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Le roman historique et galant - Histoire de la littérature

Publié le 25/01/2018

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Hypolite, comte de Duglas, de Mme D'AULNOY (1690), donne un bon exemple de ce romanesque plus chargé que le romanesque classique, moins préoccupé de vraisemblance, en apparence plus généreux, en réalité plus relâché et moins moral. L'œuvre fut plusieurs fois rééditée; elle est bien caractéristique du roman sentimental de cette époque en ce qu'elle unit des hardiesses et du pathétique dans la psychologie à des traits dont l'extravagance n'a d'égale que la banalité. Élevés ensemble et se croyant frère et sœur, Hypolite et Julie éprouvent l'un pour l'autre une affection qui les épouvante quand ils reconnaissent en elle un amour inces­tueux; la vérité leur est révélée ensuite : Julie est une orpheline confiée aux parents d'Hypolite; mais ceux-ci ne veulent pas marier leur fils à une fille sans fortune, ils séparent cruellement les amoureux, interceptent leurs lettres, en fabriquent de fausses, forcent Julie à épouser l'odieux comte de Bedford. Avant que les deux jeunes gens soient réunis et mariés, ils connaîtront toutes sortes d'aventures qui prouvent combien la leçon de La Princesse de Clèves et de Dom Carlos a été peu entendue : Hypolite, parti à la recherche de Julie, est conduit par le hasard dans l'auberge même où elle a couché, dans la même chambre où elle a gravé avec un diamant sur une vitre un message à son bien-aimé; il découvre sa pré­sence en France dans un couvent où il s'introduit sous le personnage d'un artiste peintre qui veut faire le portrait de l'abbesse; rappelé en Angleterre par la mort de son père, il laisse Julie sans nouvelle, et elle croit qu'il a péri en mer; apprenant que son mari va venir la chercher, Julie s'enfuit du couvent; l'abbesse désemparée fait croire qu'elle est morte; Julie, réfugiée en Italie, se déguise en pèlerin, reçoit l'aide d'une Italienne, Mme de Becarelly, qui devient amoureuse de ce trop beau Silvio; Becarelly, furieux et jaloux, fait emprisonner sa femme et Silvio, les pour­suit en justice, excipe de sa qualité d'étranger pour obtenir que le jury soit composé moitié d'Italiens et moitié d'étrangers comme lui. Le jour du jugement est aussi le jour du dénouement : parmi les étrangers désignés comme juges figurent Hypolite et le comte de Warwick, le propre père de Julie, que l'on croyait mort, qui avait été prisonnier des corsaires et qu'Hypolite avait depuis longtemps retrouvé. En apercevant Hypolite, Julie-Silvio s'évanouit; en aper­cevant Julie, Hypolite pousse un cri et fait reconnaître sa fille au comte de Warwick; comble de surprise! Becarelly n'est autre que Bedford, qui s'était remarié en Italie, s'étant cru veuf. Le voilà criminel à son tour, et poursuivi pour bigamie! Il en mourra de chagrin; cette mort véritable après tant de

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« vérité et de la fable se répand dans une infinité de livres nouveaux, perd le goût des jeunes gens, et fait que l'on n'ose croire ce qui au fond est croyable )>, écrivait Bayle en 1697, à propos précisément de Mme de Villedieu 1• Bayle proteste au nom du bon sens et de la vraisemblance, mais en fait la vie elle-même déf e la vraisemblance : tout n'est pas vrai dans les Mémoires de la vie du comte de Grammont, tout n'est pas faux dans les Mémoires de M;L.C.D.R.

ou dans les Mémoires de M.

d'Ar tagnan; la même époque voit paraître Les Aventures de Télémaque, les· Contes de Perrault, Les Mille et une Nuits traduites par Galland, Les Illustres Fr ançaises de Chasles, les premières œuvres de Bordel on, Lesage, M;rrivaux ...

Si ce n'est pas une des grandes périodes de l'histoire du roman, ce n'est pas non plus une période de stérilité, comme on est parfois tenté de le croire, mais une période de bouillo nnement et de renouvellement.. »

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