« Le Savetier et le Financier, disait Voltaire, les Animaux malades de la Peste, le Meunier, son fils et l'âne, etc., tout excellents qu'ils sont dans leur genre, ne seront jamais mis par moi au même rang que la scène d'Horace et de Curiace, ou que les pièces inimitables de Racine, ou que le parfait Art Poétique de Boileau, ou que le Misanthrope ou que le Tartufe de Molière. » « Voltaire peut-être a raison, et pourtant la postérité ne se pose point la question de la sorte; elle ne rech
Publié le 10/02/2011
Extrait du document
...
«
fabuliste avait de familier, de spontané, de gaulois, ne pouvait que choquer Voltaire, qui, de plus, est arrêté dansson admiration par le préjugé du genre.
D'autre part, Sainte-Beuve, dans les Causeries du Lundi (dont le premier tome parut en 1852) est revenu auclassicisme : plus qu'un critique érudit, c'est un honnête homme et un humaniste, qui, rebelle à tout dogmatisme, semontre accueillant à toutes les formes de l'art.
Son admiration pour Molière ne fera que grandir dans son œuvre.Quels sont donc les critères qui doivent nous servir à apprécier nos grands classiques et la littérature en général?Tel est le fond de la question.
3) Le plan.
On conçoit donc aisément trois parties :
a) Explication et examen de l'opinion de Voltaire :
— les classiques en général;
— chacun des auteurs dont il est question dans la citation;
— Voltaire conclut à l'infériorité relative de La Fontaine.
b) Explication et examen de l'opinion de Sainte-Beuve :
— à propos de la façon de juger de Voltaire;
— comment il faut juger nos grands classiques;
— Sainte-Beuve met La Fontaine sur le même plan qu'eux.
(Ici il conviendra d'insister bien plus longuement sur ce qui rapproche La Fontaine de Racine, de Corneille, etc.)
c) La position respective de Voltaire et de Sainte-Beuve :
— Qui des deux inspire aujourd'hui notre manière de juger et d'apprécier?
— L'enseignement de Sainte-Beuve.
Plan développé
Introduction.
La fortune des grands auteurs est d'une étonnante plasticité : à travers les fluctuations de leur renommée, chaqueépoque les reconstruit, modèle de nouveau leur visage.
Le contenu de leurs œuvres n'est jamais épuisé, même quand celles-ci se présentent sous une forme lapidaire etavec une facture si parfaite que rien ne semble donner prise à l'imprécision et au hasard de l'interprétation.
Nous voici en présence de deux jugements : l'un presque d'un contemporain de Racine, de Boileau, de La Fontaine —Voltaire est né en 1694 — d'un homme qui s'affirme l'héritier et le continuateur du classicisme, notamment enmatière de critique littéraire; l'autre du plus grand de nos critiques du XIXe siècle, qui, après avoir partagél'enthousiasme des Romantiques, évolue assez rapidement vers un classicisme élargi.
Sainte-Beuve, d'ailleurs, asouvent jugé Voltaire, et, d'après lui, le Temple du Goût est à refaire.
Transition.
Examinons d'abord, de façon documentaire et impartiale, l'opinion de Voltaire.
I.
— Voltaire et l'époque classique1
i.
Voltaire, les grands classiques et La Fontaine.
a) Corneille: pourquoi Voltaire ne retient-il qu'une seule scène? C'est qu'il a des réserves extrêmement importantes àfaire à propos de l'œuvre du grand tragique.
Le Commentaire sur Corneille (1764) est plein d'acrimonie; il estd'ailleurs fait, en grande partie, de remarques grammaticales et stylistiques.
Dans la composition et la successiondes scènes, Voltaire admire surtout l'homme de métier, gêné cependant par un art étriqué et trop méticuleux.
Maissurtout, Corneille est trop inégal (défaut capital pour un classique), « tantôt dieu, tantôt cheval de carosse »; sesdernières tragédies surtout sont trop inférieures à son génie.
Dans une lettre à Helvétius, l'auteur du commentaireécrit : « Corneille ne doit pas se permettre de faire un faux pas.
».
»
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