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Le roman sentimental - Histoire de la littérature

Publié le 25/01/2018

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Le roman sentimental

 

Sous cette dénomination nous rangeons assez arbitrairement des romans qui diffèrent par le sujet et par la forme, mais qui ont pour objet la peinture et l'analyse des sentiments plutôt que la description des mœurs et de la société. Plusieurs d'entre eux, continuant la nouvelle tragique du xvSe siècle et s'inspirant de Prévost, font la transition entre La Princesse de Clèves et La Nouvelle Héloïse. Subissant d'abord l'influence de Richardson, puis celle de Rousseau, le roman sentimental, devenu << roman sensible » à son degré extrême, se développera encore plus dans le dernier tiers du siècle. Nous citerons à titre d'exemple les Mémoires d'une fille de qualité retirée du monde (1742), attribués à Guillot de la Chassagne : la narratrice assure que ses aventures ne sont pas celles de ces << âmes assoupies sans ressort et sans feu >> qui ne vivent que sous l'impulsion d'autrui; elle est au contraire de ces personnes << pour qui il naît une passion à chaque pas, en qui les situations les plus vulgaires savent créer une âme nouvelle, et qui, pour intéresser des lecteurs, n'ont qu'à rappeler leurs mouvemens >>; c'est là tout l'objet de ses mémoires : << mes aventures n'ont rien que d'ordinaire, mon cœur seul a fait mon roman, aussi n'est-ce que son histoire que j'entreprens >>, histoire malheureusement sèche et pauvre, où il manque l'accent intime qui intéresserait vraiment le lecteur; après deux déceptions sentimentales, ayant compris << la corruption des hommes >> qui ne cherchent que leur plaisir et dont les plaisirs << sont toujours criminels >>, l'héroïne renonce sans doute à aimer, sans nous dire ce qu'elle est devenue; Les Époux malheureux, de Baculard d'Arnaud (1745) sont inspirés d'un événement réel, le procès de l'avocat La Bédoyère contre ses parents qui voulaient faire casser son mariage avec l'actrice Agathe Sticotti : << Hélas ! qu'on est malheureux d'avoir un cœur sensible ! >> s'écrie le héros; Les Confessions d'un fat, par le chevalier de Bastide (1749), sont composées sur le schéma des Confessions du Comte de ... (par

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« Duclos, 1741) et pourraient être rangées dans la même catégorie qu'elles si la satire des mœurs y était plus vive : un petit-maître méchant qui ne cherche qu'à déshonorer des femmes peu honorables découvre , que le Ciel ne saurait interdire un tel mariage ; Les Cent N ouve/les nouvelles, de Mme de Go mez ( 17 33-1 739) entremêlent aux récits plaisants des histoires sentimentales qui empruntent aux romans baroques leurs grandes aventures et leurs grands sentiments ; Les Mémoires de Miladi B ...

, par Mlle de la Guesnerie, mériteraient au contraire une étude particuliè re; ils ont de l' originalité malgré des emprunts nombreux à Marivaux, à Prévost, à Mme Ricco­ boni (1760) 1; dès le début, on croirait lire une imitation de La Vie de Marian ne : par la vivacité de son ton, sa modestie, son refus de se présenter comme un écrivain, son désir de se prêter simplement à la curiosité d'une amie, la narratrice ressemble trait pour trait à l'hér oïne de Mariva ux; elle définit ainsi le caractère de son récit :. »

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