Le Rouge et le Noir (Stendhal) : le personnage de Julien Sorel
Publié le 28/02/2012
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1- Un héros romanesque :
Cf inspiration de deux affaires de mœurs : l’affaire Berthet qui remonte à 1827 et eut pour cadre le Dauphiné et l’affaire Lafargue, située dans les Pyrénées, relatée dans la Gazette des tribunaux en 1829.
L’ébéniste Lafargue bénéficia des circonstances atténuantes et fut condamné à 5 ans de prison. Berthet, ancien séminariste, précepteur des enfants de Madame Michoud, femme d’un magistrat de Grenoble, ami de Stendal tenta d’assassiner sa maîtresse et fut conduit à l’échafaud. Il fut guillotiné à Grenoble en 1828.
Ces deux hommes ont offert à Stendhal l’exemple d’une même frustration sociale, d’une même ambition de réussir contrecarrée par la société figée de la Restauration.
«Détails de l’exécution et des derniers moments de Louis Jenrel, exécuté à Besançon, le… (…) Pauvre malheureux, se dit Julien, et son nom finit comme le mien. (…) En sortant Julien crut voir du sang dans le bénitier, c’était de l’eau bénite qu’on avait répandue : le reflet des rideaux rouges qui couvraient les fenêtres la faisait paraître de sang. Julien eut honte de sa terreur secrète. « Serai-je un lâche ? se dit-il, Aux armes ! ««. Louis Jenrel est l’anagramme de Julien Sorel.
«
Il se laisse éblouir par les honneurs, le luxe, l’élégance : lors de la visite du roi, au bal de M.
de Retz, face au
prince Korasoff, par le chevalier de Beauvoisis, il est grisé par son titre de lieutenant et son bel uniforme à la
fin.
« Julien était ivre d’ambition et non de vanité (…).
A peine lieutenant (…) il calculait que pour commander
en chef à trente ans, il fallait être plus que lieutenant à vingt trois.
Il ne pensait qu’à la gloire et à son fils »
(II, 35)
« (…) elle aperçut la figure d’un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de
pleurer.
(…) Mme de Rênal eut d’abord l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée qui venait
demander quelque grâce à M.
le maire.
Elle eut pitié de cette pauvre créature(…) » (I, 6)/ « Le quinzième
régiment de hussards, l’un des plus brillants de l’armée, était en bataille sur la place d’armes de Strasbourg.
Monsieur le chevalier de La Vernaye montait le plus beau cheval d’Alsace (II, 35): entre les deux situations
29 chapitres et le récit d’un apprentissage.
Charpentier puis précepteur puis secrétaire particulier d’un aristocrate, il possède une rente de 10000 mille
livres, des terres en Languedoc, un brevet de lieutenant des hussards et un titre, chevalier de La Vernaye
Il a appris à tricher, à s’habiller, à danser, à se battre…
5- Un héros à part
Différent de son père et ses frères
« chien de lisard » (Ch.
V)
Un intellectuel il lit : Le mémorial de Sainte-Hélène , I, 4, Les Confessions de Rousseau au I, 5, le Nouveau
testament ,Du pape de M.
de Maistre, la Bible , I, 6; II,10, il cite Les Géorgiques de Virgile, il parle avec
Mathilde de d’Aubigné, de Brantôme / péripéties de l’abonnement chez le libraire de verrières/ lectures
secrètes au séminaire/ soirée chez l’archevêque et cadeau des livres de Tacite/ séjours dans la bibliothèque
du marquis II, 2
Cette éducation l’isole des autres habitants de verrières
Il refuse toutes les possibilités de fortune qui ne prouvent pas sa vertu : les propositions de Fouqué/les
propositions de l’abbé Pirard/le mariage et les millions de Korasoff
Il refuse le modèle de vie présenté par les riches de Verrières
Il oppose à l’argent et à la vanité l’énergie, le courage, l’exemple des grands héros de le Révolution et
Napoléon, l’estime de soi, le sens de l’honneur et du devoir
6- Un héros inscrit dans son siècle
Il rejoint des héros déjà décrits par d’autres auteurs et reflet de l’existence de la jeunesse sous la
restauration
Les jeunes représentent un menace de retour à la tourmente révolutionnaire
7- Un héros amoureux ?
Avec Madame de Rênal
Il est séduit par Madame de Rênal parce qu’elle est socialement supérieure à lui.
Il est aussi attiré par elle sentir son parfum/baiser sa main
Il rationalise son désir : obtenir les faveurs de Madame de Rênal est avant tout remporter une victoire
sociale « son amour était de l’ambition ; c’était la joie de posséder, lui pauvre être malheureux et si méprisé,
une femme aussi noble et aussi belle » « le rang de sa maîtresse semblait l’élever au-dessus de lui-même »
« Elle a beau être noble et moi fils d’ouvrier, elle m’aime »
Le rôle de séducteur lui pèse « jamais il ne s’était imposé une contrainte plus pénible »
Avec Mathilde
1ère rencontre : « que cette grande fille me déplaît »
Mais elle fait l’admiration des autres hommes donc il s’interroge.
Mathilde est désirable parce qu’elle est
désirée par d’autres.
Sa possession est un plaisir parce que elle est un triomphe sur ces autres qui ont sur lui
l’avantage de la naissance et de la fortune.
Elle lui permet d’avoir de lui une image flatteuse.
D’où son regard peu amène sur lui quand elle dédaigne : « elle avait connu son peu de mérite ; en effet j’en
ai bien peu »
Il cristallise sue Mathilde tous ses rêves de succès et quand elle le dédaigne il ressent de nouveau son néant
social.
»
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