Le roman ? Simple histoire racontée ou oeuvre d'art ?
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
Introduction.
• Vaste public du roman ; multiplicité des romans.
• Mais représente souvent, malgré concurrence du cinéma et de T.V. : fiction, divertissement, évasion, d'où toute une sous-littérature romanesque (policiers, aventure, science-fiction, amour...).
• Public fait cependant un succès grandissant aussi aux témoignages vécus ; cf. Le Cheval d'orgueil de P.-J. Hélias, mais présentés avec romanesque.
• Quant au « nouveau roman « qui ne touchait que des intellectuels, son naufrage partiel prouve qu'il faut au roman une large adhésion du public, qu'il faut tenir compte de son exigence première : le bonheur de lire « une histoire «, véridique ou fictive...
• Mais ce serait une grave erreur de ne voir en « l'écriture « du roman qu'« un moyen «...
• L'art, dont l'écriture est un élément de base et un des buts, est essentiel dans et pour un bon roman.
• Annonce du plan.
«
• Si nous éliminons la production romanesque et fantastique pure, il est certain que, depuis Balzac surtout, le romanpart de la réalité.
• Balzac veut « faire concurrence à l'état civil », Stendhal « promène un miroir le long d'un chemin », les réalistesavec Flaubert, les naturalistes avec Zola désirent peindre et reproduire fidèlement «la morne réalité» (Flaubert),n'hésitent pas à utiliser le fait divers et à enrichir l'œuvre d'une documentation vécue (les Goncourt dans les sallesd'hôpitaux, Zola dans la mine ou sur une locomotive...).
• Peindre le réel est pour eux peindre la réalité concrète.
• Représenter la vie, c'est représenter la vie quotidienne, commune.
• Il faut créer « la plus vive impression du vrai humain » (Goncourt) :
- petites gens de Paris dans Scène de la vie de bohème de Murger ;
- une petite provinciale ; l'épaisse lourdeur du médecin de campagne, Charles Bovary ; la bêtise prétentieuse dupharmacien Homais dans Madame Bovary, de G.
Flaubert.
• A.
Daudet saisissait la réalité sur le vif, telle quelle, un carnet à la main : coin de banlieue misérable, silhouetteslamentables, êtres ridicules, propos pleins de banalité sont transcrits à la lettre.
• Depuis Balzac, le romancier veut concurrencer Dieu, il veut faire vivant, contraindre pour ainsi dire son héros à sedresser d'entre les pages de son livre.• Collection minutieuse de notes et de documentation de Flaubert, des Goncourt.
• Réaction contre une certaine superstition de la noblesse ou de la dignité du sujet, d'où on n'hésite pas devant lelaid, le trivial, même le grossier, parce qu'ils sont dans la réalité (Zola).
• Peut-être pousse-t-on jusqu'à l'excès, mais on est dans la ligne des grands créateurs tel Balzac, qui écrit dansFacino Cane : « J'allais observer les mœurs des faubourgs, ses habitants, et leurs caractères.
» Son regards'attarde aux plus minces réalités concrètes.
Il veut une observation scientifique, être le « naturaliste de la société», le nomenclateur des professions et des conditions, si bien que La Comédie humaine est le fidèle miroir de la viefrançaise sous la Restauration et sous la monarchie de Juillet.
• Tous les successeurs de Balzac voudront être ses émules, écrire « la vérité, l'âpre vérité » (Stenhal), « faire desétudes sur le vrai, le vif, le saignant » (Goncourt) ou une « photographie de la vie » (Maupassant).
• Peut-on alors encore parler d'une histoire et d'un «flot romanesque » qui « porte le lecteur » (Robbe-Grillet) ?
IIe Partie : Roman = œuvre d'art?
• N'est-ce pas là que s'affirme le fait qu'un roman digne de ce nom est essentiellement « œuvre d'art » et que làprécisément réside sa complexité?
• C'est d'abord dans le cas du « roman-tranche de vie » que le phénomène est particulièrement visible car :
• Comment de cette réalité - souvent sans attrait - faire réalité d'art?
• Le romancier doit à la fois respecter le réel, l'enregistrer impartialement et faire pourtant œuvre d'art.
• Maupassant constate dans la Préface de Pierre et Jean qu'une « photographie banale de la vie » est impossible etsans intérêt pour l'artiste.
L'artiste doit « donner [de la vie] la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même.
»(Idem.)
• Ce dessein suppose un choix dans la multiplicité du réel, un art de mettre en relief les détails caractéristiquesutiles au sujet, donc une vision personnelle plus vraie que la vérité.
• Comme dans la vie tout est sur le même plan, l'insignifiant et le caractéristique, l'artiste doit de la masse du réel,trier et organiser « suivant l'importance [des détails], pour produire la sensation profonde de la vérité spéciale qu'ilveut montrer.
» (Maupassant.)
• « Faire vrai consiste donc à donner l'illusion complète du vrai, suivant la logique des faits, non à les transcrireservilement dans le pêle-mêle de leur succession.
» (Idem.)
• Donc le culte de l'Art passe avant la réalité matérielle : « l'artiste ne peut pas être un vil copiste.
» (Idem.).
»
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