Le salut, le tome 3 des Mémoires de guerre de Charles de Gaulle, constitue-t-il une oeuvre ?
Publié le 02/06/2012
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Les deux premiers tomes des Mémoires de guerre, "L'appel" et "L'unité" couvrent respectivement les périodes 1940-1942 et 1942-1944. Le troisième et dernier tome, "Le Salut" retrace les années 1944 à 1946. "Le salut" appartient à trois genres littéraires différents : les mémoires, l'épopée et le texte argumentatif. Il relate la naissance d'une nation, la France, il est donc a priori empreint de vérité. Cependant, on peut donc se demander si ""Le salut", tome 3 des Mémoires de guerre de Charles de Gaulle constitue une œuvre de vérité". D'une part, "Le salut" est une œuvre historique qui reprend des faits réels avec une précision marquante. D'autre part, ce n'est pas une œuvre de complète vérité en ce sens que de nombreux éléments sont subjectifs.
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D'autre part, ce n'est pas une œuvre de complète vérité en ce sens que de nom breux
éléments sont subjectifs.
Tout d'abord, Charles de Gaulle est partial dans son récit, et cela est
particulièrement remarquable à travers les portraits.
En effet, il est capable de faire l'éloge de
ministres comme Pleven ou même d'Eisenhower bien qu'il ait des désaccords avec lui sur certains
points.
De même, il est capable de faire preuve d e beaucoup d'ironie notamment à propos de
Staline, qui est tout de même surnommé "l'ogre" et d'accentuer l'aspect caricatural du dictateur par
le biais des trente toasts que porte le dirigent à ses hommes.
Mussolini est également blâmé à cause,
entre autres, de son audace, son orgueil et son ambition.
Hitler est quant à lui comparé à Moloch.
Enfin, Lebrun est ridiculisé, lors de son départ, et ce , dès la première sous -partie de l'œuvre, il dit de
lui : "Au fond, comme chef de l'Etat, deux choses l ui avaient manqué : qu'il fût un chef ; qu'il y eût un
Etat".
En outre, l'œuvre toute entière est le point de vue d'un général et d'un homme d'Etat qui
défend ses opinions.
Pour preuve, lors de son départ et avant le premier référendum, il est en conflit
avec tous les autres partis politiques, et même avec certains de ses anciens partisans , il n'est plus
défendu comme il l'attendait.
C'est notamment le thème de "Discordances".
Il explique cela, et
expose ses idées et ses opinions sur les autres personnages politiqu es de l'époque.
Blum, Herriot et
Marin sont considérés par de Gaulle comme des traitres en quelques sortes et surtout comme des
égoïstes qui pensent avant tout à leur propre intérêt plus qu'au besoin de la France.
L'auteur critique
en permanence les commun istes car il ne supporte pas "la servitude" de la France par rapport à
l'URSS bien qu'il fasse à un moment donné l'éloge de Thorez puisque l'homme lui accorde son
soutien et sa confiance quant à la gestion du pays.
Il dévoile par moment son ressenti lorsqu 'il
découvre les villes allemandes en ruines, il "sen(t) (s)on cœur d'européen se serrer", il est envahi de
"désespoir" à l'annonce des bombardements atomiques au Japon.
De surcroit, le point de vue adopté est aussi et surtout celui de la France.
C'est l e point de
vue de l'Etat français sur la France et sur les relations internationales.
De Gaulle défend avant tout la
France et l'opinion générale du pays, c'est pourquoi il refuse la reconnaissance du Comité de Lublin,
qu'il expose sa stratégie dans les Ba lkans.
Il veut "avoir les mains libres vis -à -vis des alliés" et
défendre "son intérêt et celui du genre humain".
Il négocie au nom de la France dans les conférences
comme à Potsdam.
L'auteur qualifie même ces négociations de "Kriegspiel".
"Le salut" n'est donc pas
impartial, ce n'est pas une œuvre de vérité absolue en ce sens où c'est la vérité selon de Gaulle.
Il
revendique d'ailleurs sa vision de l'Etat, il veut une rupture avec la III
ème République.
Cette œuvre est
un texte argumentatif , il cherche à persuader le s français.
Le GPRF à la tête duquel il est, va mettre
en place des réformes.
Il mène une politique d'Etat, cependant, c'est sa vision de la politique, ses
convictions, et ses opposants ne sont pas nécessairement d'accord avec lui.
Enfin, le t ome 3 de Mémoires de guerre comporte des éléments mis en avant dans le but
d'une glorification, de l'Etat, de Charles de Gaulle, de la résistance.
En effet, de Gaulle met l'accent
sur la résistance allemande pour accroitre la gloire des soldats français.
D e même, l'image montrée
de la France à l'étranger est celle d'une France forte et résistante, qui sait ce qu'elle veut, qui veut
gagner la guerre, reconquérir son honneur, mais qui veut aussi et surtout un équilibre mondial en
œuvrant pour la paix.
L'accen t est de plus mis sur le résistancialisme, ce n'est donc pas une vision
très objective, tous ne se sont pas battus contre l'ennemi allemand.
Le chef d'Etat se désigne lui -
même comme un "sauveur", comme "le champion de la France".
Par ailleurs, il personnifie la France
à deux reprises afin de montrer sa grandeur et sa volonté de rétablissement, de salut..
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