi, Télémaque part à la
recherche de son père comme un fils qui ne peut construire son identité sans rien savoir de qui l’a mis au monde ;
Pénélope incarne la femme idéale qui, en dépit du harcèlement dont elle est la victime de la part des prétendants,
reste fidèle à son mari dont elle attend le retour pendant vingt ans, sans cesse la proie de la tristesse (« elle
pleurait Ulysse, son cher époux » nous dit le
chant I) ; Ulysse, enfin, symbolise à la fois l’homme qui a besoin de ses racines
pour vivre heureux, d’où sa nostalgie d’Ithaque, et l’individu aux prises avec un destin hostile qu’il doit maîtriser
avant de voir ses vœux réalisés.
En dernier lieu, on peut se demander si cette épopée n’est pas aussi œuvre de
réflexion qui s’interroge sur l’au-delà et le sens à donner à la vie.
N’est -ce pas le cas avec la descente aux Enfers
que l’on peut concevoir comme une initiation dispensée par les morts illustres que sont Agamemnon et Achille ?
Ainsi, jeune ou adulte, chacun se reconnaît en l’un des protagonistes et trouve nourriture à sa faim.
Cependant, la
Bible connaît une notoriété égale, sinon supérieure à celle du récit d’Homère.
Sans en analyser les raisons avec
précision, relevons tout de même une ressemblance tout à fait évidente : les dieux ou Dieu sont au creux de
chacune de ces deux œuvres.
Tandis que Dieu se veut parfois cruel dans l’Ancien Testament, puis bon, aimant et
voué au pardon dans le Nouveau, les divinités qui siègent sur l’Olympe ont des caractéristiques étonnamment
similaires, dans la mesure où certains incarnent l’aide comme Athéna, et d’autres l’obstacle inébranlable, tel
Poséidon qui refuse de voir le retour d’Ulysse à Ithaque.
Dès lors, ne pourrions-nous pas qualifier L’Odyssée de
seconde Bible, dédiée cette fois aux Grecs, tant elle renferme les trésors des anciennes croyances, et la magie du
surnaturel en action sur terre ?.
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